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Ils n'ont pas lu ni vu Shakespeare! Après l'Horloge, les salafistes s'en sont pris aux artistes: «La beauté saisit le Divin, comme la spiritualité saisissait le Sacré», André Malraux
L'Avenue Habib Bourguiba, a été, le dimanche 25 mars 2012, le théâtre de heurts violents entre deux antipodes : salafistes et artistes. Le théâtre municipal en était témoin et décor. Quand les premiers, Front tunisien des associations islamiques et leurs disciples, réclamaient l'application de la Chariâa dans la nouvelle Constitution et dénonçaient le sacrilège du livre saint; les seconds, Association Tunisienne du Théâtre et artistes fêtaient la Journée internationale du Théâtre. Deux thèmes totalement paradoxaux qui résument une Tunisie en ébullition. Jusque-là, tout va bien. Le jeu démocratique veut que tout un chacun exalte et évacue ses convictions et ses idéologies. Mais quand les deux manifestations, l'une théologique et l'autre artistique ont lieu le même jour au même endroit, avec le risque que cela dégénère, là, la question se pose. Comment se fait-il que le ministère de l'Intérieur ait pu donner l'autorisation à deux évènements aussi antagoniques, aux risques et périls des uns et des autres ? Inadvertance de la part des forces de l'ordre? Le mal est fait et les affrontements ont bel et bien «bousillé» la célébration artistique malgré la présence du comité d'organisation du Front tunisien des associations islamiques qui ont été dépassés par la violence des leurs. La Bonbonnière, théâtre dans le théâtre… A vrai dire, depuis la veille de la «sainte» Révolution, la Bonbonnière était le lieu quasi-sacré de tous les chamboulements et les élucubrations qui ont tiraillé le pays. On s'est pris pour habitude, de manifester sur les marches du théâtre municipal, dont les murs étaient peints et auréolés par les tags et les images d'un art nouveau, l'art pictural de la Résistance. Manifester devant la Bonbonnière était devenu, alors, un rituel ressassé comme un leitmotiv. Sauf que cet endroit, édifice centenaire et emblème de l'art; il fêtera ses 110 ans, cette année; a été attaqué hier, à coup d'œufs et de bâtons. Au résultat des courses : fenêtres d'affichages saccagées, murailles salies par les œufs et artistes affolés. Les «24h00 de Théâtre non-stop» furent donc interrompus dans un chaos pour le moins que l'on puisse dire, affligeant. Clivage et amalgame entre l'art et le divin De part et d'autre, on scandait des slogans. «Le peuple veut du théâtre», «Le peuple veut l'application veut l'application de la Chariaa», «Non à la gouvernance du peuple, oui à celle de la Chariaa». L'Avenue ne sut plus sur quel pied danser… Et la collision ne se fit pas attendre. Dans les environs de 13h, des salafistes fanatiques, dont l'art est synonyme de profanation, quittèrent les «frontières» légales de leur rassemblement et infestèrent l'Avenue intimant artistes et comédiens de quitter les lieux. Ces derniers, pris au dépourvu, ont tenté de dissuader calmement «le camp adverse» et de leur faire comprendre qu'il s'agissait plutôt d'un évènement culturel d'ores et déjà organisé et non d'une provocation contre la manifestation du Front tunisien dans associations islamiques. Sourds au discours des artistes, un bon nombre de salafistes attaquèrent les comédiens et tous les présents devant le théâtre municipal. Les forces de l'ordre ont intervenu, au départ, afin de maîtriser la situation et protéger les artistes, ils ont lâché prise et baissé les bras, par la suite. Agressés par les fanatiques, les comédiens et hommes de théâtre, se sont réfugiés dans l'habitacle de la Bonbonnière, les passants, témoins et spectateurs de cette tragi-comédie, il faut dire que c'est la Journée internationale du théâtre et qu'ils ont été bien servis, apeurés et attaqués, se sont éparpillés Certes, le ministère de l'Intérieur avait tracé les limites de chacune des manifestations, celle du Front tunisien des associations islamiques devait avoir lieu entre la station TGM et la Place du 14 janvier, alors que celle de l'Association tunisienne des diplômés des instituts de l'art dramatique se passait tout au long de l'Avenue Habib Bourguiba et devant le théâtre municipal. Néanmoins, ne fallait-il pas mieux éviter de jouer avec le feu ? N'est-il pas encore prématuré de compter sur la maturité citoyenne d'un peuple qui commence à peine à faire ses premiers pas dans l'apprentissage de la démocratie ? Melek LAKDAR
Le Saint-Coran déchiré! Dans la nuit du 26 mars 2012, un individu aurait pénétré dans la mosquée se trouvant à l'avenue de France et aurait profané plusieurs exemplaires du livre saint. Pris en flagrant délit par l'Imam de ladite mosquée, l'énergumène a tenté de filer à l'anglaise. Or, poursuivi par l'Imam, qui a, entre temps, interpellé la police, notre homme a pu être arrêté par une patrouille alertée de cet acte impie. Pour l'instant, le profanateur est en détention, en attendant le verdit du Ministère Public. Les blessés de la Révolution et les familles des martyrs appellent au limogeage du ministre des Droits de l'Homme Hier, un rassemblement a eu lieu devant le ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle. Plus d'une quarantaine de protestataires, blessés de la Révolution et familles de martyrs ont manifesté pour crier leur rage quant à leur situation et à la marginalisation de leur dossier de la part du ministère. N'ayant pas reçu la seconde tranche d'indemnité, ils vivent leur situation comme une grave humiliation à leur dignité et une entrave à leur condition d'être humain. Il est à souligner que certains d'entre eux, sont dans un piteux état et sans couverture sociale ou prise en charge étatique sérieuse. Le mécontentement a atteint son paroxysme quand le responsable des dossiers des blessés, après s'être entretenu avec le ministre Samir Dilou, leur a annoncé que la liste finale des blessées de la Révolution n'a pas encore été finalisée. C'est à ce moment-là que tous les présents ont crié le fameux et célèbre «Dégage» au ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle.