Elle était chez elle, elle n'avait jamais pensé qu'elle allait passer une nuit d'enfer. On sonne à la porte, à peine a-t-elle ouvert qu'un individu la pousse fermement et pénètre à l'intérieur. Le visage ensanglanté. Elle a refusé de le recevoir et le priait de partir. Mais le bonhomme comptait bien passer un bon moment. Il s'agit d'une de ses connaissances. Il lui avait promis le mariage mais à chaque fois il faisait retarder les noces jusqu'à ce que la fille ait perdu patience et l'a prié de ne plus la contacter. Le soir des faits elle l'avait prié de partir mais sans aucun résultat ce qui l'a obligée à demander l'aide d'un voisin, un jeune homme bien bâti. Le temps qu'il sortait de chez lui, traversait une ruelle et le voilà à l'intérieur de la maison. A la vue de l'intrus, le sauveur a sauté sur lui et l'a tabassé. Il a tellement cogné qu'il lui a laissé des dégâts corporels assez visibles. L'intrus a perdu définitivement un œil. Une fracture au niveau du sinus et a également perdu plusieurs dents.
Il fut jeté dehors mais a pu se tenir debout assez difficilement puis s'est dirigé au poste de police du quartier où il a déposé plainte contre ses agresseurs qu'il a nommés. La fille et son voisin. A la vue de son état, les policiers l'ont conduit de suite à l'hôpital où il a été admis au service des soins intensifs. Malheureusement il est sorti avec une incapacité physique évaluée à 25%.
La fille ainsi que son protecteur ont été convoqués pour les besoins de l'enquête. Ils ont déclaré que le plaignant est venu dans le but d'agresser et peut-être violer la fille. Devant son refus de quitter son domicile elle a fait appel à son voisin qui est venu sur le champ dans le but de la secourir, seulement il a dépassé les limites d'autant plus que le visiteur était dans un état d'ébriété manifeste.
A la fin de l'enquête la fille a été laissée en liberté provisoire tandis que son sauveur a été incarcéré.
Ils ont été traduits devant la 5ème chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis. Lors de leur première comparution, ils ont été interrogés par le juge. Ils ont déclaré qu'ils n'avaient pas l'intention de lui causer une incapacité physique mais devant son refus de laisser la fille tranquille, ils étaient obligés de le pourchasser en utilisant la force. Le jeune homme inculpé de grave agression a déclaré qu'il lui a asséné un seul coup de poing.
Au cours de la journée d'hier, ils ont de nouveau comparu pour permettre aux avocats de plaider.
Une avocate a longuement plaidé en faveur du jeune homme déclarant que cette affaire lui est tombée sur la tête sans qu'il n'y soit pour rien à part le fait d'avoir voulu secourir sa voisine. Elle a expliqué qu'un coup de poing ne peut pas causer toutes ces blessures et que l'intrus s'est présenté au domicile de la fille en état d'ébriété avec du sang sur le visage ce qui explique qu'il ait été agressé antérieurement. L'avocate a demandé le minimum de peine pour le jeune homme d'autant plus que le plaignant s'est désisté des poursuites. Il s'est désisté après avoir accepté l'équivalent de 7000 Dinars, suite à un accord avec la famille du jeune homme. L'étonnant c'est qu'après avoir accepté le compromis il est revenu à la charge demandant un dédommagement de l'ordre de 30.000 Dinars. Ce qui prouve une mauvaise foi manifeste.
Pour conclure l'avocate a demandé le minimum de peine pour son client.
L'avocat de la jeune fille a plaidé en faveur de sa cliente en déclarant que d'une situation de victime elle devient impliquée dans une affaire d'agression grave ayant abouti à une incapacité physique alors qu'elle n'a même pas touché le plaignant. Il a expliqué que sa cliente a fait preuve de patience car elle a été importunée à plusieurs reprises. Parmi les preuves retenues figure le harcèlement continu et le fait d'avoir demandé sa main alors qu'il était déjà marié. Pour toutes ces considérations, il a demandé l'acquittement.