• « Mustapha Ben Jaâfar nous a affirmé qu'elle sera rédigée dans le consensus» Dans un message adressé au président et aux membres de l'Assemblée constituante, plusieurs activistes et composantes de la société civile ont appelé les constituants à assumer leurs reponsabilités et à exhorter le gouvernement auquel ils ont accordé leur confiance à revoir sa note et à réviser ses méthodes d'action. Le mouvement citoyen «Kollouna Tounes» a organisé, hier matin, en collaboration avec «Le Réseau Doustourna» et l'association «L'initiative citoyenne», une marche protestataire devant le siège de l'Assemblée constituante. Une foule des grands jours s'est formée vers la fin de la matinée sur l'esplanade de la fontaine du Bardo. Y étaient des personnalités nationales, à l'image de Slaheddine Jourchi et Ghazi Gherairi, ainsi que des représentants et des membres de plusieurs associations, quelques partis, et autres composantes de la société civile, notamment l'Association tunisienne pour le soutien des minorités (Atsm), l'Ugtt, l'Union des Travailleurs Tunisiens, l'association «Tunisie unie», le Centre Kawakeb pour la transition démocratique, le Mouvement du 24 octobre pour le développement solidaire, l'Association «conseil civil», etc. Un message a été signé par tous ces derniers et a été transmis au président de l'Assemblée constituante M. Mustapha Ben Jaâfar. «C'est une lettre, affirme Emna M'nif, fondatrice du mouvement citoyen «Koullouna Tounes», que nous avons adressé au président et aux membres de l'Assemblée constituante». Enchaînant : «Pour nous, c'est la seule institution légitime dans le pays qui a été élue par le peuple. Puisque c'est cette institution qui a accordé son confiance à l'actuel gouvernement, c'est elle aussi le responsable de son rendement sur le plan intellectuel, économique et social. Notre marche d'aujourd'hui est une protestation contre le discours extrémiste qui est en train de se propager dans le pays à travers de fréquentes visites de ceux qu'on appelle «prédicateurs». C'est aussi une manière de rappeler que les priorités sont, désormais, d'ordre économique et social. La tension sociale, qui prévaut actuellement, ne peut servir ni le développement économique, ni la paix ou l'union nationales. Nous scandons des slogans comme «Le Jihad, le jihad contre la pauvreté et la corruption». C'est ça notre vision des choses». Non au détournerment de l'opinion publique Les manifestants ont scandé plusieurs slogans de protestation contre l'extrémisme et les prédicateurs comme «Tunisie est libre, dégage les prédicateurs», «Oh les prédicateurs de la liberté, plus jamais la politique terroriste», «Un Etat civil et non pas un Emirat islamique», etc. «Constitution Loading... Error» était l'un des slogans qui rappellent le retard enregistré dans l'élaboration de la Constitution. D'autres questions ont été relevées comme la liberté de la presse, le droit à l'emploi, la hausse des prix et l'intégrité physique des enfants. Entres autres manifestants, les journalistes du quotidien «Attounissia» ont été présents pour dénoncer la répression des journalistes et l'emprisonnement de leur directeur. Pour M.Naceur Oueslati, haut cadre dans une banque et président d'une liste indépendante à Ben Arous, la marche de protestation se veut un appel aux politiciens pour qu'ils rectifient l'itinéraire de leurs décisions afin de rallier les objectifs de la révolution. «Nous n'avons pas besoin de leçons sur notre vie sexuelle, explique M. Oueslati: «Et notre religion est bien riche pour nous éclairer amplement le sujet. Il ne faut pas donner plus d'importance à ces prédicateurs qu'ils ne méritent. Arrêtons de détourner l'opinion publique des questions essentielles à l'instar de l'élaboration de la Constitution, la transition démocratique, le développement économique et l'emploi. Pourquoi ces prédicateurs et maintenant? Personne ne réussira à dévier l'intention du peuple ou à le diviser». Pour sa part, Kaïs Ben Yahmed, coordinateur à l'UGTT, confirme qu'il y a une importante présence de syndicalistes dans cette manifestation. «Nous sommes venus soutenir la liberté de la presse, souligne-t-il, et appeler à arrêter les agressions commises à l'égard des journalistes. C'est une occasion, aussi, pour dénoncer l'acceptation de la tournée du prédicateur Majdi Ghanim dont le discours ne peut qu'entraîner les Tunisiens dans une sphère de haine et de confusion». M. Ben Yahmed affirme, d'autre part, que l'indépendance des décisions politiques et diplomatiques tunisiennes est un facteur déterminant quant à l'indépendance du pays. «La décision de virer l'ambassadeur syrien de la Tunisie, souligne-t-il, a bien été une décision dictée par des parties étrangères». A quand la Constitution ? «Aussi, fait-il remarquer, nous, nous protestons contre la hausse des prix des produits de base et contre la lenteur de l'Assemblée constituante à élaborer la Constitution, dont aucune ligne n'est encore rédigée, près de quatre mois après les élélctions». Pour sa part, Hella Hababou, membre fondateur du mouvement citoyen «Koullouna Tounes» (Tous Tunisiens), estime que la manifestation est une forme de pression sur l'Assemblée constituante dont les membres doivent assumer leurs responsabilités en matière de suivi et de contrôle de l'action du gouvernement. «Trouver des solutions pour lutter contre la pauvreté et pour résoudre les problèmes sociaux et ceux de la sécurité surtout, sont les principales tâches qu'on doit exécuter actuellement, explique-t-elle. «Nous défendons notre identité tunisienne et notre vision quant à l'Islam. C'est pas un soi-disant prédicateur qui va nous apprendre notre religion. Dans cette question, j'ai apprécié le refus du ministre de la Culture d'ouvrir la maison des jeunes de Béjà à ce Ghanim. Dans ce même ordre d'idées, je n'ai pas digéré qu'un représentant d'Ennahdha, lors d'une rencontre télévisée et en la présence du Cheikh Othman Batikh, le Mufti de la République, se soit permis de dire qu'on a un désert intellectuel en matière de cheikhs et de savants de la religion. C'est irrespectueux de dire ça en la présence du Mufti pour qui nous portons tous les sentiments de respect. Pour revenir à la question de la Constitution, Dr Ben Jaâfar nous a affirmé qu'elle sera rédigée dans le consensus avant les prochaines élections. Nous resterons mobilisés jusque là et je m'étonne de l'absence d'une réaction des partis politiques quant à cet appel que nous lançons aujourd'hui», enchaîne le membre fondateur de «Koullouna Tounes».