Le socialiste François Hollande a été officiellement proclamé président de la République hier par le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, qui a annoncé les résultats définitifs de l'élection présidentielle. Au second tour du scrutin, le 6 mai, M. Hollande a recueilli 18.000.668 voix (51,6%), contre 16.860.685 (48,4%) à Nicolas Sarkozy, a déclaré M. Debré au siège du Conseil, au Palais Royal à Paris. Cela représente un écart de quelque 1,14 million de voix d'avance. «Ainsi le Conseil constitutionnel proclame M. François Hollande président de la République française. Son mandat de cinq ans, fixé par la Constitution, débutera au plus tard le 15 mai à minuit», a souligné M. Debré. La haute juridiction a recensé 46.066.307 inscrits, 37.016.309 votants et 34.861.353 suffrages exprimés. La passation de pouvoir entre le président sortant Nicolas Sarkozy et le président élu François Hollande a été fixée le 15 mai d'un commun accord. De par la Constitution, elle doit intervenir au plus tard le dernier jour du mandat de son prédécesseur, qui coïncide avec cette date. Dans sa déclaration, Jean-Louis Debré a précisé que «les résultats de l'élection et la déclaration de la situation patrimoniale seront publiés au Journal officiel vendredi» aujourd'hui. Pour le second tour, le Conseil constitutionnel a annulé 8.571 suffrages (2.541 au premier tour). Pour les deux Tours ont été annulés les suffrages «dans une vingtaine de bureaux de vote afin de faire respecter les règles assurant la sincérité du scrutin». Au premier comme au second tour, faute de transmission des listes d'émargement à la préfecture après le dépouillement, les résultats ont été annulés dans les communes de Lissac (Haute-Loire), Saint-Rémy-sur-Creuse (Vienne), Villar d'Arène et Barret-sur-Méouge (Hautes-Alpes). 7.619 voix ont été invalidées dans onze bureaux de vote à Papeete, en Polynésie française, du fait du non-respect, constaté par un délégué du Conseil constitutionnel, des règles du dépouillement. Ont également été invalidés les suffrages «émis dans le bureau de vote d'Anglet (Pyrénées-atlantiques) dans lequel il avait été procédé au dépouillement à huis clos», selon le président du Conseil consitutionnel. Au total, il y a eu «un nombre infime d'incidents», a-t-il résumé. M. Debré a encore affirmé que le vote des Français de l'étranger inscrits sur les listes à l'étranger et ayant demandé en temps utile leur radiation et leur inscription en France s'était «beaucoup mieux déroulé au second tour qu'au premier», notamment grâce aux efforts du ministère des Affaires étrangères. Selon le président du Conseil constitutionnel, «il est tout à fait remarquable de constater qu'en France, le processus électoral s'est déroulé dans de très bonnes conditions».
Fillon présente la démission de son gouvernement François Fillon, qui restera l'unique Premier ministre du quinquennat de Nicolas Sarkozy, a fait remettre hier, «à l'heure du déjeuner», la démission de son gouvernement au président sortant, à cinq jours de l'investiture à l'Elysée de François Hollande. Cette démission a été transmise à l'Elysée par un garde républicain, a précisé Matignon. Elle est intervenue dans la foulée de l'officialisation des résultats de la présidentielle par le Conseil constitutionnel. Par le passé, en pareilles circonstances, les Premiers ministres ont toujours remis la démission de leur gouvernement aux présidents en exercice, à la veille de l'investiture du nouveau chef de l'Etat. Durant le laps de temps qui sépare l'élection de l'entrée en fonction du nouvel exécutif, le gouvernement en place expédie les affaires courantes. Cette démission survient en outre au lendemain du dernier conseil des ministres du quinquennat qui, de l'aveu général, a été empreint d'une grande émotion. Selon plusieurs participants, Nicolas Sarkozy a été «applaudi debout» par les 32 ministres et secrétaires d'Etat. A cette occasion, il a confirmé sa volonté de s'éloigner de la vie politique. Un temps ou pour toujours? La question est restée en suspens. Mais Roselyne Bachelot a tranché jeudi: «Nicolas Sarkozy, arrêter la politique? Même pas en rêve!» A court terme, l'avenir de l'UMP passe par les législatives des 10 et 17 juin. Réuni en bureau politique hier matin, le futur-ex parti présidentiel a adopté comme slogan de campagne «Ensemble choisissons la France». Il reprend et complète une première formule, «Choisissons la France», arrêtée un peu plus tôt, lors d'un petit-déjeuner à la questure de l'Assemblée nationale organisé par le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé. Lors de ce petit-déjeuner, il a par ailleurs été confirmé que le programme de l'UMP, concocté à l'automne et très largement approuvé par les instances du parti en janvier, servirait de «base» au programme législatif. Ces questions ont ensuite été abordées lors de la première réunion du «comité stratégique de campagne», mis en place lundi par le bureau politique de l'UMP. Ce comité comprend une bonne quarantaine de membres dont l'équipe dirigeante du parti, M. Fillon et plusieurs ministres dont Xavier Bertrand. Il se réunira une fois par semaine juste avant le bureau politique, instance dirigeante de l'UMP comptant quelque 200 membres. Dans une interview au Figaro, l'eurodéputé et ancien ministre UMP Alain Lamassoure a estimé que la droite ne pouvait se dispenser d'un leader de campagne qui sera aussi son candidat pour Matignon si son camp l'emporte en juin. La question pose toutefois problème compte tenu de la rivalité entre François Fillon et Jean-François Copé. Nommé Premier ministre par Nicolas Sarkozy le 17 mai 2007, M. Fillon peut se prévaloir d'une longévité quasi inédite à ce poste dans l'histoire de la Ve République: seul Georges Pompidou a fait mieux. Si durant une large partie du quinquennat il aura eu à lutter pied à pied contre l'omniprésidence, construisant sa popularité sur un style en opposition totale avec celui de Nicolas Sarkozy, les deux têtes de l'exécutif semblent se séparer dans un climat apaisé.