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La mariée fantôme
Pratiques d'un autre âge
Publié dans Le Temps le 28 - 07 - 2007

- Ségrégation sexiste et misogyne dans des noces excluant la mixité... et donc, la fête !
En apparence, c'est une noce comme les autres : musique bruyante battant son plein, voix enrayées et usées débitant les éternels refrains de circonstance, sièges pour invités-spectateurs
piste de danse où se trémoussent des femmes jeunes et moins jeunes toutes en formes et en transe et, pour couronner le tout, scène centrale où trône une mariée toute en paillettes et outrageusement maquillée... Quoi de plus typiquement tunisien ?! Mais la réalité est toute autre !
Seulement voilà, à y regarder de plus près, on s'aperçoit que ce spectacle, de la mariée aux invitées, en passant par les membres de la troupe musicale qui anime la soirée, est exclusivement féminin et que les organisateurs ont soigneusement triés les invités selon leurs appartenances sexuelles : pas l'ombre du moindre chromosome Y pubère, seuls sont tolérés les X et, bien entendu, les y « miniscules » qui n'ont pas encore coupé le cordon avec leurs X maternels.

Féminisme ou machisme... ?
En effet, dès l'arrivée, à l'entrée de la salle des fêtes, les invités subissent cet examen génétique minutieux et sont immédiatement et méticuleusement triés : si les femmes sont autorisées à voir la mariée, qui est du reste voilée, et à assister au spectacle, les hommes, eux, n'ont droit qu'aux échos et sont emmenés loin, en coulisses, derrière un rideau dont la fonction est d'interdire tout regard, discret ou indiscret, qui serait par malheur tenté de s'aventurer en territoire adverse. D'ailleurs deux ou trois familles qui n'ont pas pu digérer cette séparation forcée se sont vues « priées » de quitter la cérémonie... Elles seraient, selon les dires des concepteurs de la noce, coupables d'outrage à un mariage voulu « islamique », comme quoi ceux qu'on a toujours eu l'habitude de voir dans nos traditions matrimoniales tunisiennes seraient moins musulmans que « la Norme » ! Et l'on est vraiment en droit de se demander laquelle ...

Car, dans cette nouvelle vague qui a tendance à s'immiscer sournoisement dans les noces tunisiennes, on veille de près à prohiber toute forme de mixité et à limiter au maximum tout contact entre les deux sexes jusqu'à celui des mariés eux-mêmes. Ainsi par exemple, l'épisode, oh combien symbolique, de l'échange des anneaux et dans lequel la présence simultanée des deux partenaires, les yeux dans les yeux, en gage d'union, de complicité et de consentement réciproque est incontournable ; cet épisode est presque galvaudé car le marié ne doit pas trop s'attarder sous les regards de la gente féminine présente, sous peine de s'attirer les foudres d'on ne sait quelle colère sacrée. De plus, les yeux « virils » du photographe, supposé immortaliser la scène, contraignent la mariée à se couvrir le visage d'un voile totalement opaque qui l'aveugle en même temps qu'il la rend invisible, et c'est présente absente à la fois, en mariée fantôme, qu'elle vit ce moment phare de sa propre noce et qu'elle « comparait » en photos souvenirs.

Et, pour comble de l'ironie, si par malheur vous êtes porteuse du redoutable chromosome X et que vous avez la témérité de tendre la main au marié pour le féliciter, c'est une pauvre manche de veste que vous allez devoir serrer et qu'il vous tend de mauvaise grâce, en vous regardant de travers comme pour vous reprocher de vouloir le souiller irrémédiablement et le mener illico-presto au purgatoire !

Religion ou pure misogynie... ?
Or, même « les moins musulmans » d'entre nous savent que l'Islam n'a jamais interdit la mixité publique ni contraint la femme à se dissimuler, des pieds jusqu'à la tête, derrière mille et un voiles. Par ailleurs, cette forme sévère de ségrégation sexiste est parfaitement étrangère à nos traditions et à notre culture arabo-musulmane et tunisienne avant tout. D'ailleurs, il faut bien le dire, nous ne nous en sommes pas plus mal portés jusque-là. Pire encore, Cette tendance accrue à l'enfermement et à l'extrémisme et cette volonté de se montrer plus royalistes que le roi, « plus musulmans que l'Islam », devrait-on dire, sont même dangereuses en ce qu'elles représentent une menace aux acquis dont notre pays peut se prévaloir en matière de droits de la femme et d'égalité des sexes, autant de valeurs progressistes et modernes qui s'exercent et s'actualisent, entre autres, à travers la mixité.

Car cette ségrégation sexiste et misogyne qui s'affirme au nom de la religion et qui se donne à voir à travers ces parodies matrimoniales, dont malheureusement bon nombre de femmes sont complices, est en réalité une véritable négation du mariage et du couple. C'est une destruction pure et simple du schème dual, binaire de la société, à l'occasion même où ce schème est consacré et fêté et exactement là où l'on devrait voir concrétisées les valeurs du partenariat et de la complémentarité entre les sexes. Cela devrait inciter à s'interroger sur le rôle attribué à la femme dans le couple et sur l'image qu'on donne d'elle, de la famille et de la société en général, dans ce tableau obscur et défiguré de la culture arabo-musulmane. L'on devrait également s'interroger sur les moyens qu'il faudrait déployer pour prévenir et contrecarrer cette menace décadente et rétrograde.


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