Décidément, depuis la Révolution certains imams et prédicateurs, ne cessent de jeter leur dévolu à tort et à travers, et sans aucune pondération ni aucun sens de la mesure. Bien plus, d'aucuns parmi eux se permettent, notamment dans les prêches du vendredi de traiter nommément certaines personnes de mécréants « Kafir », pour appeler à leur mort, par le fer et le sang.
Cela nous rappelle la période de la décadence de l'Islam, qui a amené à la division des musulmans cause d'une discorde dont les séquelles persistent jusqu'à nos jours. Ces tensions avaient pourtant cessé en Tunisie, depuis l'ère Hafside, où la mosquée Ezzeïtouna est devenue le centre théologique le plus réputé en Afrique du Nord.
Les prédicateurs des années « lumière »
C'est dans cette institution que l'historien, et sociologue éclairé, Ibn Khaldoun a entamé ses études puis y a enseigné, et a prodigué ses lumières à tous les grands penseurs de la mosquée Ezzïitouna dont notamment les Cheikhs Salem Bouhajeb, Lakhdhar Al houssein, Mohamed Tahar Ben Achour et Fadhel Ben Achour.
Ces derniers ont appartenu à l'école progressiste de Jamel Eddine Al Afghani et Mohamed Abdou.
Durant la période coloniale, Tahar Ben Achour, ayant été le directeur de la mosquée Ezzeïtouna , a élaboré tout un programme tendant à doter cette institution d'un enseignement moderne, dont il parle en détail dans on œuvre : « L'aube n'est-il pas tout proche ? »
Il faut dire que les imams de la mosquée Ezzeïtouna, représentent, du moins officieusement les dignitaires religieux, eu égard à l'institution qui équivaut à la mosquée Al Azhar au Caire. Cette mosquée a été fondée, faut-il le rappeler par un tunisien, en l'occurrence Al Moëz Lidin Allah Al Fatimi.
La politique d'abord
Toutefois, la cause des problèmes suscités par les Imams et les prédicateurs en général, ont toujours été d'ordre politique plutôt que religieux.
A l'époque d'Ibn Khaldoun, Ibn Arafa n'avait pas supporté que ce dernier suscite l'intérêt du Sultan, et a donc tout fait pour le charger auprès de ce souverain, finissant par l'inciter à quitter le pays.
Durant la période coloniale tous les cheikhs qui ont dénoncé les exactions perpétrés à l'encontre des autochtones, ont été dans le collimateur des autorités coloniales.
A l'aube de l'indépendance, il y a eu certes, une volonté délibérée de Bourguiba, par le biais de la réforme de l'enseignement zeïtounien, de nuire aux Zeïtouniens qui avaient soutenu son rival et néanmoins grand leader Salah Ben Youssef. Le dernier des mohicans fut le cheikh Béchir Ennaïfar qui fut limogé, pour avoir refusé de célébrer la prière de l'Aïd. Il était contre la méthode utilisée pour fixer à l'avance le début et la fin des mois lunaires.
Sous le régime de Ben Ali la plupart des imams se contentaient, au cours de chaque prêche du vendredi d'implorer le Tout Puissant de protéger le « dictateur » et de faire perdurer son régime... !
Quid des prédicateurs depuis la Révolution ?
Eh bien sur le fond rien n'a changé. En effet, naguère ils imploraient le Tout Haut pour le dictateur, aujourd'hui, ils appellent à la « mort » de la liberté d'expression et de celle de ses auteurs.
Le prédicateur Houcine Laâbidi, avait du haut du Minbar ( tribune réservée aux prédicateurs du vendredi) appelé à la mort des artistes plasticiens du Palais Al Abdellia.
C'est un acte irresponsable dont le but est de semer le trouble et la discorde.
Plusieurs personnes ont l'intention de présenter une requête auprès du procureur de la République en vue de poursuivre le prédicateur pour atteinte à l'ordre public, par cet appel susceptible d'inciter au trouble.
Les autorités dont le ministère des affaires religieuses ont condamné cette attitude de l'imam en question qui était astreint à une obligation de réserve, et n'avait pas à outrepasser ses prérogatives.
Obstination ou défi?
Mais l'imam ne changea pas sa position d'un Iota, puisqu'il déclara aux médias qu'il continuera à assurer son prêche du vendredi à la mosquée Ezzeïtouna, et qu'il était prêt à chasser quiconque osera le remplacer dans cet office,
La mosquée, une propriété privée ?
C'est du moins ce qu'a soutenu l'imam en question. Qu'entend-il par cette affirmation ? Sa propre propriété ? Sûrement pas ! La propriété des musulmans ? même pas. Une mosquée n'est la propriété de personne, en ce sens qu'elle est la Maison de Dieu, ouverte à tous sans exception.
C'est un lieu de culte et de paix et non de discorde.
Du temps du Prophète Mohamed, même les mécréants avaient droit d'y accéder afin de se faire absoudre ou de se plaindre auprès du Prophète et lui demander sa protection.
Ce sont ceux qui y sèment le trouble qui doivent en être chassés à coups de « dégage! »
Au fait Qu'attend le ministère des Affaires religieuses pour nommer un nouveau prédicateur ?