• Salma Baccar, membre du Pole démocratique moderniste, élue à l'Assemblée constituante avoue avoir craint des « esprits rétrogrades » du côté de Ben Arous où elle a présenté sa candidature. • Une femme nahdhaouie fustige Salma Baccar, critique la « nonchalance » de l'ATFD vis-à-vis des mères des prisonniers politiques du temps de l'ancienne dictature Une rencontre qui semble comme toutes celles qui se produisent un peu partout dans Tunis depuis la Révolution, avec des sujets assez intéressants et des invités qui le sont plus ou moins. La rencontre du vendredi après-midi à El Teatro avait tout d'un meeting qui fait des émules auprès de la gent féminine qui cette fois-ci a décidé de ramener à sa part belle la chose politique. L'objet de la rencontre étant d'exposer les difficultés que des femmes politiques auraient rencontrées lors de leur exercice sur l'échiquier politique depuis la Révolution. Les femmes démocrates accusées d'être non démocrates Sauf que là les discussions ont quasiment tourné à la dispute lorsqu'une femme voilée a pris la parole fustigeant, ainsi, les militantes de l'ATFD, les accusant de nonchalance vis-à-vis des mères des prisonniers politiques du temps de l'ancienne dictature. « Je n'ai pas entendu une seule fois les membres de l'ATFD dire non au dictateur déchu. Vous n'avez pas bougé le petit doigt pour soutenir les mères des prisonniers politiques. » Dit-elle. Les critiques étaient, par la suite, adressées à Salma Baccar, membre de l'Assemblée constituante qui, selon la même intervenante, aurait médit les habitants de Ben Arous qualifiant certains parmi eux ‘'d'esprits rétrogrades''. Bien avant, la cinéaste tunisienne qui représentera le PDM dans la circonscription de Ben Arous à l'Assemblée constituante a exprimé son mécontentement quant à la présence féminine ‘'infime'' à la Constituante considérant dans la foulée que le principe de la parité ne profitait pas à la femme, puisqu'on n'a pas exigé qu'elle soit tête de liste. Radhia Nasraoui, l'avocate et militante des droits de l'Homme s'est montrée réticente quant aux possibilités des 49 femmes à la Constituante à imposer leurs points de vue, d'autant plus que la majorité d'entre elles sont des nahdhaouies. « C'est encore pire si celles-ci vont s'aligner sur la politique actuelle de leur parti. » dit-elle. La femme victime de misogynie en politique La violence morale voire même physique à l'égard des femmes a été au rendez-vous lors de la période préélectorale. Et même s'il s'agit de cas isolés, il est question de les dénoncer car les talons aiguilles ne sont pas, jusque-là, les biens venus dans un terrain réservé aux hommes. Celles qui, bon gré mal gré, ont investi un domaine considéré jusque-là masculin, ont dû endurer le regard d'une société misogyne qui accepte peu, voir une femme diriger. On peut invoquer le cas de la caravane de sensibilisation dépêchée par l'ATFD qui avait pour but d'encourager les femmes à être au devant de la scène politique, à laquelle on a barré la route du côté de Mahdia. Une intervenante a même parlé d'agression physique dans un café sis dans un quartier populaire. Ses agresseurs ont considéré que cette femme a daigné chevaucher un terrain qui est les leurs. Une candidate de la liste indépendante « Notre constitution, notre avenir » a évoqué son altercation avec son collègue qui deux jours avant l'avènement des élections lui a demandé de lui céder la place en tête de liste. Ce déni de justice à son encontre a ramené ce même collègue à se refuser à un principe de démocratie, le tirage au sort. Les deux candidats à la Constituante ont fini par adopter deux listes, celle du collègue a été appuyée au grand dam de madame. Cela étant, l'échiquier politique entend être plus juste à l'égard des dames.