Personne n'est en mesure de prévoir la fin des affrontements et des massacres en Syrie, ni d'avancer un pronostic sur l'issue du conflit qui ravage le pays depuis plus de 16 mois. Hier encore, l'armée lançait ses chars contre Alep, deuxième ville après Damas, et capitale économique, dans ce qui pourrait être l'assaut le plus meurtrier depuis le début de la révolte. Déjà, plus de 20.000 personnes y ont péri. Il y a des soldats et des rebelles, bien sûr, mais la grosse part revient aux civils (16.000), victimes innocentes et collatérales d'une « guerre » qu'elles n'ont pas choisie mais qu'ils risquent d'endurer longtemps encore. Car les forces belligérantes sur le terrain, ne montrent pour le moment, aucun signe d'affaiblissement ni d'essoufflement, et affichent une détermination farouche à combattre, forte chacune, d'un soutien de taille : la Russie et la Chine pour le régime de Bachar ; l'Occident, de riches monarchies arabes et les combattants islamistes affluant des quatre coins du monde pour la rébellion. Ce qui veut dire que la fin de la guerre n'est pas pour demain et que les civils innocents continueront de mourir en grand nombre. Ce n'est pas réconfortant, mais c'est ainsi que s'orientent les évènements. Il y a une question, cependant : Le peuple syrien s'attendait-il, à ce que son mouvement protestataire pour la liberté et la dignité, parti dans le sillage du printemps arabe, se transforme en une guerre à l'issue imprévisible ? Pourquoi la révolte syrienne n'a-t-elle pas abouti, comme en Tunisie, en Egypte et même en Libye, à la chute de la dictature ? Tout simplement, parce que le régime syrien est plus sanguinaire que ses semblables arabes et parce que le poids de la Syrie dans une région où s'entremêlent les intérêts stratégiques des grandes puissances lui confère un statut un peu spécial. Il est en guerre contre Israël, il est soupçonné d'armer le Hezbollah et il est l'ami de l'Iran, ennemi farouche des Etats-Unis comme il est l'allié de la Russie en quête à son tour d'une place de premier ordre et d'un rôle prépondérant dans la région. Pour toutes ces raisons, la guerre est destinée à perdurer et le calvaire du peuple syrien à se prolonger.