Contrairement à ce que l'on affirme, il ne fait pas ni très ni trop chaud en avril dans le Sud. La meilleure preuve en est qu'une Association organise chaque année une grande « méharée » dans l'Erg, à la mi-avril, à partir de Douz ! Il ne faut pas craindre non plus « la saison des vents de sable ». Il y en a parfois en avril, pas plus que durant le reste de l'année et ce n'est pas le Simoun capable d'ensevelir toute une caravane. Les nombreux visiteurs, propriétaires ou locataires de véhicules 4x4, venus durant les derniers congés de mars ne nous contrediront pas. LES CHARMES DU SUD Douz est la porte de l'Erg mais elle ne manque pas d'attraits pour retenir les visiteurs. Certes, la récolte des dattes est finie mais les palmeraies sont là, fraîches et animées par les roucoulements des tourterelles. La chaleur n'a pas encore desséché le chott et les petites oasis : Nouil, Touiba, Zarsime, Blidet qui prospèrent au bord de l'eau ont un charme particulier. Les premières dunes sur la route d'El Faouar, la première impression de solitude saharienne à Sabria ou à El Aouinet proches du petit chott et Toual ainsi que les étendues salées bordées de salicornes du chott Regoug au Sud-Est ou du « bassin d'épandage » de l'Oued Tarfa qui est parfois un immense « pâturage » à dromadaires ne sont pas dépourvues d'intérêt. Douz offre un large éventail d'hôtels et de restaurants à même de satisfaire toutes les bourses. Cette ville pourrait être, à notre avis, un haut lieu du tourisme régional qui pourrait intéresser aussi bien les treckistes que les automobilistes. Ils pourraient y séjourner bien plus longtemps qu'ils ne le font en ce moment. RAIDS EN AUTO Nous pensons qu'en véhicules 4x4, on va trop vite et on n'a pas le temps de connaître la région et ses habitants. Qui vous expliquera que le palmier n'est pas un arbre mais une « herbe » qu'on ne plante pas avec un noyau ? Prendrez-vous le temps de déguster un verre de « legmi » frais et encore doux ? Qui vous racontera l'histoire des tribus Merazig dont certains clans continuent à « nomadiser » dans l'Erg ? Bien sûr le voyageur pressé peut, en quelques jours, parcourir les centaines de kilomètres séparant Douz, Bir Ghezène, Bir Soltane, Ksar Tarcine, Ksar Ghilane et revenir à Douz. Il peut aussi parfaitement foncer jusqu'à Timbaïn et plus loin encore, durant un week-end. On peut envisager, sans problème, d'aller au Sud de Réjim Maatoug vers Bir Torkia ou Bir Choueia où l'eau est, paraît-il, très bonne. Mais nous préférons prendre le temps de connaître le désert, disons l'Erg, autrement que dans un gros 4x4 climatisé, aux vitres teintées. C'est encore possible au printemps et plus agréable car les plantes et les animaux n'ont pas encore souffert des chaleurs de l'été. MEHAREES DANS L'ERG Il existe à Douz et dans la région des « guides », propriétaires de dromadaires, capables d'organiser de superbes « méharées ». Elles nécessitent un minimum d'entraînement car monter à dos de dromadaire n'est pas « immédiat ». Les étapes peuvent être de l'ordre d'une vingtaine de kilomètres quotidiens, sans problème puisqu'au bout d'une heure de marche, on se repose sur son dromadaire. Essayez de nous expliquer pourquoi les pieds du guide et ceux des animaux, bien plus lourds qu'un homme, se posent SUR le sable alors que nous nous y enfonçons jusqu'aux chevilles ! Les pistes des « méharées » vers Timbaïn et Ksar Ghilane ne présentent aucun danger : elles sont parfaitement connues, trop même parfois. On est obligé de s'en éloigner pour éviter les rugissements des moteurs ! Le G.P.S. et les portables assurent la sécurité. Et, une demi-douzaine d'amis, un ou deux « guides », une dizaine de dromadaires peuvent partir « à l'aventure ». Quand on est douillet, on loue les services d'un 4x4 qui apporte le matériel de camping, l'eau de la toilette et l'eau fraîche du repas, tous les soirs ! Il n'y a qu'un peu plus de 60 kilomètres entre Douz et Timbaïn en passant au pied des Jebel Barga et Jbil pour voir le plus grand Parc naturel du pays. Ensuite entre le Khechem El Maaguel, les pointes d'El Ghirane, leurs 182 mètres d'altitude et Timbaïn, il n'y a guère qu'une trentaine de kilomètres. Quand on est aventureux et qu'on a le temps, on peut, de là, rejoindre Ksar Ghilane. Plutôt que de partir en ligne droite, légèrement Est et d'avoir à traverser une zone de grandes dunes : El Klikra, Garaat El Klib et Graat Ettine, il vaut mieux, à notre avis, revenir en arrière d'une douzaine de kilomètres à partir de Timbaïn. Puis, on progresse vers Zemlet El Targui, Chebket El Garaa et ses 214 mètres, Touil El Karrouda et on recoupe la piste menant à Ksar Ghilane, d'où on rentre à Douz. Si les gazelles et les fennecs sont devenus rarissimes, scorpions, vipères, scarabées et varans se découvrent par leurs traces. Comment vivent-ils, là, sans eau ? Au creux des dunes, d'une touffe d'Azegh, un sirli du désert ou un moineau blanc s'envolent. Pourquoi faut-il que des voyageurs indélicats abandonnent souvent un sachet de déchets, des bouteilles vides et des emballages de plastique à demi-consommés ? La piste de Ksar Ghilane est parfaitement balisée à partir de Douz. On passe par la bordure Sud du Chott Regoug, Bir El Hadj Brahim, au pied du Touilet El Debabi et ses 221 mètres et les 264 mètres du signal géodésique à l'Ouest du fort romain dédié à Jupiter puisque sur le linteau de la porte d'entrée sont gravés : JOV OPT VIC MAX. Aux pas lents et balancés des dromadaires dans le silence qui s'installe au bout de quelques heures, l'impression de solitude, de « naviguer » sur la houle d'une mer de sable dont on ne voit plus la rive, les marcheurs prennent conscience de leur vulnérabilité et de fortes amitiés se nouent.