De notre envoyée spéciale : Inès Ben Youssef Le nouveau film « De rouille et d'os » de Jacques Audiard, en compétition officielle a été salué par un standing-ovation par le public. Les critiques français ayant eu le privilège de voir l'œuvre avant sa projection cannoise l'ont salué par des articles dithyrambiques et l'ont promu même pour la Palme d'or. Trois ans après « Le prophète » primé dans le même festival, voici donc Audiard de retour sur la Croisette avec un film fort qui évite le mélo grâce à des séquences courtes qui vont au cœur du sujet sans l'appesantir. Adapté d'une nouvelle "Un goût de rouille et d'os" de l'auteur américain Craig Davidson, l'histoire se passe dans le Nord de la France. Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C'est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c'est tout de suite mieux, elle l'héberge dans le garage de son pavillon, elle s'occupe du petit. A la suite d'une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. Il est pauvre. Elle est belle et pleine d'assurance. C'est une princesse. Tout les oppose. Stéphanie est dresseuse d'orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu'un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d'illusions. Il va l'aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre. Jacques Audiard a préféré la chronique pour faire progresser son récit que nous suivons grâce à des personnages sublimés par le jeu des acteurs absolument magnifique. Marion Cotillard toute en émotion retenue ( avec Matthias Schoenaert, la révélation du film), offre à son personnage toute sa force physique et sa fragilité psychologique. Un film organique où résonnent la violence physique et sociale, celle de la pauvreté et de la langue mais aussi celle de la pauvreté tout court qui empêche des êtres d'être ensemble. Un univers noir où les hommes sont livrés à leur instinct. Un film dur sur une réalité sociale qui n'en est pas moins dure elle aussi. Une romance qui nous rappelle « Intouchables » jouant sur les paradoxes des personnages qui sont grandis malgré leurs handicaps respectifs.