L'Association Tunisienne de l'Equilibre Familial (ATEF) vient d'organiser à Nabeul un séminaire sur le thème de la Toxicomanie en Tunisie à l'intention des étudiants de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestions de Nabeul, en collaboration avec l'ATIOS (Association Tunisienne d'Information et d'Orientation sur le Sida) Il va sans dire que le phénomène de la toxicomanie a pris de l'ampleur ces derniers mois, notamment depuis la Révolution, en raison du désordre qui a sévi dans le pays et qui a permis au trafic de stupéfiants de prospérer, ce qui a multiplié le nombre de consommateurs parmi la population jeune, si bien que les médias ne cessent d'en parler, chaque fois que des trafiquants sont tombés entre les mains de la police. Ce phénomène a été un sujet tabou sous l'ancien régime et il reste encore sous-estimé de nos jours ; les chiffres erronés fournis à l'époque ne reflétaient pas réellement l'état des lieux. Vu les proportions alarmantes que prend la toxicomanie dans le pays, il est temps de tirer la sonnette d'alarme, et psychologues et sociologues doivent se pencher sur ce fléau pour mener des enquêtes sérieuses et approfondies sur la question, afin d'avoir une idée claire sur la réalité des choses et en établir les solutions adéquates. Au cours de ce séminaire, Dr Samir Bouarrouj de l'ATIOS a présenté deux communications : la première a porté sur la toxicomanie en Tunisie : réalité et causes ; la seconde sur la stratégie nationale de lutte contre la toxicomanie. Chiffres à l'appui, il a fourni des statistiques révélant qu'en Tunisie 10 000 toxicomanes UDI (Usagers de Drogue Intraveineuse) sont recensés, dont 39% de personnes portant le VIH en Tunisie sont toxicomanes, 3% des UDIS sont VIH/ SIDA positif et 29% des UDI ont l'hépatite C. Il a également présenté les différentes causes qui poussent les jeunes ou autres personnes à s'adonner à la drogue, dont la carence affective, la maladie mentale, les facteurs psychologiques (éducatif, familial…), la pauvreté, le chômage, les problèmes sociaux, l'environnement familial… il a rappelé que malgré la loi et les textes législatifs régissant la question, la situation reste gênante et mal maîtrisée, eu égard à la carence dans les structures de prise en charge, sachant que le Centre Amal de Djebel Ouest qui ne compte que 44 lits est fermé depuis un an, idem pour le Centre TINA de Sfax. C'est que, a-t-il fait remarquer, la société ne vient en aide à ces toxicomanes que timidement et les actions menées dans ce sens laissent toujours à désirer. Quant aux solutions envisagées, Dr Samir Bouarrouj a préconisé l'adoption d'une stratégie nationale de lutte contre la toxicomanie en vue de lutter contre ce fléau menaçant et qui rend la mort des usagers de la drogue en Tunisie de 5 à 10 fois plus fréquente. En outre, au cours de ce séminaire, il a été procédé aux témoignages de deux anciens toxicomanes qui ont parlé de leur expérience respective en indiquant les causes qui les ont poussés à la consommation de la drogue, comment ils ont pu sortir de cette addiction et comment ils essaient actuellement d'aider les jeunes toxicomanes.