• «Marzouki, un président sans pouvoir» selon un membre du bureau politique La guerre fratricide qui a éclaté au sein du Congrès pour la République (CPR) depuis le 19 avril dernier, date du limogeage du secrétaire général du parti Abderraouf Ayadi par la majorité des membres du Bureau politique, vient de prendre une nouvelle tournure. A l'issue d'une réunion des représentants des bureaux régionaux du CPR en Tunisie et à l'étranger, tenue dimanche à Kairouan, la tendance réformiste du parti menée par Abderraouf Ayadi a appelé les huit membres du Bureau politique ayant démis le secrétaire général de ses fonctions et les membres de l'équipe gouvernementale à démissionner du CPR dans un délai de 48 heures.« Ces gens ne peuvent plus prétendre parler au nom du parti. Nous souhaitons voir le CPR renouer avec ses principes fondateurs alors que les membres de l' équipe gouvernementale souhaitent transformer ce parti qui n'a jamais fait des compromis du temps de la dictature de Ben Ali en un wagon rattaché au train d'un autre parti en contre-partie de miettes de pouvoir»», a déclaré Abderraouf Ayadi , à l'ouverture de cette réunion, évoquant ouvertement l'allégeance de ses détracteurs au parti islamiste Ennahdha, vainqueur des élections du 23 octobre dernier. Co-fondateur du CPR et avocat défenseur des droits de l'Homme ayant connu les affres de la prison sous le règne de Ben Ali, M. Ayadi a également fait savoir que « l'intérêt se porte sur la création d'un nouveau parti qui garde l'esprit et les principes fondateurs du CPR au cas où les membres de l'équipe gouvernementale ne démissionnent pas». De son côté, Azad Badi, membre de l'Assemblée constituante élu sous les couleurs du CPR, a accusé les membres du Bureau politique ayant limogé le secrétaire général d'avoir trahi les principes fondateurs et les valeurs du parti en contre partie des vétilles qui leur ont été accordées lors des négociations avec Ennahdha et Ettakatol sur la répartition des portefeuilles ministériels et autres postes. « Ces gens ont accepté d'être un parti au pouvoir sans pour autant obtenir des réels pouvoirs. Du coup, ils ne défendent plus les libertés comme en atteste leur mutisme lors des brutalités policières qui ont ciblé récemment des manifestants pacifiques ou encore leur orientation à cautionner le régime parlementaire proposé par Ennahdha », a-t-il indiqué. Appel au boycott Membre du Bureau politique chargé de la communication, Slim Boukhdhir, est, quant à lui, allé jusqu'à considérer Moncef Marzouki comme un président potiche. «Moncef Marzouki est content d'être le locataire du Palais de Carthage. Il s'y plaît. Mais il ne fait qu'y résider. C'est un président sans pouvoirs», a-t-il affirmé. M. Boukhdir a également fait savoir que Mohamed Abbou et Abdelwaheb Maâter avaient rompu le cordon ombilical avec le CPR depuis longtemps avant d'y revenir après la chute de Ben Ali . La rupture entre les deux tendances qui traversent le CPR semble d'autant plus consommée que la majorité des membres du Bureau politique ont appelé depuis samedi à boycotter la réunion organisé par Abderraouf Ayadi. Dans un communiqué publié sur la page officielle du Congrès pour la République, le bureau politique du parti a informé ses militants que la tenue d'une réunion sous la présidence de m. Ayadi constitue une tentative de «division du parti», rappelant que la réunion « officielle » du conseil national est prévue pour le 12 mai. Selon les observateurs , le CPR était condamné à la division au regard des courants antagonistes qui le traversent. Fondé en 2001 par une poignée d'opposants notoires à Ben Ali, dont Moncef Marzouki et la journaliste Néziha Rejiba, le CPR est, en effet, composé d'une mosaïque de sensibilités politiques hétéroclites et disparates , allant de l'islamisme à la gauche laïque, en passant par le nationalisme arabe. Walid KHEFIFI