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L'islamisme est-il soluble dans la démocratie?
Tribune
Publié dans Le Temps le 26 - 02 - 2012

Par Zine Elabidine Hamda - Le paysage politique postrévolutionnaire a enregistré une somme considérable d'incidents disparates qui, en si peu de temps réunis, donnent le vertige. Les affaires de Nessma TV, de la radio Zitouna, de Chems FM, l'émarat salafiste de Sejnane, l'affaire du niqab à la Manouba, la bastonnade des journalistes et des universitaires devant le ministère de l'enseignement supérieur,
la censure contre le journal Al Oula ,l'agression contre le journaliste Ziad Krichène et l'universitaire Hamadi Redissi par un islamiste, l'appel aux mutilations des bras et des jambes des sit-inners et grévistes par un député historique d'Ennahdha, l'emprisonnement du directeur d'Al Tounousiya, l'attaque contre l'UGTT, les attaques terroristes des jihadistes contre l'armée nationale, tous ces « événements » ne sont l'œuvre ni des jeunes qui ont fait la révolution du 14 janvier, ni des partis politiques légaux, ni des acteurs de la société civile. Ils sont le fait de la mouvance islamiste. D'où la question légitime qui s'impose : l'islamisme est-il soluble dans la démocratie ?
Il fut un temps où le mouvement Ennahdha exprimait sa volonté de devenir un parti légaliste, après une tentation jihadiste violente reconnue par Rached Ghannouchi et d'autres leaders islamistes. Dans un esprit tactique d'apaisement, Rached Ghannouchi déclarait au journal Assabah, le 17 juillet 1988 après avoir été reçu par Ben Ali, que le Code du Statut Personnel est un cadre propre à organiser les relations familiales. Parallèlement à cette concession à la société tunisienne, Ennahdha a abandonné le concept de hakimiya, s'écartant par là du noyau central de la doctrine des Frères musulmans. Le mouvement ne fera pas sien le slogan « l'islam est la solution ». Toutes ces « révisions » doctrinaires opérées principalement à l'étranger par les leaders historiques ont donné au mouvement Ennahdha une place particulière et avant-gardiste dans l'internationale islamiste.
La participation à la plateforme politique du « collectif du 18 octobre 2005 pour les droits et les libertés en Tunisie », qui rassemble les islamistes, le FDTL, le CPR, le PDP, le POCT et les Nassériens, finit par insérer Ennahdha dans le paysage démocratique d'opposition.
Avant les élections du 23 octobre 2011, les leaders d'Ennahdha ont soutenu, à l'adresse du peuple des votants, leur attachement aux libertés et à la démocratie. Hamadi Jebali, secrétaire général du mouvement a déclaré à Hassan Ben Othman sur Nessma TV en août 2011 que son mouvement n'est pas un parti religieux. L'idée qu'Ennahdha n'appliquera pas la charia a été le porte-étendard de la campagne pour l'Assemblée constituante.
Que s'est-il passé depuis pour que les islamistes tournent casaque ? Est-ce la semi-victoire qui grise les esprits ? Est-ce la perspective alléchante d'une hégémonie durable qui réveille le rêve refoulé ? Est-ce la poussée wahhabite qui fait peur et qui risque de déstabiliser le mouvement ? Est-ce un retour de manivelle actionné par une base militante maintenue depuis de longues années dans la culture de la charia, de l'intolérance et de la victoire finale ?
Toujours est-il que la déferlante haineuse islamiste a réussi le tour de force de rassembler contre elle tous ceux qui, il n'y a pas si longtemps étaient éparpillés comme des perdreaux : les femmes, les modernes et les modernistes, les laïcs et les musulmans modérés, les syndicalistes, les enseignants et les journalistes.
Car, la révolution est passée par là ! Une société en révolution est composée d'un peuple insoumis. Celui qui ne comprend pas cela, qui continue à agir comme s'il était « en démocratie », rate le coche de l'histoire.
L'attitude d'Ennahdha relèverait, peut-être, de son caractère bicéphale. Deux tendances travaillent l'islamisme tunisien, l'une rationnelle, s'inscrivant dans les débats sociaux, tournée vers la société politique et tenant compte de la réalité des rapports de force sur le terrain, et l'autre orthodoxe, tournée vers le passé sous l'influence d'intérêts partisans occultes et du wahhabisme, cultivant une mémoire fantasmée, idéalisée, atemporelle.
L'ère révolutionnaire impose ses exigences à tous. Pour mieux comprendre les paramètres de révision doctrinaire qui attendent les islamistes, s'ils veulent s'insérer dans le long cours, revenons aux principes de la doctrine islamiste.
La doctrine islamiste
Le problème de l'islamisme, c'est que les référents politiques et les fondements de sa doctrine ne correspondent plus à un monde globalisé dont les référents s'incarnent dans la sécularisation, le respect des droits de l'homme et la démocratie telle que pratiquée partout dans le monde d'aujourd'hui.
Sur quoi repose cette doctrine ? Trois éléments la structurent : l'établissement d'un leadership, un processus de délibération et une légitimation.
Le leadership est, par définition, élitiste : ceux qui détiennent le pouvoir, Uli al amr minkom. C'est soit une élite proclamée, cooptée, soit autoproclamée par la force du sabre. Le leader qui se dégage est la figure rêvée du Calife, idéal politique de tous les mouvements islamistes. Cette conception a un double objectif : une acquisition de sacralité et l'instauration d'un système inégal de pouvoir entre l'élite (khassa) et le peuple (a'amma). Le leader a la haute main sur le système et concentre pratiquement tous les pouvoirs.
Le processus de délibération s'incarne dans la chura. Alors que la démocratie représentative est ouverte à tout le peuple majeur qui s'y exprime à travers ses représentants, la chura est réduite à un groupe restreint, celui des dirigeants. Elle exclut de la décision tous les autres acteurs de la vie politique, économique et culturelle et même les simples citoyens. La chura n'est pas la délibération démocratique (presse, débats publics, société civile, débats parlementaires, négociations entre partenaires sociaux). C'est pourquoi, nous voyons aujourd'hui les attaques se multiplier contre les journalistes, les représentants de la société civile, les syndicats et certains partis.
Le troisième élément du système est le mode de légitimation par l'allégeance (al bay'a). C'est par cet acte que s'instaure le pouvoir du chef suprême et que se met en place le système de domination. Calife, cadi, prince, roi, président et mourchid imposent une culture de soumission interprétée de façon abusive à partir du mot islam. Le musulman est celui qui obéit. Il est défini dans un rapport de soumission. Cependant, la révolution est un processus d'insoumission qui doit nécessairement, et inéluctablement, déboucher sur la maîtrise et le contrôle de la capacité de nuisance des autorités publiques, quelles qu'elles soient, qu'elles se réclament d'un pouvoir populaire ou d'un pouvoir divin.
L'islamisme prône ainsi les inégalités entre les puissants et les faibles, les hommes et les femmes, les riches et les pauvres, les vieux et les jeunes, qu'il maquille par la charité (la zakat), l'appel à la justice et à l'ordre moral.
La construction de l'Autre
L'islamisme est salafiste. Il prône le retour à un « âge d'or » fantasmé peuplé de califes morts de mort violente. C'est une forme de fondamentalisme qui ne peut vivre sans la production d'ennemis à combattre. S'il n'en trouve pas, il en crée. Il porte les gênes du jihad, même s'il les brime souvent. L'histoire de l'islam en atteste largement depuis les guerres de la ridda, en passant par les « conquêtes », les foutouhat, forme islamique de colonisation de contrées non-islamiques, en arrivant aux actes terroristes du jihad international contemporain.
La doctrine islamiste crée deux ennemis principaux : un ennemi externe et un ennemi interne. Le premier, c'est l'Occident impie, mécréant, immoral, condamnable, désigné comme l'ennemi diabolique. Cette doctrine vit et se nourrit de la polarisation Orient rêvé / Occident diabolique, et décline des oppositions manichéistes entre le moral et l'immoral, le pieux et le mécréant.
Le modèle idéologique arabo-musulman fait de l'identité et de l'authenticité des armes pour combattre l'occidentalisation et la sécularisation du monde musulman. L'Occident est présenté comme un repoussoir, comme une entité productrice de tous les maux de la terre et que l'islam est venu combattre selon la volonté divine dont les islamistes sont les dépositaires. Haine et diabolisation de l'Autre aboutissent à la mise en place de stratégies d'antagonisme et de confrontation, préludes au déclenchement du jihad.
Le second, l'ennemi interne, contre lequel le discours islamiste développe ses thématiques, est peuplé de femmes émancipées, de femmes non-voilées, de laïcs, d'affranchis de la dogmatique religieuse, de mécréants, d'agnostiques, d'athées, de communistes, d'opposants politiques, de modernes, d'occidentalisés, de buveurs de bière et de vin, de sexuellement libérés et de quelques autres. Tous ceux qui ne sont pas conformes au « modèle islamiste », archétype imaginaire d'une personnalité de base rêvée. Ces catégories « égarées », il s'agit de les assujettir (aslamat al mujtama'a) par un processus de domination culturelle … ou de les éliminer. Entre le moi et l'autre, aucun dialogue n'est envisagé, contrairement aux préceptes du Coran (Wa jadilhom billati hia ahsan). Ce système exclusif, et souvent sanguinaire, a fait ses preuves en Arabie saoudite, au Soudan, en Iran et sévit actuellement en Irak.
Idéologie de l'identité
Le discours islamiste développe une idéologie centrée autour de trois paradigmes fondamentaux, la oumma, la langue arabe et l'islam, censés organiser l'ordre social et politique. L'authenticité de l'identité arabo-islamique, présentée comme une entité homogène, est, en réalité, largement rêvée.
Cette identité s'incarne, d'abord, dans le concept de « Oumma » qui s'oppose à celui de cité politique qui fonde l'Etat-nation. Alors que ce dernier unit des citoyens libres et responsables devant la loi, la oumma est la communauté transnationale des croyants qui unit des sujets qui renouvellent sans cesse des liens d'allégeance à la communauté de foi. Elle est par définition exclusive. C'est un modèle idéologique intégriste qui a pour vocation « d'intégrer » dans une seule communauté toutes les composantes de la population et de l'étendre au-delà des frontières nationales. Il les regroupe dans un seul moule, dans une pensée unique, dans une totalité meurtrière.
Au contraire, l'Etat-nation rassemble les diversités à l'intérieur de frontières reconnues : berbères, noirs, métis, musulmans, juifs, chrétiens, agnostiques et athées sont tous des citoyens liés par un contrat social qui fixe les règles du « vivre-ensemble ».
Le discours islamiste met aussi en avant la sacralité de la langue arabe, « langue du Coran », pour disqualifier les autres langues vernaculaires, les dialectes nationaux ou régionaux et les langues étrangères, langues des mécréants (kuffar).
Enfin, l'islam est remplacé par l'islamisme. Tous les adeptes du mouvement ne se présentent plus comme « musulmans » (mouslimoun) mais comme « islamistes » (islamioun). Ils évacuent l'islam, en tant que religion et spiritualité, au profit d'un projet politique à coloration religieuse. D'autre part, les pratiques non-orthodoxes de l'islam (soufi, non-pratiquants, etc.) sont condamnées comme hérétiques ou mécréantes et donc disqualifiées avant d'être combattues.
A ce titre, l'islamisme est une hérésie. Les islamistes montrent une tendance sectaire qui s'organise autour de codes symboliques (voile, qamis, barbe, halal, haram), autant de signes extérieurs d'un mode de vie qui, le plus souvent, ont très peu à voir avec l'esprit et la lettre du Coran.
Comme les Etats non- démocratiques du monde arabe, les islamistes développent un discours qui instrumentalise la question de l'identité dans la perspective d'externaliser les problèmes sociaux et politiques vers la confrontation avec l'Occident et avec Israël. L'essentiel dans le discours islamiste est de détourner le peuple des questions essentielles qui le concernent : la pauvreté, le chômage, les libertés, les inégalités, la corruption, l'oppression, la marginalisation. Il ne fait que transférer les difficultés, les échecs, les problèmes internes vers un Occident fantasmé. Dans sa volonté de produire des boucs-émissaires, l'islamisme développe la peur de l'Autre pour justifier et légitimer des politiques sécuritaires.
Des frontières fascisantes
A l'intérieur comme à l'extérieur, l'islamisme dresse des frontières entre la société islamique supposée être « pure » et la société mécréante dénoncée comme « impure ». C'est par l'instauration de frontières (islam/Occident, halal/haram, dar al islam/ dar al harb, droits de Dieu/ droits de l'homme) que le pouvoir islamiste impose un processus de déculturation. C'est dans ce cadre qu'opère la domination culturelle qui agit dans les mosquées, dans les quartiers défavorisés, dans l'activisme des militants de base.
Si le processus démocratique postrévolutionnaire donne une légalité et une légitimité aux acteurs élus, l'islamisme au pouvoir peut user de cette légitimité électorale pour imposer « légalement » ses propres vues de la société. Le problème ici change de nature. Car, le processus démocratique est fils de la révolution démocratique voulue et réalisée par le peuple sans aucun référent d'ordre religieux.
Ne serions-nous pas face au même processus de fascisation expérimenté en Europe entre les deux guerres ? Au XXI° siècle, un système non-démocratique pourrait-il naître du jeu démocratique ? Le peuple qui a abattu une dictature érigée au nom des hommes peut-il accepter le travestissement du système, l'instrumentalisation de la révolution pour imposer une dictature au nom de Dieu ? Une force politique demeure-t-elle légitime si elle s'écarte des « objectifs de la révolution », étant entendu que la révolution a appelé à la liberté, à la dignité, à la justice et à l'égalité ?
Les exigences démocratiques
Il est clair que le mouvement Ennahdha vit un dilemme entre le ralliement à une opposition interne qui s'accroche à une orthodoxie largement dépassée et la prise de position claire contre les velléités des wahhabites et de Hizb attahrir. Le mouvement ne montre pas, pour le moment, d'empressement à agir contre les actions hors-la-loi menées dans les mosquées, dans les lycées, dans les universités ou dans l'espace public par des groupes qu'on désigne commodément par « salafistes ». Ces derniers constituent un réservoir de voix à ménager. Des considérations électoralistes sont légitimes quand le socle du contrat social démocratique n'est pas mis en cause.
Cependant, pour s'insérer pacifiquement dans le jeu démocratique, Ennhdha a besoin de mettre à niveau sa doctrine politique et sa référence religieuse aux exigences de la vie démocratique qui est l'aboutissement naturel de la révolution de 2011.
A l'évidence, Ennahdha au pouvoir ne s'attaque pas à l'héritage dictatorial du RCD. Elle se nourrit même de certaines lois liberticides promulguées après le 7 novembre 1987 et attaque les avancées modernes du pays. Les tentatives feutrées de reproduire l'ancien régime de gouvernance, au nom de « la période de transition », risquent de cabrer la société et d'instaurer des lignes de fracture dangereuses pour la stabilité du pays.
C'est au mouvement islamiste de faire sa mise à niveau démocratique, d'exprimer clairement, par les mots et par des actes concrets, son adhésion au contrat social démocratique qui s'articule autour de l'instauration pacifique d'un Etat de droit, d'un système politique et culturel pluraliste qui respecte l'indépendance de la presse et de la justice, et enfin d'un système de libertés.
Par-delà les désirs et les aspirations des uns et des autres, le pays a besoin de règles démocratiques, de modes de régulation des conflits, du respect des règles du vivre-ensemble. Un double défi est lancé au pays. Le premier défi pour la mouvance islamiste est de savoir respecter la modernité de la société où elle est enracinée, d'accepter la différence et de jouer le jeu démocratique pacifiquement. Le second défi s'adresse aux mouvements et partis laïcistes. Ils doivent savoir intégrer la composante islamique de notre culture dans la refondation de leurs politiques et de leurs alliances et apprendre à vivre ensemble avec une différence islamiste.


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