« Caroun (Coré) appartenait au peuple de Moïse. Il fut plein de morgue envers eux. Nous lui avions donné tant de trésors que les seules clefs en étaient une lourde charge pour une troupe d'hommes vigoureux. D'aucuns parmi les siens lui dirent : Ne t'infatue pas à ce point de ta richesse : Allah n'aime pas les arrogants. Use plutôt de biens qu'Allah t'a accordés pour gagner le séjour éternel sans sacrifier ta part aux jouissances de ce monde. Fais preuve de charité ! Sois bon envers autrui comme Allah l'a été envers toi ! Ne souille pas la terre de tes méfaits. Allah réprouve les fauteurs de désordre ! Je ne le dois qu'à ma seule science répliqua-t-il. Ne savait-il pas qu'Allah avait anéanti, avant lui des générations entières d'hommes plus redoutables que lui par la puissance et ayant amassé des biens plus abondants que les siens ? » (Al Qaçass – versets 76 à 78)
Le personnage de Caroun. Caron dans la bible est le symbole de la fatuité. Il était plus riche que Crésus mais n'aurait fait que du mal avec sa richesse. Dieu l'a testé en quelque sorte et avait qu'il accumule les richesses par lesquelles, il était de plus en plus aveuglé. Il avait ignoré même les siens, en persistant à les exploiter et à les garder à sa merci. Ce fut la raison pour laquelle il eut le pire des châtiments. Il fut englouti avec son palais et ses trésors dans les tréfonds de la terre. Ceux qui étaient émerveillés par son faste, et convoitaient les richesses illégitimes de ce bas monde l'envièrent, usant par là même de tous les moyens pour le vénérer voire le glorifier malgré son indifférence et son attitude présomptueuse à leur égard. La leçon à tirer de ce récit, O ! combien révélateur à plus d'un sens, qu'il ne faut jamais se croire infaillible. Or, ne pas craindre Dieu, incite à ne jamais l'être. C'est-là la base du Maârouf, consistant à être humble et à ne pas hésiter à aider les nécessiteux et les démunis. Cela suppose qu'on doit considérer tant le monde sur un pied d'égalité. C'est la Justice en vertu de laquelle on respecte son semblable. Les plus riches ou les plus forts ne sont pas forcément les meilleurs. On apprécie l'être humain par ses idées, son savoir et son comportement vis-à-vis des autres. Ce sont les principes du Maârouf auxquels incitent les Préceptes de l'Islam. C'est en vertu de ces principes que s'instaurent la paix, la justice et le respect des droits de l'Homme, au sein d'une communauté. Le Prophète Mohamed qui a jeté les bases d'un Etat Musulman a œuvré à consolider ces principes. C'est par ces principes que la démocratie, cette notion d'origine grecque, et qui a été dénaturée au fil du temps par les sociétés occidentales, peut être consolidée. Car les gouvernants qui ignorent les gouvernés et se comportent en despotes ont pratiquement tous, connu le même sort que Caron. La démocratie a été désignée par la choura dans le Saint Coran. C'est la concertation entre tous les musulmans pour le bien de la communauté. « Fais preuve de charité et sois bon envers autrui comme Allah l'a été envers toi ! Ne souille pas la terre de tes méfaits » Ces recommandations faites par le Tout-Puissant à Coré sont édifiantes. Elles s'adressent, au-delà de Coré à tous ceux qui veulent faire à leur tête en se croyant infaillibles. C'est le cas par exemple, d'un despote dont les méfaits sont innombrables c'est le cas également d'un patron qui exploite à sa merci ses employés. C'est le cas de celui qui vit dans le faste, alors qu'autour de lui, des gens ne trouvent pas de quoi manger, parce qu'ils sont indigents et sans aucun subside. Je ne sais quel philosophe a dit que tant qu'il existe des gens qui n'ont pas de quoi manger alors que d'autres « jettent de l'argent par la fenêtre », il ne peut y avoir de justice. Les méfaits dont il est question dans les versets précités, ce sont les abus de toutes sortes. La corruption, les atteintes à la liberté et au droit des gens, font partie de ces méfaits dont l'expression arabe rend mieux l'idée par le terme Fassad. Ce terme désigne tout le mal qui peut exister sur terre. Le bien c'est Al Ihsen : la charité, la bonté et tout comportement de nature à consolider la justice et la paix au sein d'une société c'est Al Maârouf auquel incitent les Saintes Paroles de Dieu.
« Ceux par contre qui avaient reçu la vraie science, ripostèrent : malheureux ! la récompense d'Allah vaut encore mieux pour celui qui croit et fait le bien. Mais seuls la recevront ceux qui sont constants dans l'épreuve ». (Al Qaçass- verset 80)