Un spectacle sur un espace vide et infini. La chorégraphe algérienne Nacera Belaza a créé sa nouvelle création Le Trait en première mondiale au Festival d'Avignon avant d'entamer une tournée qui l'emmène avec sa compagnie aussi bien à Tokyo, Séoul qu'à Montpellier, Anvers, Marseille et plusieurs villes au Maroc et en Algérie. Le Trait, un titre qui fait penser aux traits vivants, révolutionnaires, géniaux d'un Fragonard, Rodin ou Picasso. Nacera Belaza nous livre une pièce en trois temps, qui portent chacun un nom qui n'a rien à envier à la poésie d'un Miro : « Le Cercle », « Le Cœur et l'oubli », « La Nuit ». Le Cercle commence dans le noir total avant de laisser subitement la place à un carré lumineux projeté au sol qui marque le terrain. Deux danseurs s'activent avec des mouvements saccadés sur une musique de même nature. C'est d'abord les têtes qui bougent, d'une manière névrotique, toujours le même tic vers la gauche qui ouvre sur une longue séquence où les corps entiers sont secoués. La chorégraphie est visiblement limitée, le carré illuminé se rétrécit. Les danseurs ont une belle emprise sur l'espace. Leur performance est extrêmement physique, mais mène vers nulle part. Quand c'est enfin fini, le public applaudit comme après un numéro de cirque.
Mouvement à vide Suit Le Cœur et l'oubli, chorégraphié et interprété par la sœur, Dalila Belaza, sans surprise immergé dans le noir habituel. Très lentement, la lumière se fait sa place. Avec des micro-mouvements, un corps, d'abord penché vers l'avant, se met débout. La lumière monte, on entend un circle song, les bras se lèvent. Une belle image, mais pas deux. Enfin tombe La Nuit où accouche une femme immobile, habillée d'un très beau costume qui fait briller les étoiles. Une atmosphère de plus en plus oppressante s'impose, une lumière étincelante met en scène la femme qui commence à tourner. Les pas se font de moins en moins lentement, le mouvement tourne à vide, reste sans intérêt. Pour Nacera Belaza, l'image du trait, c'est la ligne entre les différentes traces que la vie lui a laissées. Une « ligne droite sans creux, ni déviation », explique-t-elle, « un chemin que je devais accomplir ». Le spectacle ne partage rien de tout cela. Il laisse un énorme vide derrière lui. Le Trait ? On n'a rien vu. (RFI)