Ce qui s'est passé devant le palais de Justice, à l'occasion du procès Nessma, ne peut que confirmer la menace qu'il y a sur la liberté d'expression. Cela est d'autant plus vrai que, les agressions dont ont été l'objet certains journalistes, sont restées impunies, pour la bonne raison qu'il n'y a eu aucune intervention de la part des responsables, que ce soit avant, au moment ou après les faits. Les agents de l'ordre étaient –ils en grève ou en congé ? Ni l'un ni l'autre, mais il y avait une passivité certaine de leur part et en tous les cas il y a eu une absence totale de sécurité, dans les parages du palais de Justice. En fait ce sont les troupes Salafistes qui ont remplacé les agents de l'ordre, pour brandir des pancartes comportant des versets coraniques sortis complètement de leur contexte, car ils avaient été révélés au Prophète lors des agressions dont les musulmans ont subies de la part les mécréants. Outre les agressions physiques, les slogans lancés par ces « troupes » constituaient des agressions verbales dont l'effet était plus grave, car incitant à la haine et à la discorde. La raison ? Eh bien à cause d'un film où la Divinité était représentée, selon l'imaginaire d'une fillette. Certes Allah ne peut être représenté, mais dans certains versets du Saint Coran, il existe une certaine représentation selon l'imaginaire humain. Il est en effet question dans ces versets de « mains de Dieu » du Trône Divin ou de la parole Divine. On peut donc tolérer qu'une fille puisse imaginer Dieu d'une certaine façon. Il n'y aucune attitude blasphématoire. En réalité la raison profonde est une menace sur la liberté d'expression que les Salafistes veulent anéantir par tous les moyens. Rien qu'à voir la réaction de Sadok Chourou contre les Sit-inners pour en juger. Ce membre de la constituante, enfonce le clou en appelant à la crucifixion de ces derniers, comme s'ils étaient des mécréants. Or le sit-in tout comme la grève est un moyen d'expression pour exprimer des revendications et demander des droits.
Réaction des partis et des médias
Concernant les agressions dont furent l'objet des journalistes et des intellectuels, certains juristes et responsables de partis politiques ont décidé de réagir. Ainsi, le secrétaire général du Mouvement des Patriotes Démocrates ( Al Watad) a annoncé qu'il poursuit le ministre de l'Intérieur pour négligence. Il est soutenu dans son action par les avocats en la personne du bâtonnier Chokri Tébib. Ce dernier a déclaré en effet, qu'il a demandé en vain à Ali Lâarayedh d'intervenir. Ceux qui ont été agressés physiquement, se constitueront partie civile dans la même affaire pour demander réparation des préjudices subis.
Les agents de l'ordre ont-il laissé faire ?
La question que s'est posée tout le monde, était : où se trouvaient les agents de l'ordre au moment où ces agressions avaient lieu ? Attendaient-ils des ordres précis, ou étaient-ils réticents à intervenir ? quoi qu'il en soit, le ministre de l'Intérieur est responsable, tout autant que si ces mêmes agents avaient tiré sur la foule : deux extrêmes qui sont tout aussi blâmables l'une que l'autre.