Qui aurait cru qu'en Tunisie, pays de la civilisation, de la culture et de l'ouverture, des artistes et des hommes de théâtre seraient un jour agressés et insultés devant le théâtre municipal, place symbole de la révolte contre le régime dictatorial de Ben Ali et lieu sacré de rencontre, de contestation et de manifestations dans Tunis post-révolution ? L'occasion était justement une manifestation pour célébrer la journée internationale du théâtre. Une fête en somme tournée au cauchemar parce que par malheur ou par une bizarre coincidence, des organisations salafistes étaient autorisées à manifester durant la même journée et sur la même avenue. Evidemment les deux groupes ne devaient pas se côtoyer, le ministère de l'Intérieur ayant délimité à chacun son territoire mais que veut-on, les salafistes, passés maîtres dans l'art de la provocation, envahissent la place pour déverser leur haine faisant fi de la loi, des libertés individuelles et du droit. Cet épisode n'est qu'une suite à une longue série d'autres provocations pour imposer par la force une vision rétrograde et une certaine lecture de la Chariaâ complètement étrangère à la société tunisienne. La question qui est en droit d'être posée, pourquoi les salafistes accélèrent-ils la cadence sans se soucier aucunement des conséquences de leurs actes ? Se sentent-ils au dessus de la loi ou trouvent-ils dans le laxisme des autorités une autorisation tacite d'agir dans l'impunité ? La balle est aujourd'hui dans le camp du gouvernement qui doit absolument concrétiser ses paroles en actes. En attendant les salafistes continuent de faire main basse sur les mosquées et les agresseurs des journalistes, des intellectuels et des artistes continuent de courir.