Néji Ben Abdallah Bhiri, condamné à une lourde peine pour pédophilie a bénéficié d'une grâce parmi les quelque 9000 détenus libérés lors de l'anniversaire de la Révolution. Il serait passé inaperçu s'il n'était pas le frère du ministre de la Justice Noureddine Bhiri. En effet sa libération a soulevé une polémique surtout à Jébéniana, ville dont est originaire la victime de Bhiri. Les habitants de la ville ont fait une marche jusqu'au domicile des parents de ce dernier à titre de protestation. Puis cela a vite fait tâche d'huile, au fur et à mesure que la nouvelle se répandit à travers les régions du pays. A la capitale, on a demandé une explication au ministre de la Justice lui-même qui a affirmé qu'il n'est pas intervenu pour son frère qui remplissait les critères requis pour prétendre à une grâce, Il lui restait quelques mois pour purger sa peine. Mais cela n'a pas convaincu tous ceux qui estiment que cette grâce n'avait pas lieu d'être surtout dans la conjoncture actuelle où certains cherchent n'importe quel prétexte pour semer le trouble. Cette réaction est-elle afférente à la personne du détenu ou à la nature de l'infraction ? En tant que frère du ministre de la Justice, n'a-t-il pas le droit de bénéficier d'une grâce s'il remplit les critères requis ? Il est insensé de répondre à cette question par la négative. Qu'il soit le frère du ministre de la Justice ou l'être le plus odieux du monde, il peut bénéficier de la grâce. Il suffit qu'il remplisse les critères lui permettant d'y prétendre. Cela fait partie des principes fondamentaux des droits de l'Homme. Quant à la nature de l'infraction, cela ne fait pas de doute qu'il s'agit de faits condamnables en eux-mêmes. Cependant cette affaire date du régime du président déchu, où des affaires ont été montées de toutes pièces, pour transformer un délit d'opinion en un délit de droit commun. En tout état de cause, et quand bien même l'intéressé aurait commis un tel délit, il a droit à être réhabilité, et traité en vue de sa réinsertion dans la société. Cela fait partie des principes des droits de l'Homme. Car il ne suffit qu'un délinquant soit libéré, puis livré à lui-même. Le suivi post carcéral est très important, et c'est ce qui nous manque. Des centaines de toxicomanes ont été libérés puis livrés à eux-mêmes. Fragilisés par plusieurs années de détention ils sont vulnérables et peuvent rechuter et récidiver. Ce sont des sujets pareils qu'il faut sérieusement aborder, au lieu d'ouvrir une polémique qui ne sert la cause de personne. Cette polémique n'est en fait, qu'une tempête dans un verre d'eau qui survient à cotre courant, surtout en cette période postrévolutionnaire où le pays doit évoluer normalement sur la voie de la transition démocratique. Celle-ci ne peut se réaliser sans l'indépendance de la Justice. Car pour celle-ci l'immixtion dans les décisions judiciaires constitue un énorme obstacle. Ahmed NEMLAGHI ahmed daassi kamel ikbal zaatour fethi aghioul daassi