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Les acquis de la femme sont-ils menacés ?
Demain 56ème anniversaire de la promulgation du Statut personnel
Publié dans Le Temps le 12 - 08 - 2012


Iqbal Gharbi, islamologue

« Apparition d'un anti féminisme au sein de l'Assemblée constituante et dans les discours politique et sociaux »
« Cette année la fête de la femme tunisienne s'avère pleine d'amertume. Aujourd'hui, Les femmes font face à des risques accrus de confiscation d'une révolution qui était aussi la leur...
En effet, les récents débats à l'Assemblée constituante sur une éventuelle introduction de la charia dans la Constitution inquiètent organisations féministes et partis libéraux, qui craignent un recul des droits des femmes.
Il faut rappeler que les femmes ont été extrêmement présentes dans la révolution tunisienne. Aux côtés des hommes, elles ont été actrices des mouvements contestataires qui ont secoué la Tunisie demandant l'avènement d'une société démocratique fondée sur la liberté, l'égalité, la justice et le respect des droits humains. Durant tout le processus qui a conduit au 14 janvier, Les femmes ont été très actives dans les syndicats, les manifestations, les associations et les partis politiques. Durant la révolution, elles ont bloggué, manifesté (souvent en première ligne), galvanisé les hommes, soigné les blessés. Elles ont, comme les hommes, payés et continuent de payer, le prix fort pour cet engagement sous forme de violences spécifiques. D'ailleurs le plus jeune martyr de la Révolution est un bébé de huit mois de sexe féminin. Elle a reçu une balle alors qu'elle était dans les bras de son père.
En dépit de ces faits, nous constatons un déficit de visibilité féminine dans les débats public ainsi que la faiblesse du nombre femmes au gouvernement.
Plus grave encore est l'apparition d'un anti féminisme au sein de l'Assemblée constituante et dans les discours politique et sociaux.
Certains islamistes qui n'osent pas avoir des positions ouvertement sexistes et misogynes, mettent à l'avant leurs militantes qui elles, prônent un discours anti féministes et contre les droits des femmes. Ces militantes qui ont intériorisée la « violence symbolique et l'infériorité de la femme « participent à l'avènement d'une société inégalitaire fondée sur la discrimination .Ce projet manipule la haine des femmes comme instrument de pouvoir.
Certaines couches sociales déçues de la modernité exclue de la citoyenneté s'adossent à l'idée que, l'égalité des sexes et notamment le CSP, seraient des privilèges excessifs qui ont engendré de nouvelles inégalités à l'encontre des hommes tunisiens. Ce discours populiste tente de nous faire croire
que les tunisiennes auraient tout obtenu et que nous vivrions sous l'emprise d'un « nouveau matriarcat », castrateur forcément, qui ferait du mâle tunisien une espèce en voie de disparition. La réalité bien sur est tout autre. D'autres optent pour une lecture rétrograde et misogyne de la religion pour détruire les droits des femmes .Pour cela, ils utilisent l'amalgame, la négation des réalités, ou encore la réécriture et la falsification d l'histoire musulmane : Cette manipulation constitue l'arsenal habituel des techniques de domination tentant d'instaurer ou de restaurer l'ordre social inégalitaire. »
M.B.G.
Noura Borsali, écrivaine et militante féministe

« Si Ennahdha impose, on s'impose... »
« Le 56ème anniversaire de la promulgation du CSP nous rappelle deux choses. La première consiste à corriger une lecture historique qui dit que le CSP a été offert par Bourguiba sur un plateau d'argent: le Code du statut personnel est le résultat de deux facteurs : le mouvement intellectuel, politique, associatif , féministe et réformiste qu'a connu notre pays et le moyen Orient depuis le 19ème siècle mais aussi de la volonté politique du gouvernement au lendemain de l'indépendance. La bataille était au niveau des idées et de l'action d'hommes et de femmes réformistes mais qui n'ont pas été reconnues en tant que telles : Bchira Ben M'rad et Nebiha Ben Miled, etc qui ont incité les femmes à sortir et à s'approprier la rue. En mars 1956 lorsque l'ANC a tenu sa première assemblée les femmes étaient exclues des élections en tant que candidates et électrices. Elles ont protesté et ont signé une pétition qu'elles ont distribuée à tous les constituants. Les femmes ont obtenu ainsi leur droit au vote. Il faut dire aussi qu'elles ont demandé leurs droits politiques, économiques et sociaux mais ne se sont pas intéressées au statut matrimonial de la femme. Elles ne se sont pas prononcées contre la polygamie et la répudiation.
Il est une autre réalité historique et que les islamistes essayent de camoufler. Ces derniers prétendent que les Cheikhs de la Zeitouna étaient derrière la rédaction du CSP. Ahmed Mestiri qui à l'époque était le ministre de la justice, a été appelé à constituer une commission pour écrire la constitution. Il a déclaré qu'à l'époque on leur a présenté un projet de Cheikh Jaiet composé de 700 articles qui n'étaient pas applicables. Le seul article qu'ils ont pu adopter concerne l'inégalité successorale. Hélas. D'ailleurs la promulgation du CSP a suscité des Fatwas par d'autres Cheikhs qui l'ont considéré comme un dépassement du texte coranique. Bourguiba a du batailler pour bousculer les traditions d'une société traditionnaliste.
Actuellement, on croyait qu'il y avait un consensus autour du CSP puisque Ghannouchi a déclaré qu'il n'y aura pas de révision du Code du statut personnel. Mais les promesses n'ont pas été tenues. Les islamistes disent actuellement que le CSP n'est pas sacré. Je crois qu'il est grand temps de cesser de jouer avec les droits des femmes. C'est triste dans un pays considéré avant-gardiste dans le monde musulman. Je suis pour la révision du CSP de fond en comble mais dans le sens où l'on assure l'égalité totale et réelle entre l'homme et la femme en la constitutionnalisant. Je ne crois pas qu'on pourra toucher aux acquis de la femme tels qu'énoncés au CSP, indépendamment de la position d'Ennahdha ,qui dans les années 80 était connue sous l'appellation du MTI, et qui était le premier mouvement à demander la révision du CSP. Il faut dire qu'actuellement le débat autour de l'article 28 est houleux. Cet article énonce que l'égalité entre l'homme et la femme est garantie, mais ce n'est pas suffisant. Je crois que deux termes fondamentaux manquent pour compléter cet article, à savoir ‘'égalité'' et ‘'discrimination''. Je me demande comment un parti politique en l'occurrence Ennhadha ne reconnaît pas que la discrimination à l'égard des femmes existe aujourd'hui et qu'il faut protéger la femme de toutes les formes de violences quelqu'en soit la source. Je crois aussi que le terme de ‘'complémentarité'' utilisé est pernicieux et ambigüe et il peut être mal interprété par la suite pour limiter les droits de la femme. Le mouvement des femmes, les mouvements citoyens doivent réaliser un bond qualitatif pour passer d'une force à la défense à une force à l'offensive. On ne doit pas se contenter de s'opposer à Ennahdha : Ennhadha impose et on s'impose en formant une force alternative en présentant des propositions. On doit évoquer actuellement la question de l'égalité successorale. Nos revendications doivent être claires et nettes et non pas à la merci des islamistes. Je crois par ailleurs que le mouvement féministe a réussi à tirer les islamistes sur son terrain. Cette année deux partis islamistes ont fêté le 8 mars, Hizb Ettahrir et Ennahdha, je crois que c'est un bon signe. Je tiens à rappeler aussi que grâce au mouvement que le principe de parité a été voté dans le code électoral et qui a fait que les 40 femmes islamistes siègent à l'ANC. »
M.B.G.
Sana Hmima, présidente de l'association Femmes et leadership

« Le problème est que le risque de régression ne concerne pas uniquement les droits de la femme mais le modèle de société moderniste»

« Au début on a exprimé une peur quant à la régression des acquis de femme mais malheureusement la situation est actuellement très critique. La peur est devenue une réalité de menace. Le problème est que le risque de régression ne concerne pas uniquement les droits de la femme mais le modèle de société moderniste initié en 1956. L'article 28 voté en commission donnera la suprématie aux lois islamistes puisqu'il peut être interprété selon les lectures qu'on en fait. Nous avons constitué un collectif de 200 ONG et on était voir la présidente de la Commission des droits et des libertés qui était catégorique pour refuser nos propositions. Je dirais même qu'elle était d'une arrogance qui nous a surpris en nous avançant que l'article a été déjà voté en commission et sera présenté en séance plénière et que l'on optera pour le référendum si jamais le consensus ne sera pas retrouvé.
Nous ne baisserons pas les bras maintenant c'est la guerre déclarée contre les obscurantistes qui veulent faire de la femme victime de leurs idées rétrogrades. Ce matin on nous a même refusé un récépissé pour avoir déposé une demande d'organiser une manif. Cela montre que le risque de débordement est possible. Nous restons vigilants. »
M.B.G.

Imène Triqui, avocate islamiste, présidente de l'Association « Liberté et équité »

« L'article 28 est une insulte pour la femme tunisienne »

« J'ai été vraiment surprise par la teneur de cet article 28 que je considère comme étant une insulte à la femme tunisienne. Mais il faut lire le texte coranique qui appelle à l'égalité totale et entière entre l'homme te la femme. Même au niveau de l'héritage l'islam stipule l'égalité car il faut observer toute la logique juridique concernant la structure de la femme et de la famille pour voir ce qui revient de droit à la femme en matière d'héritage. Elle reçoit au final la même part que celle de l'homme. Cet article voté en commission n'a rien à voir avec l'islam. Il est le résultat de calculs politiques et de précédents idéologiques. Malheureusement la femme est toujours la victime de ces surenchères politiques.
Je cois que la situation de la femme est critique dans un pays où la femme continue à subir la violence physique et morale dans l'impunité totale. L'agression de Mariem Mnaouer en est un exemple qui en incite les militants des droits de l'homme à rester sur le qui-vive. »
M.B.G.

Néziha Rejiba, alias Om Zied (journaliste indépendante et activiste politique)

«Ennahdha semble renoncer à ses engagements antérieurs à la révolution »

«Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste en ce qui concerne les perspectives des acquis de la femme tunisienne. Je compte sur la femme tunisienne pour défendre son statut qui est de loin le meilleur dans le monde arabo-musulman grâce au Code du Statut Personnel (CSP) qui a banni depuis 1956 la polygamie, ouvert la voie à l'instruction obligatoire des filles, à la contraception, à la liberté de choix du conjoint et introduit le mariage civil et le divorce judiciaire.
Il est, toutefois, vrai que des menaces pèsent sur les droits des femmes tunisiennes. Ces menaces proviennent notamment du mouvement islamiste Ennahdha. Comme toutes les formations islamistes, Ennahdha considère que l'obéissance à Dieu permet parfois l'asservissement de certains êtres humains par leur semblable au nom d'une certaine interprétation de la religion. Ce genre de formations politiques est connu pour être contre la liberté l'égalité entre les sexes et les libertés de la femme conformément à une lecture rigoriste des textes coraniques et des hadiths.
Avant la révolution le mouvement Ennahdha a fait des concessions pour être accepté dans les rangs de l'opposition démocratique. Ses dirigeants ont accepté le CSP et se sont engagés à lever les réserves sur toutes les conventions internationales relatives aux droits de la femme comme en attestent les déclarations finales publiées à l'issue de la réunion de l'opposition d'Aix en Provence en 2003 et du collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés. Ennahdha semble désormais renoncer à ses engagements antérieurs à la révolution pour tenter de remettre en cause de façon insidieuse certains acquis de la femme. Certes la vigilance est nécessaire, mais je pense qu'un retour en arrière est actuellement impossible. Nul ne peut se dresser contre la volonté de plus de la moitié de la société tunisienne et changer le cours de l'histoire. La légitimité des urnes n'est pas, après tout, éternelle. Le peuple qui a élu un parti qui avait multiplié les professions de foi démocratiques durant la campagne électorale sans respecter ses engagements peut le sanctionner durant le prochain scrutin ».
Walid KHEFIFI

Bochra Belhaj Hamida (Avocate et militante féministe)

«Le principe de la complémentarité de la femme avec l'homme doit être revu»

Je ne pense pas que les acquis de la femme soient menacés, mais on peut dire qu'il y a un vrai travail visant à remettre en question les choix sociétaux de la Tunisie depuis l'indépendance, voire même l'identité tunisienne. Ce travail ne date pas d'hier. Il a été entamé depuis les années 80. A cette époque, le Mouvement de Tendance Islamique proposait déjà un référendum sur l'abolition du Code du Statut Personnel. Après la révolution, des prédicateurs venus du Moyen-Orient qui ont longtemps présenté sur les chaînes satellitaires les femmes tunisiennes comme étant en rupture avec leur culture ont tenté de faire un bourrage de crâne visant aussi à faire régresser les droits de la femme. Plus récemment, l'article 28 de la future Constitution adopté par la commission des droits et des libertés à l'Assemblée nationale constituante (ANC) qui institue le principe de la complémentarité de la femme avec l'homme entre, à mon sens, dans le cadre de la remise en cause des engagements de la Tunisie dans le domaine des droits de la femme et du statut de la femme qui demeure une référence dans le monde arabe.
Nous plaidons pour une égalité totale des sexes et non pas pour une complémentarité qui pourrait être interprétée de mille façons dans une société qui reste malheureusement majoritairement misogyne.
De façon générale, je crois que les groupes religieux sont en train d'essayer d'islamiser la société par le bas et de changer doucement le modèle de société tunisien, mais la résistance est assez forte. La mobilisation et la vigilance doivent continuer. Je suis très optimiste. La Tunisie s'en sortira et imposera son modèle de société».
W.K

Souad Abderrahim (élue d'Ennahdha à l'Assemblée constituante)

«Ennahdha n'a aucunement l'intention de remettre en question le modèle sociétal tunisien »

« Les acquis de la femme tunisienne ne sont pas menacés. L'écrasante majorité des élus à l'Assemblée nationale et des partis politiques s'attachent à la préservation et à la consolidation des droits de la femme. En ce qui concerne l'article 28 adopté par la commission des droits et des libertés à l'Assemblée et qui évoque la complémentarité de la femme avec l'homme, il s'agit encore d'une proposition. Cet article a évoqué la complémentarité entre les deux sexes dans l'absolu et il n'a pas spécifié que la femme est la complémentaire de l'homme. Il stipule également le partenariat entre la femme et l'homme dans la construction du pays. Il existe aussi dans le projet de Constitution, un autre article qui évoque expressément l'égalité des sexes.
Quoiqu'il en soit, le terme complémentarité a suscité une controverse. Et c'est tout à fait normal puisque chaque couche de la société veut préserver ses droits. Personnellement, je suis pour la suppression de ce terme. D'autant plus que nous sommes en train de rédiger une Constitution qui va engager l'avenir de tout un pays et de plusieurs générations et non pas la Constitution d'un parti ou d'un groupe de personnes porteurs d'une telle ou telle idéologie.
Nous comptons aussi plaider pour la constitutionnalisation du Code du statut personnel. Bref, Ennahdha n'a aucunement l'intention de remettre en question le modèle sociétal tunisien».
W.K

Me Abdessattar Ben Moussa (président de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme)

« Il faut constitutionnaliser les acquis de la femme»

La révolution de la dignité et de la liberté nous a fait beaucoup rêver. Nous avons rêvé de voir les droits de la femme constitutionnalisés et de voir la Tunisie ratifier la convention internationale relative à la lutte contre toutes les formes de discrimination contre la femme. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. L'adoption en commission à l'Assemblée constituante d'un article qui stipule la complémentarité entre l'homme et la femme et non pas l'égalité des sexes est très dangereuse. Le principe de la complémentarité risque en effet d'ouvrir la porte à la remise en question du droit au travail de la femme dans le sens où l'on peut l'interpréter comme suit : le travail de l'homme est en dehors du foyer conjugal alors que celui de la femme est à la maison.
La classe politique et la société civile sont désormais appelées à jouer pleinement leur rôle pour faire pression sur l'Assemblée constituante et la pousser à rejeter le principe de complémentarité et à constitutionnaliser les acquis de la femme tunisienne.
Globalement, je reste optimiste car je pense que la société tunisienne a atteint un degré de maturité et de prise de conscience qui ne permet aucune régression en ce qui concerne les droits et les libertés publiques et individuelles. Il faut désormais être vigilant et se mobiliser pour dénoncer le moindre écart».


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