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Ce sera selon le rite halal, mais en valorisant le potentiel tunisien
Investissement français en Tunisie en matière de viande bovine
Publié dans Le Temps le 15 - 05 - 2012

De notre correspondant permanent à Paris Zine Elabidine Hamda
Une délégation d'entrepreneurs français, opérant dans la filière de la viande rouge, s'est déplacée récemment à Tunis dans le cadre de la prospection de nouvelles opportunités d'investissement dans le secteur de la production et de la distribution de la viande bovine. Nous avons eu l'entretien qui suit avec M. Dominique Langlois, Président du groupement interprofessionnel des viandes rouges en France (INTERBEV) et chef de la délégation française.
Le Temps : M Langlois, vous arrivez en Tunisie accompagné d'une délégation de l'association Entreprendre en Tunisie. Quelle relation avez-vous avec cette association dans le cadre de vos prospections en Tunisie?
M Langlois : J'ai fait la connaissance de Mme Samira Labidi (NDLR. Présidente de l'Association Entreprendre en Tunisie) dans le cadre d'un déplacement en Libye en décembre dernier. Nous avons eu l'occasion de parler de son activité et de son rôle. Effectivement, pour monter cette mission, je me suis appuyé sur Entreprendre en Tunisie pour des aspects logistiques, mais aussi pour le réseau que l'association et sa Présidente ont tissé avec les autorités locales, le ministre de l'agriculture, le ministre de la formation professionnelle et avec l'ensemble des acteurs économiques tunisiens. J'ai pu constater dans sa démarche sa volonté de faciliter et d'aider les entreprises françaises à pouvoir s'implanter en Tunisie et à contribuer au redressement économique du pays. Le ministre de l'agriculture nous a rappelé le souhait du gouvernement d'agir fortement sur la problématique du chômage et aussi de créer un circuit économique dans le secteur agro-alimentaire et dans d'autres filières. Je passe, bien sûr, sur un rôle important de l'association qui touche aux aspects sociaux et à la vie courante des Tunisiens.
• Vous venez à la tête d'une importante délégation comprenant cinq entrepreneurs. Dans quel cadre précis s'inscrit cette visite ?
- Cette mission fait suite à une rencontre que nous avons eue dans le Salon de l'agriculture en début d'année , avec M. Ben Salem, ministre de l'agriculture tunisien, avec lequel nous avions échangé sur la problématique de l'approvisionnement de la Tunisie en viandes, à la fois vivantes et an carcasses, et donc à son invitation, nous avons répondu par une mission qui est composée par moi en tant que Président d'Interbev , de la directrice du Groupe Export-France et Guy Hermouet, Vic- président de la Fédération nationale bovine et puis le représentant de HB Limousin et le directeur Export d'Elivia.
Quel est l'objectif de votre mission ?
L'objectif de cette mission, c'était tout d'abord de découvrir le circuit des viandes bovines en Tunisie. Ce que nous avons fait. Nous avons eu de nombreuses visites très intéressantes qui vont de l'élevage à l'abattage Tunisie, à la transformation, à la distribution. Nous avons pu constater qu'il y avait une organisation qui était en place en Tunisie, un groupement interprofessionnel de viande rouge, un peu comme Interbev, et dont la mission est d'essayer de créer une filière complète, et surtout de travailler sur ses différents maillons qui sont très compliqués et qui rendent difficile la commercialisation de la viande.
Quel est votre secteur d'intervention dans ce domaine ?
Je pense qu'il ya différents secteurs. Le premier, c'est bien sûr l'approvisionnement en animaux vivants, les broutards, ce qui existe déjà, puisque la Tunisie importe environ 14. 000 jeunes têtes par an pour être mis en engraissement, abattus et transformés en Tunisie. Il s'agit de voir comment nous pouvons conforter cette filière, la rendre plus fluide, la sécuriser, peut-être, avec des animaux adaptés à la Tunisie. Le deuxième c'est de voir s'il y a la possibilité de livrer de la viande en carcasses pour des ateliers de transformation en Tunisie et peut-être pourquoi ne pas investir dans des outils de transformation qui permettraient d'améliorer la traçabilité des viandes et la sécurité sanitaire. Et enfin, travailler sur deux sujets prioritaires : d'abord, l'intérêt apporté à la formation professionnelle. Je pense qu'il y a intérêt à apporter le savoir-faire français en termes de découpage de la viande. Le dernier sujet, c'est le marché libyen puisque la Libye est principalement approvisionnée en viande bovine par la Tunisie. Nous avons vu hier avec le Ministre de l'agriculture comment nous pouvons conforter ce flux et comment nous pouvons le faire.
En Europe et notamment en France, la question de la traçabilité est capitale pour la commercialisation de la viande. Comment allez-vous vous comporter avec un marché qui ne tient pas totalement compte de ce facteur ?
Oui. Je pense que c'est là la base du travail qu'il faut faire. Nous ne pouvons pas démarrer, ou faire quelque chose de plus, si au départ nous n'avons pas la traçabilité. Des éléments existent ; nous avons vu ici une ferme, un atelier d'engraissement moderne à Mahdia qui commence à mettre en place un système de traçabilité. Dans le cadre des différents gouvernorats, le gouvernorat de Mahdia fait un travail de traçabilité. Je pense que là il y a vraiment une nécessité pour la Tunisie de le mettre en place parce que c'est la base de tout le système, au niveau du suivi des animaux, et surtout celui de la gestion de la viande et du contrôle de la qualité.
Au niveau de la formation, est-ce que vous pensez mettre en place un système spécifique, ou est-ce que vous comptez adjoindre votre savoir-faire à ce qui existe déjà dans le pays ?
Il ne s'agit pas de repartir à zéro. Il existe déjà une formation des bouchers en Tunisie. Je pense que nous avons, nous, une capacité d'apporter un savoir-faire et d'aller plus loin dans la questions des personnels qui travaillent soit en atelier de découpe soit en abattoir ou dans les lieux de distribution pour leur donner les moyens d'avoir une meilleure valorisation de la viande et ainsi d'avoir des prix différenciés en fonction de la qualité des muscles. Ce qui permettrait d'avoir un abaissement des prix de vente aux consommateurs.
Dans votre stratégie dans la région du Maghreb, vous avez parlé de l'aspect de distribution de la viande vers la Libye. Comment voyez-vous la place de la Tunisie dans ce triangle France-Libye-Tunisie ?
Aujourd'hui, la Tunisie livre un peu de viande à la Libye. Je sais, par ailleurs, que la Libye est à la recherche de sources d'approvisionnement sécurisées. L'approche que nous avons est de dire qu'il ne sert à rien de recréer de nouveaux centres de distribution en Tunisie, mais de s'appuyer sur ce qui existe aujourd'hui en l'améliorant, en l'adaptant par rapport aux besoins et en ayant une filière qui peut être soit de la livraison d'animaux vivants pour l'abattage en Tunisie, soit l'envoi de carcasses pour la conditionner et la livrer à la Libye. Ces deux voies sont réalistes et correspondent à des besoins importants pour la Tunisie et qui lui permettent de répondre, le plus vite possible, à la demande des consommateurs et des citoyens libyens.
Dans le cadre de votre travail en Tunisie, vous envisagez donc un travail sur la viande halal, ce que vous faites déjà largement en France puisque vous avez un circuit viande halal. Comment se présente réellement cette filière en France qui a fait l'objet d'une controverse lors de la dernière campagne présidentielle ?
Effectivement, nous travaillons et nous abattons des animaux selon le rite halal, mais également casher d'ailleurs, pour répondre aux demandes des consommateurs français de confession musulmane ou israélite et également pour répondre aux demandes des marchés extérieurs qui sont majoritairement musulmans.
Il y a eu un débat en France dans le cadre de la campagne présidentielle, largement mené par une candidate à la présidentielle, sur la base de données chiffrées qui étaient fausses, en faisant l'amalgame entre les volumes abattus en région parisienne et la consommation. Il faut rappeler que les abattoirs parisiens qui ont été cités n'abattent que 4.000 tonnes par an alors que la consommation en Ile-de-France est de 250.000 tonnes. Alors, affirmer que tous les Parisiens consomment de force de la viande halal est une erreur, une contre-vérité qui stigmatise les cultes. Je l'ai dit au cours de ces débats, qui étaient un peu violents même quelques fois, et en particulier à Mme Le Pen dans le salon de l'agriculture. Cela dit, le débat n'est pas clos. Nous avons une réflexion à avoir. Il faut rappeler quand même que la viande commercialisée, issue de l'abattage rituel en France, ne représente que 4% de l'abattage français, ce qui est vraiment infime. Donc c'est un débat qui a été très largement surmédiatisé, un débat de campagne qui a occulté d'autres sujets beaucoup plus importants.
Dans le cadre de notre profession, nous avons annoncé au ministre de l'agriculture que nous avons entamé une large consultation avec les cultes, les différents instituts de consommateurs, les industriels pour réfléchir à une nouvelle situation, qui ne répondra sans doute pas à toutes les questions, mais qui mettra un terme à ce débat, à condition, bien sûr, que ce ne soit pas stigmatisant pour les cultes. Il ne s'agit pas d'opposer les communautés religieuses en France, mais il s'agit de répondre aux consommateurs de ce qu'ils mangent et du mode d'abattage. Il faut rappeler quand même que quel que soit le mode d'abattage, la viande a la même qualité. Nous appliquons les mêmes règles sanitaires sous le contrôle des services de l'Etat.
Quelles sont les prochaines étapes de votre coopération avec les partenaires tunisiens ?
La prochaine étape sera le salon de l'agriculture de la Tunisie en octobre prochain. D'ici là, nous allons prioriser un certain nombre d'actions concrètes pour montrer que ce ne sont pas là de simples échanges de courtoisie, mais qu'il y a du concret. Après, tout va dépendre de la complexité des dossiers. J'ai longuement échangé avec le Président du Groupement interprofessionnel tunisien des viandes rouges qui souhaite mettre en place un partenariat entre Interbev et sa propre organisation. Il pense que notre expérience peut être utile à accélérer la mise en place d'une interprofession bovine en Tunisie.


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