La régression de deux crans de la note souveraine attribuée à la Tunisie par l'Agence de notation Standard and Poor's (SP) à BB avec perspective stable, qui signifie que l'agence est résolue à ne pas la modifier pour le moment, est un dilemme qui suscite encore les réactions. La situation dans le pays, sur le plan politique, social, sécuritaire et économique a incité le Parti Républicain (PR) à revendiquer la nécessité de mettre sur pied un Gouvernement de Salut national.
Lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du parti à Tunis, Meya Jéribi, secrétaire générale du parti a rappelé que la situation dans le pays est grave. « Les institutions de l'Etat sont visés quotidiennement. Les citoyens et les entreprises sont attaqués dans le silence total de ceux qui sont chargés de garantir l'ordre et la sécurité des citoyens. La situation générale est inquiétante. Le climat social est explosif », précise la Secrétaire générale. Des grèves un peu partout auxquelles succèdent des appels à des grèves générales régionales…La pauvreté et la marginalisation sont de plus en plus ressenties par la population. Où va le pays ? Meya Jéribi, répond « malheureusement, la dégradation de la note souveraine de la Tunisie, ne nous a pas étonnés. Elle est grave, car son argumentaire est grave. Pour Standard and Poor's le Gouvernement est incapable de redresser la situation et de relancer l'économie. D'où des difficultés sinon impossibilité de contracter des prêts sur le marché international et recul des investissements étrangers ». Au Parti républicain, on considère que la situation peut évoluer vers l'explosion. Que faire ? Meya Jéribi appelle à ce que la responsabilité ne soit pas rejetée sur l'autre. Faut-il se taire ? Le Parti républicain, insiste sur la nécessité d'appliquer un programme urgent de salut national. Il appelle à la formation d'un Gouvernement de compétences nationales, à effectif réduit et sans considérations partisanes pour sauver le pays. Ce Gouvernement devra rétablir l'ordre, la stabilité et l'espoir et assurer le succès de la deuxième période transitoire. « C'est un Gouvernement qui accélèrera la consécration de la suprématie de la loi, la promotion sociale et commencera par affronter les problèmes de chômage. Un consensus national est nécessaire. Il devra se faire sans calculs politiques », précise-t-elle. L'Assemblée Nationale Constituante (ANC) est appelée à accélérer la rédaction de la Constitution. Il faudra arriver de la façon la plus sûre au stade des institutions durables et rétablir la confiance.
Elyes Jouini, économiste a mis en relief la gravité de la situation économique du pays et l'importance de la notation de Standard and Poor's. « L'abaissement de cette note de deux crans, fait passer la Tunisie du stade du pays où on peut investir à celui où l'investissement devient une opération spéculative ». Même aux premiers mois de la Révolution la note était meilleure. Or la Tunisie a bien besoin d'investissements étrangers. Il est très difficile de remonter la pente. « Le Gouvernement a échoué dans la construction de la crédibilité à l'échelle internationale. Le problème intéresse tous les Tunisiens. Nous avons une responsabilité collective pour trouver une solution », clame Elyes Jouini.
« Il faut avoir le courage de reconnaître l'échec et de former un gouvernement de compétences pour redresser la situation », poursuit-il.
Yassine Brahim, secrétaire exécutif du parti, rappelle que « même des conseillers de la présidence ont critiqué le Gouvernement. La mafia de la contre bande grandit chaque jour. Si le pays continue sur cette voie, ça sera l'impasse. Il vaut mieux rectifier le tir avant qu'il ne soit trop tard ». Un débat sera engagé avec les partenaires du PR au sein de l'ANC et avec la Troïka pour éviter le pire ».
Issam Chebbi a réitéré la nécessité d'opter pour un gouvernement où le seul critère est la compétence.
D'ailleurs, Meya Jéribi appelle le Gouvernement à éviter deux erreurs : prétendre que tout est bien, et faire porter la responsabilité aux autres en cherchant des boucs émissaires ».
Assisterons-nous à une nouvelle répartition du pouvoir ?