On ne finira pas de rendre hommage à Hédi Guella, parce qu'il le vaut bien. Cet été 2012, une première soirée à été organisée à sa mémoire à Hammam Lif, à l'ouverture du festival de Boukornine. La dernière en date a eu lieu vendredi dernier, dans le cadre de la 48e édition du festival international de Hammamet. Le groupe de recherche musicale de Gabès, Ouled El Menejem et la troupe des Colombes Blanches ont chanté, Jamel Guella aussi. Parmi le public, très peu nombreux, hélas, une majorité connaissait par cœur le répertoire de ces groupes super connus dans les milieux culturels et estudiantins des années 1970-80. Elle synchronisait avec la scène, lui renvoyant tous les refrains. Les chansons, quelque peu vieillies, mais aux paroles crues, évidentes et poignantes, ont toujours leur sens, en cette époque où l'histoire se répète et où le mot «changement», déjà connoté, devient on ne peut plus abstrait. Les groupes ont chanté la vie, l'amour et la femme, rendant hommage aux martyrs de la Tunisie de l'ancienne époque de la colonisation au temps des dictatures, dénonçant tous les tyrans, toutes les injustices et de ce «nouvel ordre mondial». Mais que d'émotions lorsque l'on a enfin cédé le micro à Jamel Guella ! Sa voix nous a énormément rappelé celle de son frère Hédi, et les chansons de ce dernier sont si belles ! Feu Hédi Guella était vraiment un grand compositeur. C'était bon de réécouter Saât (parfois), Ila toghat el âlem (aux oppresseurs du monde), d'après un poème de Aboul Kacem Chebbi, et Babour zammar (approximatif : et siffle le bâteau), indiscutablement la plus célèbre de ses chansons; la plus prisée aussi. Vives réminiscences. Jamel n'a pas manqué de nous faire plaisir en nous offrant une de ses propres compositions : yahtajou hoboki (manque à ton amour...), un pertinent poème de Sghaïer Ouled Ahmed, si espiègle et tellement coquin...