Alors qu'on vient d'annoncer l'injection de la BCT d'un montant de 3.893 millions de dinars dans la première moitié de janvier 2012 afin de booster le financement des banques, des investisseurs et des sociétés, des voix protestataires se sont élevées au sein même de la banque, hier matin, mais vraisemblablement manipulées de l'extérieur. Temple indépendant et pilier de l'économie tunisienne, la Banque centrale devient, elle aussi, victime d'un effet raz-de-marée lancé par certaines personnes, incluses dans des affaires de corruption, pour semer le trouble et faire diversion sur plusieurs de leurs dossiers dans des affaires louches. D'ailleurs, il suffit de se rappeler ce mouvement de vents contraires qui touche depuis quelques temps plusieurs de nos banques, à l'instar de la STB (Société Tunisienne de Banque) puis de l'ATB (Arab Tunisian Bank). Est-ce un pur hasard? Aujourd'hui, on se prend à la Banque centrale ! Il faudra certainement piocher pour comprendre et ne jamais s'arrêter à un seul et unique son de cloche, car les cloches s'entrechoquent et leur tumulte devient assourdissant voire alarmant… Maintenant, on voudrait profaner la BCT et souiller ses dirigeants les taxant de régionalistes, d'ambigus et de contradictoires et dans les propos et dans les agissements. En deux temps trois mouvements, sauf que cette fois-ci, il ne s'agissait pas d'un seul sit-in mais bien de deux. Effectivement, hier, il y avait bien deux manifestations, une à l'intérieur organisée par le personnel et les syndicalistes de la BCT et une seconde à l'extérieur appelant au limogeage de gouverneur principal de la banque M. Mustapha Kamel Ennabli et de son adjoint, les jugeant de versatiles. Un double jeu auquel un observateur étranger n'aurait point pu discerner l vrai du faux, le légitime du comploté. Il faudrait relier les faits en remontant dans le temps pour se rendre compte que tout n'est pas un hasard et que ces mouvements de protestations « interactives »et successives au sein des banques n'est point le fruit d'une quelconque providence mais une trame bien tissée par ces fameuses forces occultes qui veillent à ternir l'image des honnêtes et entraver le sauvetage de l'économie du pays. Mais qui veut donc à ce point mal à notre Tunisie ? Là, c'est une autre paire de manche… Lors de la marche de protestation à l'intérieur de la BCT, ils étaient au nombre de 300 employés faisant partie du personnel de ladite banque, à avoir manifesté hier dans le hall. Parmi leurs objectifs c'était réclamer la restructuration administrative au sein de l'administration et l'assainissement de l'établissement de tous les symboles de la corruption appartenant à l'ancien régime. On soupçonnait aussi les hauts responsables de la banque de se taire quant à la présence toujours en vigueur des anciens eunuques du fameux parti politique RCD, alors qu'ils auraient dû déguerpir ou être limogés, voire même arrêtés et jugés. Par ailleurs, on se plait à dire que d'anciens vassaux de Ben Ali seraient de retour, Dieu seul sait pourquoi… Pour mieux comprendre ce qu'il en est, nous avons contacté sur place un membre du Syndicat principal de la BCT qui est aussi le Secrétaire Général Adjoint des associations bancaires. Le Temps : Pourriez-vous nous expliquer le pourquoi de la manifestation interne au sein de la BCT ? Je tiens d'abord à rappeler que les revendications des manifestants ne sont pas d'ordre matériel. En aucun cas nous faisons ce sit-in pour des augmentations salariales ou sociales. Ce que nous demandons c'est plutôt la restructuration de la banque et la réforme e tout le système administratif interne qui ne respecte pas l'échelonnement normal. En outre, nous réclamons le jugement des sbires de Ben li qui sont impliqués dans des affaires de corruption financière et qui, jusqu'à présent sont toujours là et travaillent au sein de la BCT. En d'autres termes, nous voyons qu'il est urgent d'assainir l'établissement des gens qui ont eu des rapports équivoques avec l'ancien régime. Même les directeurs généraux qui ont été accusés de corruption sont encore parmi nous ! Comment peut-on parler de redressement économique et se lamenter des 3 mille milliards qui ont été donnés, presque offerts aux Trabelsi sans arrêter et juger ceux qui ont commis ce crime envers la Tunisie ? L'argent n'est pas partie seule, il y a bien des médiateurs qui l'ont fait ! Ces derniers sont toujours là ! Avez-vous essayé d'en parler avec le gouverneur et son adjoint pour trouver une issue à tout ça ? En outre, depuis l'arrivée du gouverneur et de son adjoint, il y a eu beaucoup de pourparlers et de négociations conclues par d'excellents résultats. Néanmoins, s'ils étaient flexibles et coopératifs au départ, leurs discours a beaucoup changé depuis les élections. Autre chose, les responsables et directeurs des banques impliqués directement ou indirectement dans les crédits octroyés aux gendres de Ben Ali, sont toujours les mêmes ! Comment expliquez-vous que ces supposés fauteurs n'aient pas été jugés ou à la limitée démis de leur poste en attendant l'enquête ? Ces gens sont bien encadrés et protégés par plusieurs grands hommes d'affaires et des personnes puissantes dans le pays. On ne peut reprocher au nouveau gouvernement de ne pas s'être encore occupé du dossier des banques car ils ne sont pas là que depuis un mois. Nous nous sommes donc adressés de nouveau au gouverneur de la BCT. Sauf qu'il n'a pas été coopératif. Nous lui reprochons son manque d'implication et d'engagement quant à l'assainissement de l'administration. Il ne prend pas au sérieux nos revendications. Pourquoi cette ambiguïté dont vous parlez ? Sincèrement, on ne sait s'ils essayent lui et son adjoint de camoufler certains dossiers afin de protéger, forcés ou pas, les auteurs de corruption et surtout les hommes d'affaires qui se cachent derrière tout ça. On sait que de gros dossiers très sérieux et lourds sont en jeu et que leurs propriétaires n'ont pas intérêts à ce que ça se sache ou à ce qu'ils soient découverts… Ce qui est certain c'est que des gens haut placés font tout pour faire taire certaines vérités. Or, cela entrave l'intérêt de la Tunisie ! Ce silence serait donc pour voiler des affaires très délicates, chose que vous tentez de dévoiler malgré la réticence du gouverneur, toujours selon vos propos ? Effectivement ! C'est un volet très délicat. Comme vous le savez, la Banque centrale est une usine d'informations bancaires capitales et de tout le secteur financier. Alors si le gouverneur n'a pas assez de motivation ou qu'on lui a tapé sur les doigts, ça devient très critique ! Comment veut-on assainir les banques et tout le secteur banquier si on se tait sr des dossiers aussi importants. Manque de volonté ou silence oblige, la mal est fait. Un exemple très simple, même quand la Commission d'investigation a demandé de la BCT quelques dossiers sur des affaires de corruption, la Banque a refusé de les donner. Là ! C'est un grand point d'interrogation ! Que reprochez-vous exactement au gouverneur et à son adjoint ? Son manque d'implication, son silence recherché sur certains sujets très délicats. Il est vrai qu'il a beaucoup fait en interne, si on parle d'amélioration des conditions de travail. Ils ont fait beaucoup de choses positives sur le plan ressources humaines sauf que sur le plan administratif et surtout financier c'est le chaos total. Ils font la sourde oreille à nos demandes de réformes administratives, sur l'assainissement du secteur. Qu'en est-il de ces détachés qui sont de retour aujourd'hui à la BCT ? Pourquoi reprochez-vous au gouverneur de les avoir fait revenir ? Ça c'est la cerise sur le gâteau ! Il s'agit bien d'hommes qui ont travaillé à la BCT auparavant et qui se sont détachés et partis ailleurs. Ils étaient, et pour la majorité des sbires de l'ancien régime. D'ailleurs, deux d'entre eux étaient des présidents de conseils municipaux. Aujourd'hui, ils reviennent comme si de rien n'était et reprennent leurs postes, alors que d'autres qui sont là depuis une dizaine d'années et méritent ces promotions-là ! Après avoir quitté les lieux, où tantôt un sit-in, tantôt des grèves orchestraient la situation, nous nous sommes adressés à un des employés de la BCT, qui a préféré garder l'anonymat. Et l, à notre grande surprise, pas si grande que ça à vrai dire, vu que le pays est depuis bien longtemps à la merci d'une confusion hallucinante ; un autre son de cloche se fait entendre. «Aujourd'hui, on oscille entre grèves et sit-in. Il y en a ceux qui travaillent, surtout les services urgents. Il est vrai que le cours normal du travail est perturbé mais on fait avec. Par contre, le sit-in a été annoncé juste pour la matinée mais là ça a pris toute la journée comme vous le voyez. Quant aux revendications, même s'il y a du vrai, il est encore trop tôt pour pouvoir juger. Surtout n ce qui concerne la restructuration administrative ! Car après tout l'organigramme de la banque n'est pas encore sorti t les tractations sont en cours. Elles seront annoncées prochainement ! Pour ce qui est des listes données au gouverneur, il ne peut tout de même pas s'arrêter à des accusations et à des noms donnés comme ça. Même juridiquement c'est insensé. Il faut des preuves pour inculper quelqu'un. Sinon, ceux qui ont été détachés, il vrai qu'ils ont repris leur postes et qu'ils avaient des postes disons politiques avec l'ancien régime. Mais, même s'ils ont de nouveau à la BCT, ils n'ont pas de fonction, donc ils n'ont pas piétiné la promotion de leurs collègues. Après tout dans la loi, ils ont le droit de revenir quand ils veulent puisqu'ils ont été détachés. » A notre question sur les problèmes que rencontreraient les investisseurs étrangers actuellement et sur la lenteur de la machine administrative dans le traitement de ces dossiers, chose qui est accusée d'être faite exprès parce que certains homme d'affaires tunisiens n'aimeraient pas être mis à découvert et préfère monopoliser le marché, notre interlocuteur étonné répondit : «Vous savez, on publie mensuellement des communiqués qui parlent de la situation critique dans laquelle on est et que notre réserve en devises est en chute permanente. Nous avons donc énormément besoin de nos investisseurs et sollicitons leurs projets. Comment peut-on alors accuser la BCT de laisser trainer exprès ou pas leurs dossiers ? C'est totalement contradictoire et malsain ? Sur cette air tourmentée et équivoque, nous quittâmes la BCT, avec l'espoir que les zones d'ombre soient éclaircies et que les masques tombent !