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Un mea culpa de monsieur M.R. Ghannouchi
La chronique de Youssef SEDDIK
Publié dans Le Temps le 14 - 08 - 2012

L'histoire est aussi édifiante qu'une fable. ! Le lecteur ou la lectrice qui voudrait bien la raconter à l'enfant désireux de passer par loup, corbeau, agneau ou fouine pour s'approprier la morale sous-jacente, ne trouvera aucune peine à convertir les personnages humains en acteurs de bestiaire.
Il y a trois jours un coup de fil me réveille relativement tôt en ces jours d'exès de veille. La voix se présente: “ M. Bouamari, du bureau-média du Cheikh Rached Channouchi... “. Il m'apprend que le dit Cheikh me convie au repas de la rupture du jeûne à l'Hôtel Golden Tulip sis à Gammarth. Rapidement, tout en écoutant les salamalecs d'usage de mon appelant, j'ai réfléchi à cette inhabituelle sollicitation. Pourquoi pas, me suis-je dit, après le drame de Kairouan dont j'ai été la cause principale, curieusement préservé de la terrible violence qui a frappé, plus curieusement encore, l'un des fondateurs du mouvement de M. R. Ghannouchi, après cette journée débile et surréaliste à la fois, pourquoi ne pas accepter une invitation aussi gentille. J'aurais été méfiant, je la qualifierai plutôt de louche. Ne pouvant me déplacer qu'accompagné, j'ai tout de même nommé mon compagnon, le professeur Essedik Jeddi, Docteur et écrivain et demandé qu'il soit nommément invité à ce banquet et inscrit aux tablettes des convives.

Arrivés une heure avant l'appel du muezzin une jolie nymphette voilée en guise d'hôtesse nous accueille par la fade ironie des mesquins victorieux : “ Tout à l'heure, Messieurs, vous trouverez la salle de prière par-là à votre droite... “ .Elle me connaissait puisqu'elle m'a salué en usant de mon prénom, sachant bien, donc, que le Bon Dieu, dans Son immense et mystérieuse Sagesse ne m'a pas encore montré le chemin que cette houri de l'ici-bas a trouvé vers le deuxième rite des cinq piliers de l'islam.

Mon ami et moi avons fini par nous placer à une table ronde pour six personnes, seuls, regardant de loin un dispositif en U, alignant plusieurs VIP autour du leader d'En-Nahdha, dont des individus aux habits de “moines" de pétrodollars. Chacun avait son nom calligraphié à l'encre de Chine en face de lui. Un petit discours de bienvenue lancé par l'animatrice à travers une exécrable sono et, juste quelques secondes avant l'Allah akbar... annonçant la ruée vers les cueillères, voici que M. Abdelfattah Mourou se pointe dans son aérienne élégance, à l'entrée de l'Hôtel donnant directement sur la vaste salle à manger.

Fichtre!... Avant de me rendre à cette fort moche cérémonie, j'ai appelé au téléphone ce désormais ami et il m'a assuré qu'il ne pouvait répondre à l'invitation de son Parti pour des raisons de santé !R. Ghannouchi, à sa vue, se lève pendant que la voix du muezzin poursuit la psalmodie de la sainte formule, et lui donne l'accolade solennellement comme dans l'incongru ralenti d'un film de petit et mauvais amateur. D'une seule voix nous décidons, Dr Jeddi et moi de quitter les lieux et la table devant laquelle nous étions jusque-là demeurés seuls. D'autres convives qui ne pouvaient faire autrement sont venus nous saluer et même bavarder un peu avec nous : Saleh Jourchi, l'intellectuel soft-islamiste,

Abdeljelil Temimi, l'historien et Mme Hajji, l'épouse du maître de la pluie et du beau temps à Al Jazeera et ancienne du PDP...

Une longue nuit d'insomnie, comme pour m'autoflageller pour avoir été si naïf, si platement floué par un mouvement qui a apparemment troqué les principes contre la pure tactique, pure et inutile.

J'ai voulu, dans la journée du lendemain, en avoir le coeur net en m'adressant directement au Grand Manitou en personne. A 3h de l'après midi, j'ai demandé M. R. Ghannouchi sur son portable.Il n'a pas décroché. Une heure après, c'est lui qui me rappelle.

Je tiens à reproduire (traduits en arabe) les propos que je lui ai tenus : «Bon après-midi, Ustadh (... Il faut que je me plaigne à celui-là même qui m'a porté tort, puisque vous êtes, hélas, pour ce qui me préoccupe et le juge et l'adversaire (al-khaçmu wa al-hakam) ... Et de lui narrer ma mésaventure, avant de poursuivre : « Ecoutez-moi bien « Si « Rached : je ne me situe, moi, ni dans la course de ceux qui attendent d'être nommés à des postes juteux par votre générosité, ni ne passe mes jours à rabattre les millions des princes du pétrole comme vous semblez le faire. Ce que vous êtes pour moi, c'est juste un souvenir, celui que vous avez été un jour lointain mon collègue dans un lycée de la République.

Cela devrait vous suffire en gloire que j'en garde le souvenir (kafaka fakhran...). Ma seule gloire à moi, c'est de participer, ne serait-ce, que le plus modestement du monde, au prestige de la Tunisie... Si vous en êtes aussi convaincu que moi, pourquoi cette mascarade?...».

A l'autre bout du sans fil, l'homme le plus puissant du moment se fend en « Pardon !» (Samehni) tout aussi empressé et en cascade qu'apparemment sincère, arguant que les « Frères « (Ikhwan) ne lui avaient pas dit que j'étais là...

Mais alors, si je le crois, la seule manière de l'aider à s'en repentir, c'est d'enregistrer et d'inscrire sur le support lisible et toujours consultable son mea culpa, afin que ces collaborateurs apprennent à lui dire qui est qui et lui éviter de demander pardon.


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