Le bras de fer qui oppose le courant réformiste au sein du Parti Démocrate Progressiste (PDP) à la tendance conservatrice constituée de la vieille garde du parti prend une nouvelle tournure. Le mouvement réformiste mené par Mohamed El Hamdi, président du bloc démocratique comprend majoritairement des élus du PDP, à l'Assemblée constituante, a organisé, hier, après-midi, à Sousse, une rencontre nationale à laquelle ont assisté des centaines de militants du parti fondé par Ahmed Néjib Chebbi en 1983. L'ordre du jour de la rencontre qui doit s'étaler sur deux jours comprend un seul point : débattre des circonstances de la naissance du mouvement réformiste, de ses choix politiques et surtout de ses horizons futurs. «La rencontre rassemble des représentants des militants PDP qui n'approuvent pas la récente fusion entre leur parti et plusieurs autres formations, dont Afek Tounes, le Parti Républicain et le Parti pour la Justice Sociale Démocrate, et qui a débouché sur la création d'une nouvelle entité baptisée le Parti Républicain», précise Mohamed El Hamdi. Et d'ajouter: « nous allons débattre pendant deux jours de l'avenir de ce courant réformiste qui ne souhaite que ressusciter le PDP authentique et pousser ce parti qui a longtemps lutté contre la dictature à renouer avec ses principe avec ses principes fondateurs et avec son passé militant d'antan». Les réformateurs envisagent-ils de regagner le Parti Républicain pour tenter de le réformer de l'intérieur ou rompre définitivement avec ce parti né officiellement le 9 avril dernier ? «Toutes les pistes seront étudiés. Les contestataires décideront de l'avenir du mouvement réformiste en toute indépendance. Une chose est, cependant sûre : nous resterons toujours fidèles à l'héritage honorable du PDP», rétorque Mohamed El Hamdi, avouant toutefois que les tentatives de réconciliation les deux courants qui traversent le parti se sont révélées infructueuses. « Il est fort probable que l'on décide créer un nouveau parti qui serait baptisé le PDP », indique, toutefois, un autre membre du courant réformiste. Quoi qu'il en soit, une ne conférence de presse est prévue lundi à Tunis pour annoncer les résultats de la rencontre des réformateurs. La mésentente entre la tendance conservatrice et le courant réformiste au sein du PDP remonte à début novembre 2011, soit quelques jours seulement après la proclamation des résultats des élections de l'Assemblée constituante, au cours desquelles le PDP n'a réussi qu'à récolter que 16 sièges sur 217, soit 7,83 % des suffrages. Dans un rapport d'évaluation de la campagne électorale publié, les membres de l'actuel courant réformateur ont imputé la déroute électorale du parti au mauvais positionnement politique su parti, notamment celui de défendre les ex-RCDistes et de l'absence de toute volonté de rupture avec le passé. Ce rapport n'a pas été du goût de la direction historique du parti et notamment de Néjib Chebbi. Les divergences entre les deux tendances ont atteint un palier supérieur à l'occasion des élections du président du groupe parlementaire à l'Assemblée constituante, au cours desquelles Issam Chebbi et Mohamed El Hamdi ont présenté leur candidature. Sur les 16 voix, ce dernier a récolté 9, alors que le cadet des Chebbi n'a été crédité que de 5 voix. Dès lors, Mohamed Hamdi est accusé d'être «un putschiste cherchant à renverser la direction historique du parti». Mais la goutte qui a fait déborder la vase a été la « mise à l'écart » des membres du courant réformiste lors des élections du comité central lors du 5ème congrès du PDP, qui a débouché sur la naissance du Parti Républicain. Dénonçant des «abus, des irrégularités et l'absence d'une volonté de procéder aux réformes qui s'imposent pour rectifier le parcours du parti», neuf élus du PDP à l'Assemblée constituante ont annoncé, le lendemain du congrès, le gel de leurs activités au sein du parti. Il s'agit de Mohamed Hamdi, Mohamed Baroudi, Mehdi Ben Gharbia, Mohamed Néji Gharsalli, Moncef Cheikhrouhou, Mohamed Kahbich, Najla Bouryal, Mohamed Khili et Chokri Gastli. Quelques jours plus tard, 78 militants de l'organisation des jeunes, 33 membres de la fédération de Gafsa et treize membres du Bureau régional de Médnine du PDP ont, à leur tour, annoncé la suspension de leurs activités. D'autres militants sont venus renforcer les rangs des mécontents plus tard… En réaction à cette vague de contestations, les dirigeants du PDP ont tenté de minimiser la gravité de la situation. «Le congrès était une réussite et les élections s'étaient déroulées dans des conditions de transparence et de démocratie », avait affirmé Maya Jeribi, secrétaire général du Parti Républicain, qualifiant les réformateurs de « mauvais perdants qui ne voulaient pas accepter les résultats des urnes».