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Bourguiba, le bâtisseur et l'homme des paradoxes
Controverses autour d'un personnage, désormais mythique
Publié dans Le Temps le 07 - 04 - 2012

Hier, 6 avril 2012, la Tunisie a célèbré le douzième anniversaire de la mort du leader Habib Bourguiba, premier président de la République , leader de la lutte de libération nationale et héros de l'indépendance conquise grâce aux sacrifices consentis des combattants appartenant à une génération d'une autre étoffe et d'une autre époque pour qui l'amour de la Patrie était plus fort que de soi-même.
Il est le fondateur de l'Etat moderne. Parmi les priorités de son action politique figuraient le développement de l'éducation, la défense de l'égalité entre hommes et femmes, le développement économique et une politique étrangère équilibrée, ce qui le distingue et en fait une exception parmi les dirigeants arabes. Ceci n'empêche pas qu'il cultive en lui-même un narcissisme conjugué d'un culte de la personnalité autour de sa personne. Il porte alors le pseudonyme de « Combattant suprême ». Et, il a instauré un régime de parti unique pendant une vingtaine d'années. Douze ans après son décès, Bourguiba inspire plusieurs franges de la classe politique tunisienne.
Sadok Bellaïd (Constitutionnaliste): «Un homme très intègre »
Habib Bourguiba représente un modèle de société qui a eu des hauts et des bas dans l'application. Il reste une référence pour la Tunisie. C'est un homme très intègre, très au fait de l'analyse de la société tunisienne. Ce qui le place dans la classe des hommes d'Etat d'exception. Ce n'est pas un homme politique. C'est un homme d'Etat. Il a un profil qui reste aujourd'hui dans cette ère d'incertitude, une étoile polaire dans l'horizon tunisien.
Emna Mnif (Kolna Tounes) : «La référence au bourguibisme ne peut pas être une référence abstraite et nostalgique»
Bourguiba représente une page importante de l'histoire de la Tunisie. C'est l'expression politique d'un mouvement réformiste auquel il croyait fermement et qui était favorable à l'émancipation de la femme. Son engagement fut un pari qu'il a réussi en faveur de l'émancipation de la femme qui est l'aboutissement du courant réformiste. Sa témérité politique lui a permis d'introduire les réformes dans les mœurs longtemps demeurés archaïques. Habib Bourguiba a marqué de son empreinte l'histoire de la Tunisie dans la période de la lutte nationale et la construction de l'Etat moderne. Il fut à l'origine de la généralisation de l'enseignement et l'accès à la santé. La Tunisie a aujourd'hui des acquis dus en grande partie à Bourguiba. C'était aussi un despote éclairé. Un despote quand même. Il n'était pas un démocrate, mais il se manifestait avec un charisme exceptionnel. C'est ce qui a fait le lit de la prise de pouvoir par Ben Ali qui était un despote mafieux. Il faut toujours assumer son histoire avec ce qu'elle a de bon et de moins bon. On ne peut écrire l'histoire sans être objectif. Ce n'est pas une lecture nostalgique de l'histoire qui permet de construire l'avenir. La référence au bourguibisme ne peut pas être une référence abstraite et nostalgique. Il a ses côtés positifs et négatifs.
Samir Taïeb (porte-parole de la VDS) : «Sa conception de la politique et la démocratie reste une tâche noire »
C'est le leader du Mouvement national et le bâtisseur de l'Etat national. Il y a une tendance bourguibienne aujourd'hui. Toutefois, sa conception de la politique et de la démocratie reste la tâche noire de Bourguiba et du bourguibisme. C'est à travers ces troix axes qu'il faut approcher le bourguibisme.
Jawhar Ben M'barek (Dostourna) : «Il avait un projet pour la Tunisie »
C'est un personnage historique, un homme d'Etat qui a construit l'Etat moderne. Il avait un projet et un modèle avant-gardiste pour la Tunisie. En même temps, il est un personnage doublé d'un homme à controverses. Dans son bilan, figurent des points positifs considérables mais aussi des points négatifs. C'est un homme qui avait un projet moderniste pour la Tunisie. Il a fondé les bases de l'Etat tunisien à une époque où la société était très fragile. Il a fait progresser la société sur le plan social, politique et culturel. Il a fait des choix stratégiques dans l'enseignement et l'administration. Il a accepté de permettre une continuité par rapport à la philosophie administrative de l'époque coloniale. Il s'agit d'une administration dotée d'un cadre institutionnel et bureaucratique nécessaire et fonctionnel. Sur le plan stratégique, ce choix a beaucoup servi la Tunisie. Réforme après réforme, l'administration tunisienne est devenue très performante. Les bons résultats de cette vision stratégique de Bourguiba ont été vérifiés après la Révolution. L'administration a continué à assurer un fonctionnement normal de ses services, au moment où les institutions politiques sont parties en fumée. Cette administration bien structurée a été fort utile. Concernant la condition de la femme, Bourguiba avait une vision stratégique, sociale, économique et structurelle de la société tunisienne. Son plan touchait tous les rouages. En matière de planning familial, il avait une politique stratégique qui a permis à la Tunisie d'avoir un accroissement démographique somme toute gérable. En 1976, la Tunisie et la Syrie avaient chacune 6 millions d'habitants. Aujourd'hui, la Surie en a 18 millions et la Tunisie 10 millions. Bourguiba avait une stratégie globale qui dépassait la condition de la femme pour atteindre la structure de la société.
Par contre, d'un autre côté, Bourguiba avait un pouvoir très fort. Il a instauré le système de parti unique qui a fait son temps pour devenir à la longue impopulaire, sclérosé et incapable d'évoluer. On sait que le système de parti unique détruit les fondements de l'Etat moderne. C'est ce qui se passe maintenant, plusieurs Tunisiens et Tunisiennes font l'amalgame entre la dictature, la corruption et la modernité. Bourguiba est l'homme du parti unique, responsable du délabrement de l'Etat moderne qu'il avait, pourtant bâti. Sur le plan personnel, il m'a privé de mon père durant des années. Je ne peux être objectif.
Mohsen Marzouk (militant des Droits de l'Homme) : «Le génie de la Tunisie dans sa quête de consensus»
Nous devons poursuivre les aspects positifs de la politique de Bourguiba et mettre fin aux aspects négatifs. La Tunisie a une seule histoire. C'est une grande bâtisse qui se construit pierre par pierre. Il ne faut pas permettre aux opportunistes de se ressusciter après avoir participé à la mise à mort de Bourguiba. Il faut faire en sorte que son héritage positif soit un stimulant pour les hommes d'honneur. D'ailleurs il n'y a pas une seule famille politique en Tunisie qui puisse s'imaginer ennemie de Bourguiba, non en tant que personne, mais en tant qu'étape de l'histoire de la Tunisie. Toutes les familles politiques reproduisent d'une manière ou une autre l'équation civilisationnelle de Bourguiba permettant un équilibre politique et culturel. C'est ce qu'on appelle consensus. C'est le côté médian, modéré et l'option pour la politique des étapes de la vision bourguibiste. C'est le génie de la Tunisie dans sa quête de consensus entre les familles politiques.
Hassine BOUAZRA

En présence du Président de la République
Cérémonie de recueillement au carré de la famille Bourguiba
Une cérémonie de recueillement a été organisée, hier, au carré de la famille Bourguiba à Monastir, en commémoration du 12ème anniversaire du décès du Leader Habib Bourguiba.
Le président de la République provisoire Moncef Marzouki, a déposé, à cette occasion, une gerbe de fleurs au mausolée du Leader et a récité la Fatiha à sa mémoire.
A son arrivée au cimetière, M.Marzouki a salué le drapeau au son de l'hymne national avant de passer en revue un détachement des trois armes qui lui rendait les honneurs.
Il a, ensuite, serré la main de militants et de personnalités du gouvernorat de Monastir ainsi que de proches du défunt, avant de visiter le musée Bourguiba qui comprend ses ouvrages, ses habits, ses photos et ses documents personnels.
Des foules de citoyens et citoyennes se sont massées des deux côtés de l'Esplanade menant au mausolée pour prendre part à la cérémonie de recueillement.
Au palais de Skanès, le Président de la République a pris connaissance des composantes de la station touristique de Skanès, dont la réalisation est confiée à la Société d'études et d'aménagement Skanès-Monastir. Il s'est enquis, par la même occasion, de la situation foncière des jardins de Skanès relevant du ministère des Domaines de l'Etat.
M. Moncef Marzouki a pris connaissance, également, du plan d'aménagement du palais du marbre "Beit Bourguiba" (La maison de Bourguiba), qui sera réalisé par l'Institut national du patrimoine avant de visionner un film documentaire sur ce projet dont l'achèvement de la première tranche est prévu pour le 30 juillet prochain. Le parachèvement de la partie extérieure comportant la restauration des parcs et des fontaines est prévu pour début 2013.
Dans une déclaration à la presse, M.Marzouki a souligné que le peuple tunisien a réhabilité le Leader Habib Bourguiba après le 14 janvier, indiquant qu'il est impératif aussi de reconnaître le rôle des militants qui se sont sacrifiés pour l'Indépendance de la Tunisie notamment les yousséfistes. Il a appelé, à cette occasion, à l'écriture de l'histoire de la Tunisie de façon objective.

Vient de paraître
Bourguiba à l'épreuve de la Démocratie (1956-1963)
La militante des droits de l'homme et féministe Noura Borsali, vient de publier une deuxième édition complétée et enrichie de son livre « Bourguiba à l'épreuve de la Démocratie 1956-1963 ». C'est un livre qu'elle avait écrit à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de notre pays (1956-2006). Ce travail lui a permis de « fouiner avec passion, dans les pages jaunies de notre Histoire et a réuni, dans une même démarche, le travail du journaliste et celui de l'historien».
L'ouvrage comporte cinq parties enrichies d'interviews et de témoignages vivants et dans lesquelles il relate les premières élections de la Tunisie indépendante, les fellagas et la lutte armée, la mise au pas des organisations nationales et de la société, le pouvoir personnel à l'épreuve de la liberté de presse, le complot de décembre 1962 et l'institutionnalisation du parti unique. En fin la postface très émouvante est intitulée Bourguiba et nous ou « la confusion des sentiments ». Des témoignages très touchants d'anciens prisonniers politiques comme Ahmed Othmani, Noureddine Ben Khedher… sont à lire. C'est un livre riche en témoignages dont l'auteure s'est penchée sur une période qui nécessite de grandes investigations et recherches.
H.B

Les derniers jours du «Combattant suprême»
• Bourguiba : «Les gens de ma trempe, ne courent pas les rues»
Début avril 2000, Bourguiba était sur son lit de mort, presque agonisant, mais passait par des moments de lucidité. Se réveillant tout d'un coup de sa profonde léthargie, il réclama à l'infirmière de service un verre d'eau. Celle-ci s'empressa d'acquiescer à sa demande. Désaltéré, Bourguiba lui remit le verre à moitié plein, et lui lança : Yerham Weldik » expression bien de chez nous pour manifester sa gratitude. L'infirmière émue éclata en sanglots avant de lui dire :
« Que ne ferait-on pas pour en savoir gré au combattant suprême qui a fait tant pour la Tunisie ! »
Les paroles de cette infirmière étaient sincères, spontanées, car nullement intéressées. D'autant que le combattant suprême a été mis aux oubliettes, depuis le 7 novembre 1987 jour où il a été déposé par Ben Ali.
Celui-ci a tout fait, ses hommes de mains y aidant pour taire les réalités sur ce personnage hors pair, et falsifier l'histoire.
Maintenant que la Tunisie s'est libérée du joug de ce dictateur, il est opportun de réécrire l'histoire, afin de rendre à Bourguiba ce qu'il lui appartient, avec un bilan objectif et sincère. Car il est incontestable que Bourguiba a fait l'histoire de la Tunisie libre et moderne, avec à son passif une certaine répression dont il faut analyser les vrais tenants et aboutissants.
Il ne s'agit donc pas de faire son apologie, ou de le dénigrer, comme a fait le parti Ennahdha à travers l'article paru hier, en commémoration du 6 avril, date de sa mort. A lire cet article on croirait que Bourguiba n'a rien fait pour la Tunisie. Nier les réalisations de cet homme c'est détourner sciemment l'histoire, comme l'a fait d'ailleurs le président déchu.
Qui a aidé la femme à se libérer sinon Bourguiba ? Durant la période coloniale, il ne cessa de la soutenir à l'occasion des différentes manifestations auxquelles elle a pris part avec courage et véhémence. Il l'a exhortée à garder le voile afin de s'affirmer à cette époque où les femmes européennes étaient favorisées par les autorités coloniales. Mais dès l'aube de l'indépendance il l'a l'incitée à l'enlever, afin de consolider sa libération. Il a également œuvré à préserver les droits de la femme et de la famille en instituant le code du statut personnel, par lequel elle devient l'égale de l'homme en droits et en devoirs.
Qui a par ailleurs, décrété que l'enseignement devienne obligatoire, en instituant des écoles dans les patelins les plus éloignés du pays. Nos aînés racontent qu'il a obligé les parents à envoyer leurs enfants à l'école, manu militari.
Les années 1960 étaient celles de l'émancipation de la Tunisie sur le plan culturel, malgré les difficultés économiques et les différents problèmes qu'il y avait sur le plan politique. Mais pour un pays en gestation, les choses n'allaient pas trop mal. Ce ne fut qu'à la fin des années 1960 que de sérieux problèmes s'étaient posés tant sur le plan économique que politique, alors que l'état de santé de Bourguiba commençait déjà à se détériorer. Il a fallu, l'intervention de Hédi Nouira, nommé premier ministre à la place de Behi Ladgham, au début des années 1970, pour sauver la situation sur le plan économique et redonner confiance aux investisseurs lesquels avaient été échaudés lors de la période du collectivisme.
Des erreurs ? Bourguiba en a fait comme tout le monde, car après tout,ce n'était qu'un être humain. Il faudrait certes en parler avec objectivité, et non avec des préjugés défavorables, car tous les grands hommes qui ont oeuvré pour la libération de leurs pays en ont fait.
Des qualités ? Elles sont nombreuses chez cet homme qui s'est sacrifié pour la libération du pays, et qui a tout fait pour libérer les esprits des préjugés et combattre les mentalités figées, obscurantistes et génératrices de discorde et de trouble de toutes sortes.
Il est parti en laissant dans son compte quelques milliers de millimes, même pas de quoi acheter une petite maison de campagne.
Il est d'ailleurs parti pour sa dernière demeure, de la maison de ses ancêtres à Monastir. Il ne donnait pas d'importance à l'argent et à la fin de sa vie il ne savait pas évaluer les prix des palais et des villas somptueuses que certaines personnes parmi ceux qui formaient sa cour, ont pu ériger à son insu.
Il racontait au cours des conférences qu'il avait données à la faculté des lettres, comment pour l'embobiner, on avait creusé un trou très profond, qu'on avait rempli d'eau, pour lui faire croire à un sondage et que l'endroit qu'il avait visité était fertile.
Il était encore lucide, à cette époque du collectivisme institué par Ben Salah, et il s'était aperçu après coup de l'arnaque, qu'il n'a pas manqué de dévoiler au peuple. Ce qui prouve sa sincérité.
Mais durant les manifestations du jeudi noir en 1979, il était dépassé, à cause de sa sénilité. Il a su malgré tout redresser tant soit peu la barre, à la suite des émeutes de 1984, en décrétant le retour au prix initial du pain, après que Mzali, son premier ministre en avait décidé une augmentation substantielle.
On lui montra un jour, alors que le pays était en pleine crise politique, la villa qu'a construite un des ministres corrompus. C'était dans un but de lui faire constater de visu les multiples abus qu'il y avait à l'époque. Après avoir jeté un regard sur la villa en question il s'exclama : «c'est une bâtisse qui doit coûter plus de trois mille dinars ». C'était déjà le prix du mètre carré à l'époque, dans certains endroits de la capitale.
Il est vrai qu'il ne savait pas compter. Il a simplement aimé son pays, et quand on aime on ne compte pas.
Ahmed NEMLAGHI
daassi


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