Chanteur-parolier-compositeur et figure marquante de la musique engagée, Hédi Guella a été honoré au festival d'Hammamet. Pour rendre hommage à son travail et à son engagement, trois groupes se sont succédés sur scène ; Ouled El Manajem, Les Colombes Blanches et Al Bahth Al Moussiqi (la Recherche Musicale), ainsi que le frère de Hédi Guella, Jamel Guella. Dans une ambiance conviviale et chaleureuse et devant une assistance assez nombreuse, formée essentiellement des amis du grand regretté, la troupe Ouled El Manajem annonça la couleur. Ses chansons, une arme redoutable brandie contre les tyrans, clamaient ce soir la liberté, les rêves et les espoirs des couches populaires les plus démunies qui aspirent à une vie meilleure. Charmés, les spectateurs n'ont cessé, tout le long du concert, de fredonner les chansons de cette troupe engagée dont ils connaissent les paroles par cœur : « Nachid Ecchaab », « Samidoun », « Cris d'une mère », « Salut Tunisie », « El Falaga ».
Une musique engagée et libre et un cocktail pimenté par la voix de Souilmi. Prennent ensuite la relève, les Colombes Blanches, des artistes atypiques et novateurs qui posent leurs textes poétiques sur des musiques populaires tunisiennes. Eprises de liberté, d'amour et de militantisme, ces Colombes dont les chansons ne laissent pas insensibles, disposent d'un répertoire engagé exprimant leur lutte contre la dictature et militant pour la liberté et la paix. Ils étaient quatre sur le devant de la scène, (naï, violon, oud, guitare ) pour nous jouer « hob wa nidhal», « Okamou », « youladoun », et encore leur dernier succès « Achhab Yourid Iskat Enidham » . Un hymne aux révolutions du monde arabe contre le despotisme avec une participation active des festivaliers. « J'ai juré que le soleil va gagner », un tube émouvant dans lequel, on a découvert non seulement la mélodie révolutionnaire mais aussi le plaisir de chanter et de danser.
Cet hommage continuait avec la troupe El Bahth El Moussiqui. Grande voix de la chanson engagée tunisienne des années 80 et 90, cet ensemble est, au moment de sa création, porteur de tous les espoirs estudiantins. La réputation de ses instrumentistes, paroliers et chanteurs va de pair avec leur talent. Vendredi, Khaled Hamrouni, Nebrass et Abir Chamam accompagnés de grands maîtres de la musique, interprétaient leurs grands succès : « El Ayem Fragua », « Hila Hila Yamatar », « Yachahid Tounes ». Ils passaient d'un registre à l'autre avec toujours autant de justesse et ont pu transporter leur public et lui faire partager l'émotion qui les habite. Leur musique et leurs poèmes réconcilient les générations. Ils ont feuilleté leur répertoire ô combien riche de tubes connus, les uns que les autres. Jamel Guella devait clôturer cette grande soirée avec des tubes légers bien connus qui ont ébloui l'assistance. Toujours en quête d'une musique novatrice, Jamel, ce grand luthiste, a chanté les grands succès de son frère « Toughat El Alem », « Babourzamar » ; Il a tenu à rendre un grand hommage à Hédi Guella en interprétant une chanson de Mahmoud Dérouiche ». Ivresse des mots, des poèmes, des chants et des rythmes. Des sons de luth joyeux mais parfois mélancoliques et une parfaite symbiose entre Jamel et le public. Tous les ingrédients d'une soirée réussie.