Jeudi dernier, les journalistes culturels étaient conviés à Gammarth à la projection de deux courts métrages tunisiens récents : « Bulles » de Karim Bessaissa et « Le fond du puits » de Moez Lassoued produits par Tarak ben Ammar, à qui on reproche souvent de ne pas aider les films tunisiens et de ne pas donner leur chance aux jeunes talents. Mais, les journalistes se sont vite rendu compte que cette projection n'était qu'un prétexte pour que le directeur des laboratoires Nabil Kila, atteint d'une grave maladie, déballe un grand cafouillage et sans aucune retenue ce qui lui pèse sur le cœur. Dans un premier temps, Nabil Kila, le cœur gros, fait des aveux d'abord au sujet de sa méchante maladie. « C'est le tournage du film « L'or noir » de Jean-Jacques Annaud qui est la cause de maladie » affirme-t-il. Le tournage dans le sud tunisien n'a pas été de tout repos. Surpris par la révolution, plusieurs contretemps ont rendu difficile le tournage : incendie des studios dès le premier jour du tournage, mort accidentelle d'un figurant, certains acteurs dont la star Antonio Banderas craignaient le pire et voulaient rentrer chez eux, dépenses imprévisibles dans la sécurité des studios de Hammamet et de Gammarth et de l'équipe etc. Place ensuite a été faite à la projection en présence de l'équipe technique et artistique de « Bulles ». Cette fiction raconte en 15 minutes l'histoire d'une jeune femme qui revient sur son passé et de ce qui l'a conduite à devenir une prostituée. Agressée par un vendeur de bonbons lorsqu'elle était enfant, la protagoniste, qui n'a pas été prise en charge ni par sa famille, ni par un psychologue, s'est retrouvée abandonnée dans la rue et livrée à ses agressions. Le traumatisme de ce viol l'a profondément marquée. Le réalisateur a utilisé le flash back pour revenir sur le passé du personnage campé par Nadia Boussetta, qui éclabousse par sa beauté le film. Cette comédienne a un grand avenir devant elle si elle est bien encadrée. Le deuxième court métrage « Le fond du puits » de Moez Lassoued joue sur le mystère et l'ambiguïté. Un jeune homme, au bord du gouffre, tente de se suicider. Il imagine la réaction de sa mère après sa mort. Envahi par ce cauchemar épouvantable, le jeune homme se représente ses funérailles et l'insoutenable tristesse de sa mère qui ne veut pas croire à la disparition de son fils. Interprété par Dalila Meftahi, qui en grande comédienne sait contenir son émotion, le film d'environ 15 minutes est traversé de mystère qui fait tout son charme et sa force. Il se prête, d'autre part à plusieurs interprétations ce qui lui donne une valeur supplémentaire. Après cette première séance, les journalistes ont eu droit à un bonus qui consiste à la projection de deux autres petits films de 4 minutes. Le premier en noir et blanc est un document d'archive sur les débuts de Mouamar Kadhafi en politique. Il s'agit de documents filmés de l'Etat libyen ayant fait l'objet de numérisation dans les laboratoires de Gammarth. Le second film est un montage d'images sur les laboratoires LTC de Gammarth avant, pendant et après les travaux entrepris.