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Information publique ou gouvernementale : tout le dilemme est là !
Sales temps pour le journalisme
Publié dans Le Temps le 21 - 02 - 2012

Kamel Laâbidi : l'incarcération de Nassreddine Ben Saîd est une décision politique
Samir Dilou réagit : « Personnellement je suis contre, mais les hommes et les femmes de l'information ne sont pas exemples de tout reproche »
La Révolution du 14 janvier qui a pris tout le monde de court a permis à l'information publique télévisuelle, radiophonique et écrite de connaître une mutation que tout le monde lui reconnaît. La confiance avec les citoyens retrouve sa place tant souhaitée.
Toutefois, après les élections du 23 octobre, des critiques du côté de certains membres du gouvernement ne cessent de pleuvoir sur le secteur. Fait-on l'amalgame entre information gouvernementale et information publique ? Au fait, comment l'information publique ? Quel rôle a-t-elle à jouer dans la transition démocratique ? Quelle est sa situation actuelle ? Quelles sont les garanties de son indépendance ?
L'Instance Nationale de Réforme de l'Information et de la Communication (INRIC) en collaboration avec l'Institut Arabe des Droits de l'Homme (IADH) réunit depuis hier durant deux jours des professionnels du secteur, des enseignants, autres responsables pour débattre de ces questions avec la participation de journalistes tunisiens qui brillent à l'étranger comme Taoufik Mjaïed, Mohamed Krichène, Kalthoum Sâafi, …. Kamel Lâabidi, président de l'INRIC déplore la conjoncture critique dans laquelle se tient la conférence avec la multiplication des violations de la liberté de la presse qui ont atteint leur paroxysme avec l'incarcération de journalistes, après des agressions physiques contre des dizaines de journalistes. « Le pouvoir a choisi la plus mauvaise voie qui dessert l'image de marque du pays », dit Kamel Lâabidi qui précise que l'incarcération de Nassreddine Ben Saïda émane d'une décision politique. L'INRIC tient à la mise en application des décrets 115 et 117 et rejette le double langage du gouvernement et déplore sa soumission aux pressions de certaines parties qui ne veulent pas de l'application de ces décrets. L'INRIC a déjà organisé plusieurs rencontres sur l'information publique. Le résultat de ces rencontres a été la nécessité de réformer le secteur de l'information. Cette réforme passe par la réforme des établissements publics d'information, vu le rôle de locomotive que joue ce secteur, dans la diffusion de la culture des Droits de l'Homme.
Droits de l'Homme au cœur de la transition
Abdelbasset Ben Hassen, président de l'Institut Arabe des Droits de l'Homme (IADH), rappelle que la liberté de penser et de l'expression est la plus importantes des libertés. C'est le point central autour duquel gravitent toutes les autres libertés, comme la liberté de croyance, les droits des femmes et des enfants… « Tous les régimes totalitaires essayent de mettre au pas l'information et de la récupérer. La Révolution en Tunisie a montré le lien entre développement et liberté de la presse et de l'information. L'Institut a mis en relief ce lien à travers plusieurs études de terrain. Il a renforcé son travail après la Révolution pour placer les Droits de l'Homme au cœur de la transition démocratique », dira Abdelbasset Ben Hassen qui considère que la transition vers la Démocratie est un processus long et complexe. Il nécessite la réforme des institutions, l'écriture dans la constitution des doits, la diffusion de la culture des Droits de l'Homme et la pratique du droit à la critique…L'apprentissage de la liberté doit se faire par le biais de la démocratie et non de l'emprisonnement. Dans une Révolution qui vise la réalisation de la justice et la liberté, il est utile d'engager un dialogue basé sur le respect de l'autre. La transition démocratique est une vision et une méthode de travail. Elle ne peut réussir avec des discours passéistes. La vague de froid au Nord-ouest a dévoilé le caractère catastrophique du modèle de développement préconisé. Elle a aussi révélé le sens de solidarité des Tunisiens. « Le changement est le résultat d'un travail collectif. Il faut se préparer aux prochaines étapes en consolidant les acquis comme l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), l'INRIC, commencer par élaborer la Constitution et engager un débat général sur l'emploi, la pauvreté, le développement et la rupture avec la marginalisation… Néji Bghouri, au nom de l'INRIC, avoue que la signification du caractère public de l'information est encore confuse. On a beaucoup entendu parler de l'information publique et de l'information gouvernementale. Il faut reconnaître que le rôle dévolu à l'information publique n'est pas aisé. Il faut prendre en considération les droits du contribuable et son intelligence. Le droit à l'information doit être mis sur un pied d'égalité avec le droit à l'éducation, la sécurité ou au travail. L'indépendance d'action des organes d'information publique est fondamentale. La garantie de cette indépendance doit être consolidée par les lois et surtout appuyée par la bonne volonté de toutes les parties prenantes. Néji Bghouri, situe les conditions de l'indépendance dans une ligne éditoriale claire vis-à-vis du gouvernement protégée des interventions à caractère économiques. Des programmes de formation et de promotion sont nécessaires. Un conseil d'administration indépendant avec la clarification de ses prérogatives doit être mis sur pied. Il faut que les membres de ce conseil soient compétents et éviter l'hégémonie d'un parti politique. L'intervenant propose qu'un Directeur exécutif soit nommé par le Conseil d'administration et que les financements publics et commerciaux soient assurés. Tout en défendant l'indépendance de l'information audio-visuelle, l'orateur propose qu'une instance indépendante veille au contrôle de cette indépendance. Des rencontres de débat ont été organisées par l'INRIC, depuis mars dernier. Toutefois, certaines institutions publiques ont refusé de participer aux débats. Les requêtes ont été adressées aux trois tutelles gouvernantes. En vain. Les dernières nominations dans le secteur public nous ramènent aux anciennes méthodes du régime déchu. « La réforme de l'information ne peut réussir qu'avec le dialogue », conclut Néji Bghouri.
Maillon faibe, le journaliste
Itidal Mejbri (Cawtar), a essayé de brosser un tableau de la situation du secteur, en commençant par rappeler que « nous vivons une période noire dans l'histoire du journalisme ». Elle évoque les points positifs du secteur comme la réconciliation entre le citoyen et les canaux publics. « Le plafond des libertés s'est élevé. Il constitue un grand acquis pour le secteur et pour le pays. Le débat sur la chose publique se fait dans les canaux d'information publique », dit-elle. Dans le chapitre des points négatifs, elle relève le maillon faible du secteur qu'est le journaliste. La situation précaire des journalistes ne peut garantir leur neutralité et ne leur permet pas de faire face aux pressions matérielles des publicitaires. Beaucoup de tiraillements ont suivi la Révolution. La logique de la « voix du peuple », des manifestations, des sit-in, le facebook, ont prévalu. L'information publique a tenté de redonner au citoyen ce qui lui a été longtemps confisqué. Le journal d'information a pris du volume, comme si « on voulait contenter tout le monde. On n'ose pas privilégier l'essentiel, par rapport au plus important », dit-elle. Le passage d'une information pour un président à une information publique n'est pas facile. Tous les gouvernements d'après la Révolution ont critiqué l'information publique. Cette information est l'affaire des hommes du métier avant tout. Ils ont le droit de se tromper, pas le pouvoir. On dirait qu'il veut consacrer la culture de la majorité. Itidal Mejbri, déplore que le dossier de l'information soit confié au chargé des affaires politiques au sein du gouvernement. Elle n'a pas manqué de rappeler à la fin qu'une entreprise publique d'information dispose de 63 journalistes. Seuls 13 travaillent de façon régulière. Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, affirme qu'à « titre personnel, il est contre l'emprisonnement d'un journaliste ». Il rappelle que le pays vit dans une période transitoire. « Nous ne sommes pas en Démocratie. Nous y approchons. L'atermoiement qu'on peut tolérer chez les associations de la société civile, on ne le tolère pas chez le gouvernement ». Les gouvernants voient dans certaines pratiques des hommes de médias un prolongement ou « une deuxième session des élections », dit-il. De leur côté des hommes de l'information considèrent qu'une déclaration d'un petit militant engage tout un parti. « L'expression information gouvernementale, n'a été utilisée qu'une seule fois. Elle a provoqué un tollé général », dit-il, en avançant que les hommes de l'information ne sont pas exempts de critiques. On ne peut réussir une transition démocratique sans une information libre. Khémaies Arfaoui, rédacteur en chef adjoint d'Essahafa, rappellera que le passage de l'information mise au pas à l'information libre ne date pas de longtemps. Des initiatives individuelles ont été prises au lendemain de la Révolution dans les organes publics d'information. La Révolution nous a offert la liberté. Il faut se conformer à l'éthique journalistique et aux critères professionnels. Kalthoum Sâafi, conclura que la responsabilité ne peut être que collective.


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