L'insécurité est criante, la violence politique est devenue légion et le gouvernement inexistant. Les auto-proclamés « salafistes » s'érigent en gardien de la religion, ils se revendiquent comme étant des personnes justes, et ceci, en agressant tour à tour les personnes qu'ils considèrent comme gênantes ou non avenues. Des différences qui nous séparent Il est assez difficile de s'expliquer l'émergence ‘'rapide'' de la mouvance salafiste en Tunisie. Les attentats qui ont eu lieu dans les années 80 sont-ils l'œuvre des salafistes comme voudrait le faire croire Ennahda ? Etaient il dans le pays mais cachés ? Sont-ils des repris de justice ou bien encore des anciens RCD ? Tantôt dealeurs de drogue dans les quartiers populaires, tantôt chiens de garde de la bonne conduite des prêches dans les mosquées sous peine de représailles. Les questions fusent, et les réponses sont généralement contradictoires. Le salafisme en Tunisie n'a d'abord aucune base, il est en rupture totale avec nos traditions religieuses et ne semblait pas exister auparavant. Qui plus est, où étaient-ils lors de la révolution ? Est ce à dire que les salafistes avaient beaucoup plus peur de Ben Ali que de Dieu ? Ceci étant dit, la montée en puissance de cette mouvance depuis le 14 Janvier traduit une organisation certaine et beaucoup de moyens. Cette façon de s'organiser dans la société civile, à travers des associations religieuses est désormais obsolète. Ils investissent la sphère politique. De longtemps l'ennemi juré d'Ennahda, ils deviennent peu à peu un allié parfois difficile à maîtriser. Ils contrôlent beaucoup de mosquées. En ce sens, nous pouvons noter que près de 400 mosquées sont tombées sous la coupe des radicaux depuis la révolution en Tunisie (qui compte environ 5.000 lieux de culte). Un parti salafiste obtient un visa Le gouvernement tunisien, dirigé par les « islamistes modérés » a jugé acceptable de délivrer un visa à un parti qui défend une vision radicale de l'Islam. Ces salafistes appellent donc à la création d'un Etat islamique où la chariaâ serait appliquée. Ce parti qui se nomme Islah (Réforme), participera aux prochaines élections législatives, une question se pose alors : ce parti salafiste est-il compatible avec la démocratie ? Le leader du parti ne voit pas la contradiction, Mohamed Khouja affirme en effet, que « la chariaâ ne s'oppose pas au modernisme contemporain. » Il soutient également que le parti n'utilisera pas : « la force pour interdire le vin ». Ses propos se veulent rassurants mais ne coïncident pas avec la réalité. Depuis plus d'un an aujourd'hui, les actes des salafistes se multiplient et reste impunis et ce à travers le pays tout entier. On se souvient des coups de forces dans les universités, contre les médias, l'invitation de prêcheurs extrémistes et surtout la profanation du drapeau tunisien au profit du drapeau noir. L'on se souvient également des ‘'salafistes'' qui ont effectué, le 19 mai 2012, une vaste opération de ‘'ratissage'' dans le but de fermer tous les points de vente de boissons alcoolisés à Sidi Bouzid. Plus récemment cette fois, les salafistes se sont permis d'attaquer un commissariat, une institution de l'Etat. Le gouvernement a, enfin, réagit, par une série d'arrestation, et une déclaration plutôt musclée de Hamadi Jebali affirmant que le gouvernement : « n'allait pas rester les bras croisés ». Cela sera-t-il suffisant pour retrouver le calme et la sécurité dans le pays ? Deux Tunisies ? Au début il était aisé de penser que Ennahda se servait des salafistes pour redorer son blason et passer pour un parti modéré. Mais il s'est avéré de plus en plus évident que loin d'arriver à gérer leur bases radicales ils devenaient soumis a leurs revendications. L'on se souvient encore du député Chourou qui demandait que l'on ampute et que l'on crucifie les sit-ineurs. Ennahda joue un jeu dangereux, dont l'issue n'en sera que sa perte. Elle doit d'abord rassurer le peuple tunisien majoritairement musulman certes, mais disons le : modéré, dans son application de la religion, tout en avançant vers sa base électorale conservatrice. Ce parti au pouvoir doit donc montrer sa capacité à gérer les deux, afin de n'inquiéter personne, mais les crises identitaires qui traversent le pays ne lui laissent généralement pas tellement de marge de manœuvre et son jeu se dévoile de plus en plus. Sa volonté d'apparaître comme une force ‘'rempart'', tend à se dissoudre, le populisme à outrance utilisé avant les élections ne fait plus recette. La menace de l'extrémisme religieux est aujourd'hui à prendre très sérieusement en considération, le rééquilibrage des forces politiques et sociales se jouera à travers la société civile.