“On peut avoir tout l'argent du monde, mais, si on n'a pas des compétences, on n'y arrivera jamais" Cela fait trois ans qu'il est parmi nous, et, hier samedi, il s'est envolé en Pologne, rejoindre le Mouloudia Club d'Alger, avec lequel il s'est engagé pour la saison à venir. Les sceptiques diront que c'est la vie, que toute arrivée sera suivie d'un départ, et, vice versa. Mais ceux qui ont eu la chance de le côtoyer vous diront que son départ est une perte pour le football tunisien. Sur le plan sportif il est une encyclopédie. Sur le plan extra, il est quelqu'un extrêmement cultivé, et, très marrant. Depuis, le premier du mois courant il ne fait plus partie du cadre technique du Club Africain : «Suite à la décision du nouveau bureau directeur, un nouveau directeur technique, un nouvel entraîneur, et, un nouveau préparateur physique ont été engagés, comme publié sur le site officiel du club. J'en ai pris acte, et, par le biais de cette annonce, j'ai compris que j'étais déchargé de mes fonctions d'entraîneur principal de l'équipe. Tout le monde sait que j'avais la charge de la gestion de l'effectif ‘pro', et, qu'il y avait des objectifs arrêtés, à savoir revenir dans les hauteurs du classement. Notre travail a été freiné par des manquements administratifs, puisque nous avions perdu quelques points sur tapis vert. Le manque de stabilité au niveau des dirigeants nous a beaucoup perturbés, le manque de stabilité financière n'a pas arrangé les choses, ajoutez à cela les problèmes de vestiaire, et, vous allez vite comprendre qu'on ne pouvait faire mieux. Malgré ces difficultés, on a pu faire quelques performances, et, surtout préserver la priorité à savoir continuer de parcourir le continent africain, pour le compte de la coupe de la CAF. Ce volet, soit dit en passant, est très important pour l'image du CA, pour les joueurs eux-mêmes, pour l'expérience qu'ils peuvent acquérir au fil des matches. Dommage que l'instabilité qui régnait au niveau du groupe, en partie touché par des manœuvres de quelques agents de joueurs, qui proposent des contrats à l'étranger, et, en partie victimes de l'ambiance qui prévalait , je vise les jeunes, et, les soi-disant confirmés...».
« Coupe de la CAF : Le CA peut renverser la situation »
Il revient sur le périple malien, à propos duquel, il enchaîne : «A Djoliba, le match aurait pu tourner à notre avantage, si l'arbitrage avait été plus correct. Au retour tout est possible, j'avais vécu des situations similaires, et, bien des situations que certains jugeaientt compromises ont été renversées. Avec l'appui de l'assistance (même réduite), le CA peut passer au tour suivant.» Au fond de lui-même, et, c'est humain, il est touché par ce départ, un peu précipité, dirons nous : «Ce n'est ni un au revoir ni un adieu, je veux remercier tout le public amoureux du CA, qui a été avec moi, derrière moi, et, qui a pu mesurer toute l'énergie que j'ai donnée à son club, aussi bien dans le cadre des infrastructures, que dans le cadre du centre de formation, et, aussi au niveau de l'équipe ‘pro'. J'ai une profonde sympathie de leur part. Naturellement, je ne parle pas des gens manipulés par certains, et qui ont versé dans la diffamation. On atteint l'honneur de mon épouse, de ma fille, et, ça je peux le pardonner, mais je ne l'oublierai jamais.» On ne trouve aucune explication au fait qu'il a été ignoré par le nouveau bureau directeur, mais lui, il n'en fait pas un drame : «J'ai pu finalement rencontrer le nouveau président du club, et, son premier collaborateur, vendredi. Notre concertation a été empreinte de respect mutuel, car il y avait beaucoup de zones d'ombre, me concernant, et, nous concernant. Ils ont été victimes d'incohérence, et, d'ignorance à mon niveau. Ils ne savaient pas que j'avais signé un contrat le premier mai dernier, qui devrait être revu le premier janvier prochain, en fonction des objectifs... Je pense qu'il y avait des personnes bien avisées, qui ont omis de soumettre mon contrat à la nouvelle équipe dirigeante... Il y avait beaucoup d'adversités immorales de la part de certaines personnes qui gravitent autour du club... le fait d'avoir recruté des joueurs avant le mercato à des sommes faramineuses a généré bien des fractures au niveau des joueurs. Dans de telles conditions on ne pouvait pas avoir un engagement individuel, et, collectif, pour avoir les performances que l'on souhaitait. Je remercie tout de même tous mes joueurs d'avoir tout donné, lorsqu'il le fallait.»
« Bénévole, Mme Liewig a même avancé de l'argent »
Sur la tranche d'exercice à peine rangé, il poursuit: «Elle est loin d'être négative. Avec des moyens limités, nous avons pu avancer au niveau du complexe sportif, l'infrastructure grâce à la grande collaboration bénévole, oui bénévole je le précise bien, de mon épouse qui s'est investi corps, et, âme. L'expérience acquise durant les années passées à Sol Béni de l'ASEC Mimosas. Elle a été la maman, la sœur, la confidente, la psychologue, l'institutrice... Certains ne le savent pas, mais elle a pu avancer la modique somme de cinq mille cinq cents dinars, pour permettre à certains jeunes de partir en vacances sans le moindre souci.» Pour clore notre entretien, le mot de la fin a été pluriel, et, on ne peut plus franc, comme vous allez le constater: «Au Club Africain, il y a trop de gens qui travaillent sans conviction, qui croient détenir la vérité, leur vérité, qui parlent beaucoup, mais qui n'agissent pas. C'est là le mal du CA. Sans donner de leçon à qui que se soit, j'espère que le nouveau bureau directeur, s'entoure de gens compétents, qui ne parlent pas beaucoup, mais qui travaillent suffisamment. A l'heure actuelle, il y a trop de gens qui se servent du club, et, qui oublient de le servir. Dans l'absolu, on peut avoir tout l'argent du monde, et, si on n'a pas de compétences, on n'arrivera jamais à réaliser l'objectif tracé. Je pars la tête haute, et, j'espère que mes ex-employeurs arrivent à résoudre toutes les difficultés relatives à mon dossier, et, évitent que l'on recoure aux procédures inutiles.»