Neutralisation des mosquées, actions punitives dans les universités et contre les médias, invitation de prêcheurs étrangers controversés, profanation du drapeau..., les coups de force des salafistes se multiplient depuis presque une année dans une atmosphère de tolérance, voire d'impunité de la part du gouvernement. Pour sa part et lors d'une interview accordée au journal français « Le Monde », le ministre de l'Intérieur, Ali Laarayedh a déclaré que la confrontation avec les « djihadistes » était inévitable. S'agit-il d'une armée qui monte ? Comment sont –ils organisés, où s'entraînent-ils ? Et pourquoi faire ?... Reportage.
«La majorité des salafistes pratiquent du Zamaqtel. Il s'agit d'un sport fondé par Cheikh Ouerghi auquel nous devons beaucoup de respect », déclare Zied qui se présente comme un « djihadiste » dévoué. Il affirme que l'entraînement quotidien est essentiel pour tout salafiste djihadiste. « Nous nous entraînons quotidiennement et je ne vois pas pourquoi le cacher », ajoute le jeune bachelier qui se préparait pour rejoindre ses amis dans un garage à Sidi Thabet. Selon lui, s'entraîner chez Cheikh Ouerghi n'est pas un privilège donné à tout le monde. « Car nous sommes nombreux à souhaiter adhérer ses groupes », explique-t-il.
Devant le garage, un groupe de barbus étaient en train de discuter de tout et de rien. Voulant nous enquérir sur la nature de leur entraînement l'un d'eux, Firas 28 ans a vite répondu. « C'est un entraînement pas plus. Comme vous voyez, nous sommes des citoyens normaux qui s'entraînent dans un quartier populaire au vu et au su de tout le monde et nous n'épargnons aucun effort pour inciter tout désirant à découvrir le Zamaqtel qui n'est qu'un art martial ».
« Le sport est une dévotion » Quelques minutes plus tard, le chef du groupe arrive. Un petit gros barbu musclé d'à peine 27 ans. Après maintes hésitations, il a accepté de nous parler de son groupe composé de plus de 35 salafistes. « Comme vous le savez, la tendance jihadiste est ultra minoritaire en Tunisie. Cette tendance à laquelle nous appartenons, est accusée par les politiciens et par vous les journalistes d'user de l'agit-prop et de la violence politique afin de faire pression sur le gouvernement pour une plus grande islamisation de la société. Nous sommes aussi accusés de monter des bases salafistes dans les montagnes et les forêts ce qui est archi faux car pour nous le sport est considéré comme une dévotion pour tout musulman ».
Une chose est sûre : Le groupe de Sidi Thabeut n'est pas le seul groupe salafiste à pratiquer les arts martiaux. Selon Hédi surnommé Abou Hassén, les entraînements se font un peu partout en Tunisie. « Je ne sais pas pourquoi vous faites de l'entraînement des salafistes une activité extrémiste qui menace la sécurité du pays ! », s'insurge-t-il. « Le « djihad » est une obligation. Nous nous préparons à toutes les éventualités. Dans ces circonstances, notre pays peut vivre le même scénario de l'Iraq : Il y aura un petit cinéma médiatique mondial mettant en relief quelques excités bien poilus et déguisés dans un accoutrement de grand jihadiste en train de raconter n'importe quoi, de lapider une femme ou de s'entraîner au jihad. Un héros occidental se précipitera pour dire que ça suffit et qu'il faut attaquer avec son avion ces «sauvages terroristes ». C'est de ces scénarios que nous devons avoir peur et non des pseudo salafistes qui attaquent les citoyens et qui s'entraînent au fond des montagnes à la manière de Ben Laden, ce qui n'est pas du tout vrai ! ». Abou Hassén ajoute que les salfistes djihadistes pensent également aux Palestiniens qui ont besoin de l'aide de tous les musulmans. « Nous aurons peut être la chance d'aider nos frères palestiniens donc pourqoui ne pas se préparer pour le grand jour ! ». Concernant le nombre de ces pratiquants, Abou Hassén affirme qu'il ne s'agit pas de partis bien organisés et de groupes politisés. « Personne ne peut vous donner un chiffre exact car nous ne sommes pas organisés de façon à avoir des statistiques et des feuilles de route... ».
Le Zamaqtel : le préféré des salafistes
A priori, le Zamaqtel soit « le temps, l'espace, le combat » est le style officiel des salafistes djihadistes et des autres courants salafistes à savoir les quiétistes et les politiques. Basé sur deux principaux mouvements « mouazi et Khilafi », ce sport est selon son initiateur est le style de combat le plus complet connu à présent. « Je ne peux pas nier le fait que plusieurs salafistes pratiquent le Zamaqtel. Je crois qu'ils sont fascinés par l'efficacité de ce style qui n'est qu'une combinaison d'une vingtaine de styles d'arts martiaux. Cependant je ne peux pas dire que c'est le sport officiel des, seuls, salafistes car ma porte est ouverte à tous les Tunisiens sans exception. », affirme maître Moncef Ouerghi, surnommé le Tunisien.