« Je me sentais faible, frappée par la maladie d'un rêveur et j'ai trouvé du réconfort dans mon écriture... », c'est ce qu'écrivait Naziha Rjiba communément nommée Om Zied à la fin des années 80 (1988), moins de deux mois après la succession de Ben Ali. Activiste ardue, la militante des droits humains se console ainsi que « ses amis de la folie », dans le stylo. « Nous crions et nous rions avec nos stylos, nous aimons nos stylos et nous détestons nos stylos », écrivait-elle depuis presque deux décennies. Ils aimaient leurs stylos rien que pour dénoncer et/ou critiquer le régime de Ben Ali. Une tâche, incontestablement pas facile. Toutefois, plusieurs activistes, militants et défenseurs de droits de l'homme avaient le courage de le faire malgré les risques qu'ils encouraient. Ils n'ont pas été démotivés, ce qui leur a dévolu le titre de militants de droits de l'homme et de défenseurs de la liberté d'expression, même après la révolution. Pour mieux rendre hommage à ceux qui ont lutté contre le régime de Ben Ali, un ouvrage intitulé « Pensées en cavales : anthologie de la Révolution » a récemment été publié par le groupe d'observation de la Tunisie relevant de l'échange international de la liberté d'expression (TMG de l'IFEX) en collaboration avec l'association « PEN Tunisie » et les publications Atlas et avec le soutien de l'Union européenne et Oxfam Novib. C'est lors d'une cérémonie que l'ouvrage a été présenté jeudi après-midi à l'ambassade du Canada et ce en présence des ambassadeurs de la Commission de 'Union Européenne, de la Suisse et du Canada.
Composé de recueils de texte (articles, commentaire, témoignages), cette publication se veut un hommage de reconnaissance envers les écrivains, les poètes, les photographes et les activistes qui ont lutté pour la liberté d'expression et milité contre la censure sous le régime de Ben Ali voire après sa chute.
Bataille
Mais la bataille pour la liberté d'expression n'a pas l'air de finir même après le 14 janvier. Elle ne fait d'ailleurs, que commencer. Car nombreux sont ceux qui tentent de censurer la presse tunisienne. Des pro gouvernement, voire des membres de partis politiques au pouvoir n'arrêtent pas de mener des campagnes de dénigrement contre les journalistes tout en reprochant aux médias, de ne pas couvrir l'activité du gouvernement provisoire comme à l'époque de Ben Ali où, l'on réserve des minutes pour glorifier ses réalisations. Ces fans du gouvernement provisoire considèrent également, que les médias tunisiens ne reflètent pas la réalité et qu'ils transmettent une image négative de la Tunisie. Une image certes pas fictive, ni même de la science fiction. Sauf que le gouvernement provisoire ne veut pas voir la réalité et refuse surtout de l'accepter.
Une telle position ne peut qu'aggraver la situation et la compliquer davantage. Il est temps dès lors, d'accepter les critiques et d'interpréter positivement ce que les médias rapportent, car c'est ainsi que le gouvernement provisoire pourra remédier aux problèmes et surtout venir en aide à une population longtemps réprimée et victime d'exploitation et de despotisme.