Hier après-midi, devant le siège de l'Assemblée constituante, environ trois mille personnes des composantes de la Société civile, d'associations et de listes indépendantes ont manifesté contre le cours que prend le processus démocratique en Tunisie. Cette manifestation est une missive envoyée au président de l'Assemblée constituante dans le but d'attirer son attention sur la gravité des derniers agissements contré les droits de l'Homme et la liberté de la presse. Un processus démocratique en péril Dans la journée d'hier, une foule considérable a manifesté son mécontentement quant au fossé qui se creuse à vue d'œil entre les promesses politiques des partis durant la campagne électorale et leur tergiversation postélectorale. La Société civile rappelle aux élus que les objectifs de la Révolution sont de plus en plus enfreints et marginalisés et que le silence observé par le gouvernement face aux actes intégristes qui violent les droits de l'Homme, mettent en danger l'instauration de la démocratie. En effet, la crise identitaire et théologique que certains œuvrent à installer dans le pays, aiguise la haine et divise le peuple tunisien, jadis uni et soudé. Les infractions à l'autonomie des universités, l'ascension de la violence au sein des institutions scolaires montrent à quel point la situation sécuritaire est critique. Les parents sont, désormais, angoissés quant à la sécurité de leurs enfants. Les enseignants, apeurés et craintifs travaillent dans des conditions, pour le moins que l'on puisse dire, périlleuses. Il nous suffit de se rappeler de ce qui s'est passé dernièrement aux lycées de Radès Maxula et le collège de Mégrine… Les présents tenaient à rappeler que l'union nationale est sérieusement en péril. Les interventions externes pour tout ce qui touche notre identité et notre économie installe une aura d'instabilité, de peur et de tiraillement. Aujourd'hui, les élus et le gouvernement sont appelés à réagir pour arrêter de pareils actes et à arrêter ces fléaux qui nuisent au processus démocratique, que la Tunisie tient mais peine de plus en plus à réussir. L'Assemblée invitée à sortir de sa torpeur La société civile et plusieurs associations, à l'instar de Kolna Tounes, Réseau Dostourna et l'Initiative citoyenne, avec la participation citoyenne massive, incitant au respect du libre arbitre et à la liberté religieuse et idéologique de tout un chacun. Les slogans brandis reflétaient le désir d'un pays musulman pacifiste et modéré, respectueux de l'identité nationale et de la liberté de la presse. On condamnait l'incarcération du directeur du quotidien arabophone Attounissia, Nasreddine Ben Saïda, la main mise sur les médias et le danger que ça représente pour la réalisation des objectifs de la révolution, qui sont entre autres, l'indépendance de la presse et la liberté de l'expression. Dans le même volet, Reporters Sans Frontières vient fortement dénoncer l'utilisation du code pénal quant à l'arrestation dudit directeur. Ils rappellent dans leur dernier communiqué que : «Le fait d'envisager encore l'utilisation du code pénal réduit aujourd'hui à néant le code de la presse. Par ailleurs, une liste de revendications tirant la sonnette d'alarme à nos élus a été rédigée par la composante de la Société civile et leur a été adressée. Nous citerons telle qu'elle est ladite liste : - La sauvegarde des biens du peuple, de son identité et de ses coutumes nationales ; - La protection de l'union nationale et la lutte contre toute tentative de division et de haine ; - Veiller à l'indépendance et à l'autonomie de la patrie de toute intervention étrangère mettant en péril la gouvernance de l'Etat ; - Assurer le plus tôt possible la sécurité et l'application ferme de la loi contre toute forme d'intégrisme et de violence ; - Mettre immédiatement fin aux campagnes, qui, au nom de la religion, sèment la zizanie et violent les lieux sacrés de la prière et les lieux publics ; - Mettre un plan concret et limité par le temps quant au processus démocratique ; - Remettre sur pied l'Instance supérieure indépendante des élections afin de se préparer aux prochaines élections ; - Rappeler le rôle prépondérant de l'Assemblée constituante dans l'écriture d'une nouvelle constitution dans l'union nationale, son importante tâche dans l'instauration d'un Etat citoyen respectueux des Droits de l'Homme, l'égalité, la citoyenneté ; - Rappeler aux élus que l'écriture de la nouvelle constitution est une œuvre collective qu'ils doivent partager avec toute la composante de la Société civile et les citoyens sans la marginalisation de la minorité.