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Muséographie à grands frais... mais un coup de lifting s'impose
Patrimoine L'inauguration en grande pompe des musées de Sousse et du Bardo
Publié dans Le Temps le 17 - 08 - 2012

A près d'un mois et demi d'intervalle, le Musée archéologique de Sousse et le Musée national du Bardo ont été inaugurés, le premier après un aménagement complètement nouveau, le second suite à un agrandissement considérable et l'arrangement d'une partie de ses anciens locaux.
Les deux évènements sont de taille car ils procèdent d'un programme initié, il y a une dizaine d'années, grâce à un prêt accordé par la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) qui a été le premier en son genre à l'échelle mondiale. Le démarrage effectif des travaux, qui ne date que de quelques années, a nécessité la fermeture totale du musée de Sousse et la restriction des espaces visités au musée du Bardo, pendant plusieurs années. Compte tenu de l'importance des investissements (près de cinq millions de dinars pour le musée de Sousse et près de 20 millions de dinars pour celui du Bardo), de la mobilisation d'un grand nombre d'experts et de la qualité des collections mises en scènes, le public était en droit d'espérer des réalisations de très haut niveau à tout point de vue. Il convient de rappeler que le musée du Bardo héberge la plus grande collection de mosaïques antiques (essentiellement d'époque romaine), au monde et que le musée de Sousse est, dans ce domaine, le deuxième du pays.

Des acquis louables

L'aménagement du musée de Sousse dans une grande cavité aménagée dans la cour centrale de la Kasbah est une solution audacieuse qui a donné à l'architecte et aux aménageurs des locaux une liberté totale d'action au sein d'un espace nouveau. Avec son espace souterrain et son puits de lumière, la salle d'exposition fait inévitablement penser au ''nouveau musée du Louvre'', la pyramide en moins. Le gain de l'espace s'étend aux anciens locaux accessibles de plein pied et qui ont été affectés à l'administration, aux ateliers et aux réserves du musée.
Au Bardo, l'agrandissement a fait doubler la superficie du musée et, du coup, le nombre des objets exposés ainsi que la capacité d'accueil nominale désormais estimée à un million de visiteurs par an. Le réaménagement d'une partie de l'ancienne bâtisse a permis d'améliorer l'éclairage naturel et de redéployer les pièces tout en veillant à une communication aisée entre les espace originels et ceux qui ont été ajoutés. Pour l'accueil, la commercialisation des publications et des reproductions ainsi que pour la circulation des personnes handicapées et la détente des visiteurs, des efforts louables ont été fournis. La générosité de l'éclairage naturel du nouveau hall d'entrée du musée du Bardo est particulièrement appréciée.
Dans les deux musées, le visiteur a droit à une exposition, une signalétique et un éclairage général et d'appoint qui font penser aux standards internationaux les plus modernes. La présentation de certains pavements de mosaïque est des plus heureuses. Au musée du Bardo, les nouvelles vitrines semblent satisfaire aux meilleures normes de sécurité et d'hygrométrie. Dans ce musée, les objets appartenant aux civilisations numide, punique et musulmane ont enfin des salles qu'ils méritaient pleinement mais qui ne leur avaient pas été accordées par l'administration coloniale trop attachée au passé romain, pour des raisons idéologiques évidentes, ni même par l'Etat tunisien indépendant. L'espace réservé aux expositions provisoires comble une lacune déplorée depuis des décennies.

Les inconvénients de la précipitation

Quelques semaines après son inauguration qui a eu lieu le 9 mai dernier, le musée de Sousse donnait l'impression que son inauguration avai été précipitée. Placée le 18 mai, date de la commémoration de la Journée mondiale des musées, l'inauguration serait tombée à propos et aurait, peut-être, permis d'éviter quelques lacunes inadmissibles.
Au-dessus de la porte d'entrée du musée de Sousse, qui s'ouvre dans le mur d'enceinte de la Médina, l'écriteau est minuscule et peu visible de loin car l'appellation de l'établissement qui y est gravée est peinte en gris sur un fond blanc. Deux vieilles portes qui se situent à droite de cette entrée n'ont pas été restaurées alors que la réhabilitation de l'ensemble de la Kasbah faisait partie du projet de rénovation. Pour la grande ''salle de lecture'', accessible de plein pied et aménagée à côté du départ de l'escalier qui fait accéder à l'espace souterrain, les muséographes ont choisi une vocation livresque qui n'a aucun respect pour le fil de l'histoire : le sens de la visite n'est nullement indiqué ; la Préhistoire et la Protohistoire sont présentées entre les monuments de Sousse islamique et le Sahel à l'époque islamique. Dans le même musée, la découverte et la lecture du panneau qui présente les vestiges du tophet de Sousse est un exercice pénible pour le visiteur le plus motivé. Rédigé en caractère trop petit et relégué dans un coin, le panneau ne peut prétendre à aucune visibilité. La salle des objets puniques a un agencement déroutant : la céramique carthaginoise du IIè siècle av. J.-C. est présentée avant la céramique attique à vernis noir fabriquée deux ou quatre siècles plus tôt. Celui qui s'arrête devant les vitrines réservées aux lampes à huile découvre de nombreuses pièces sans notices et deux lampes datant de l'époque augustéenne (fin du Ier siècle av. J.-C. –début Ier s. ap. J.-C.) entre deux lampes du IIe siècle ap. J.-C. Les ''vases à la femme noire'', si originaux, sont présentés dans un grand panneau mural en trois langues mais n'ont droit à aucune indication dans la vitrine où ils se trouvent. De loin, la lecture de la notice de la célèbre mosaïque qui représente la tête d'Océan est une tâche bien difficile ; de même en est-il pour les notices des têtes d'empereurs disposées en demi-cercle dans un fond de salle aménagé en abside.
Au musée de Sousse, une exposition est consacrée aux fouilles des tombes puniques découvertes à l'occasion de la grande excavation qui a permis d'aménager le nouveau musée en sous-terrain. Organisée dans des pièces donnant sur l'une des cours de la Kasbah, elle est dans un état pitoyable : le caveau d'époque romaine de Bou Hsina est plongé dans le noir, des fils électriques pendent dangereusement à hauteur d'homme...
Au musée du Bardo, les travaux inachevés ou qui relèvent d'un goût discutable sont innombrables. Il y a d'abord tous les anciens espaces qui restent fermés au public. Plusieurs salles fermées offrent à travers des baies vitrées un spectacle désolant : statues empaquetées, socles sans objets, murs nus.... Dans les espaces anciens et nouveaux ouverts aux visiteurs, nombreuses sont les vitrines vides, les notices inexistantes et les amalgames peu professionnels. A trop suivre la mode des espaces et des vitrines peu encombrés, les muséographes ont versé dans un excès qui a abouti à des vitrines trop peu meublées et à de grands espaces perdus. L'encadrement blanc des pavements de mosaïque fixés sur des murs blancs relève d'une esthétique curieuse. Adosser la célébrissime mosaïque de Virgile à une grande baie vitrée qui lui ôte une grande partie de sa splendeur par l'effet du contre-jour est un non-sens inimaginable mais vrai.
L'inauguration du musée du Bardo s'apparente à un feuilleton qui tient les nombreux amis de cet établissement séculaire en haleine depuis plus d'un an. C'est le 18 mai 2011 que les médias ont livré les premières images des nouveaux aménagements. La révélation a eu lieu à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des musées. Le ministre (provisoire) de la Culture d'alors en a profité pour annoncer l'ouverture prochaine du ''nouveau musée'' au public. Peu de temps après, la nomination du Directeur du musée comme responsable (provisoire) de la Division du Développement Muséographique (DDM) n'était pas pour accélérer la supervision des travaux, même si le véritable maître d'ouvrage était l'Agence de Promotion du Patrimoine et de Promotion Culturelle (AMVPPC) dont le Directeur Général dirige l'Unité de Projet de Gestion et de Valorisation du Patrimoine Culturel. Depuis, une rumeur insistante a fait croire que l'inauguration du musée allait avoir lieu le 18 mai 2012. Il n'en fut rien. L'évènement a finalement eu lieu le 25 juillet dernier, date de la fête de l'Indépendance. Mais à cette date, l'exposition provisoire consacrée aux ''Peintures et sculptures kairouanaises sur bois'' n'était pas prête. L'exposition a enfin été inaugurée dix jours après l'ouverture officielle du musée au public. Une nouvelle rumeur fait état d'une inauguration solennelle de l'ensemble des travaux programmés pour le musée du Bardo, dans quelques mois.
La politique culturelle a ses raisons que le professionnalisme et le simple bon sens ne connaissent pas. Mais les amoureux du Patrimoine pourront toujours se consoler en se disant que de très nombreuses lacunes aisément constatables dans les musées de Sousse et du Bardo peuvent être comblées assez rapidement. Ils pourront aussi se dire que le mois du Patrimoine aura quand même été marqué, cette année, par l'inauguration du musée de Sousse et que, pour la célébration du 55è anniversaire de la proclamation de la République, complètement occultée en dehors de l'enceinte de l'Assemble Nationale Constituante, la mise aura été sauvée par l'inauguration du Musée national du Bardo aussi inachevé soit-il. Alors que l'absence totale des emblèmes nationaux des artères des agglomérations tunisiennes signifiait clairement l'abstention officielle de célébrer l'appartenance à la Tunisie indépendante, la fête non moins officielle organisée à l'occasion de l'inauguration du nouveau musée du Bardo, réceptacle séculaire du génie tunisien à travers l'histoire, consolait ceux qui sont fiers d'afficher leur d'allégeance à leur patrie.

De grandes occasions ratées et des rattrapages onéreux

Deux créations muséales de l'envergure de celles de Sousse et du Bardo, réalisées à grands frais auraient pu constituer des occasions précieuses pour placer la barre le plus haut possible en visant l'excellence non seulement pour l'immédiat mais aussi pour tout ce qui concerne le développement durable.
De l'extérieur, les deux musées sont décevants. L'entrée monumentale du musée de Sousse qui donne sur une ruelle de la Médina est bariolée à l'envie. Son encadrement ne renvoie à rien qui soit authentiquement tunisien. Il jure avec l'allure simplissime de l'accès ouvert dans la muraille de la ville et qui donne sur le parking du musée. Pour la colonne antique située à droite de la porte qui fait accéder à l'escalier desservant l'espace souterrain, les restaurateurs n'ont rien trouvé de mieux que de remplacer les morceaux manquants par un béton criard.
L'aspect extérieur des trois côtés visibles de la nouvelle bâtisse du musée du Bardo constitue du point de vue architectural un échec cuisant. Truffés de fenêtres de différentes tailles et formes, les hauts murs du premier musée tunisien et le plus riche au monde en pavements de mosaïques antiques font penser à une grande usine de confection ou à un poulailler gigantesque. Ces façade visibles de loin constituent des balafres pour un environnement constitué d'une part de palais très représentatifs de l'architecture tunisienne de l'époque moderne et d'autre part, par les vestiges d'une caserne qui avait abrité l'Ecole militaire beylicale dont nous reste une porte monumentale unique en son genre par ses superbes sculptures en bois, son encadrement en marbre et ses deux dédicaces. Pour un bon mariage de l'aspect extérieur du musée avec son environnement comprenant des monuments historiques racés, plus d'un architecte tunisien se serait fait un plaisir de proposer une solution heureuse. Un habillage adéquat pourrait être envisagé. Son coût, inévitablement élevé, sera la rançon des manquements du départ.
Certains aménagements intérieurs posent des problèmes sérieux dans les deux musées. Le recul suffisant manque à celui qui, empruntant l'escalier du musée de Sousse, veut contempler les beaux pavements de mosaïque qui l'encadrent. La superbe mosaïque représentant la chasse à l'amphithéâtre de Magerius, découverte à Smirat, dans les années 1960, était bien mieux mise en valeur dans l'ancien musée. Un grand miroir fixé au-dessus des mosaïques de la ''Maison de l'autruche'' est d'un effet peu évident. D'une manière générale, au musée de Sousse, particulièrement, la pédagogie et l'efficacité ont été sacrifiées au beau. Au Musée du Bardo, certains passages étroits ne manqueront pas de poser des problèmes de circulation en période de grande affluence. Dans cet établissement immense, les issues de secours qu'on souhaite avoir en plus grand nombre ne sont pas signalées comme il se doit. A Sousse comme au Bardo, l'absence des bornes interactives est impardonnable alors que ce moyen de communication, actualisable à peu de frais, ne peut que ravir les jeunes et les moins jeunes férus de nouvelles techniques de l'informatique et de la communication. Parer à ces défaillances est certainement possible mais il faudra y mettre le prix.
Au vu des indications fournies par le site de l'AMVPPC et par divers responsables lors de la conférence de presse qui a été organisée, au musée du Bardo, la veille de son inauguration, les projets de Sousse et du Bardo ont été réalisés par des équipes interdisciplinaires de consultants internationaux en collaboration avec des cadres de l'Institut National du Patrimoine (INP). L'intervention des experts internationaux a particulièrement porté sur le volet muséographique de l'ouvrage avec ce qu'il comprend comme aménagement et éclairage. La contribution des compétences tunisiennes en matière de muséographie aura donc été très réduite pour ne pas dire nulle. Au fait, ces compétences existent-elles vraiment ? Les muséographes autoproclamés et les cadres passablement formés sur le tas ne sauraient tenir lieu d'experts patentés ni masquer une réalité affligeante. Depuis l'indépendance, l'Etat tunisien n'a rien fait ou presque pour la formation des jeunes tunisiens dans des métiers essentiels à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine. Tels sont particulièrement les cas de la muséographie et de la restauration des objets. Les grands chantiers muséaux ouverts, il y a plusieurs années, à Sousse et au Bardo auraient pu constituer une occasion d'or pour se rattraper en ces domaines. Des bourses d'études auraient pu être accordées à des jeunes en vue d'être formés à bonne école : des Licences, des Mastère, des Doctorats mêmes auraient pu être préparés pendant la durée des projets. Un établissement tel que l'Institut Supérieur des Métiers du Patrimoine de Tunis (ISMPT), créé, il y a plus de dix ans, avec de bonnes intentions mais qui cherche encore sa voie aurait trouvé dans une telle entreprise une vraie vocation. Son écartement de projets à milliards constitue une preuve irréfutable de l'absence totale de coordination entre le ministère de la Culture et celui de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Une plus grande implication des architectes et des entrepreneurs tunisiens dans des domaines tels que l'aménagement des façades et l'éclairage dans les deux musées aurait développé un savoir-faire local qui pourrait être exploitée plus tard.
Le prestige des collections hébergées par les deux musées et l'ambition légitime de nombreux Tunisiens et amis de la Tunisie de faire connaître, comme il se doit, ces richesses et les activités annexes (expositions temporaires, visites guidées, conférences...) qui peuvent y être associées méritent des sites WEB de grande qualité. Pour ce genre de réalisations, les compétences tunisiennes ne manquent pas. Elles doivent être engagées au plus tôt car l'élaboration de tels produits prend le temps qu'il faut. Mais aussi douées soit-elles, ces ressources humaines ne peuvent à elles seules assurer la promotion des musées. Le contexte général dans lequel évolue le tourisme culturel et le tourisme tout court est déterminant. En matière de politique culturelle ou touristique, les grandes décisions comme les petites, les faits comme les déclarations peuvent être salutaires ou fatales aux édifices les plus anciens et les plus prestigieux comme aux entreprises les plus coûteuses.
Les acquis qui se dégagent des nouveaux musées sont donc certains mais nos décideurs devraient reconnaître, au vu des résultats sur lesquels a débouché la longue gestation des deux entreprises de Sousse et du Bardo, que des lacunes sont à combler en urgence en y mettant le temps et les moyens financiers qu'il faut. Mieux vaut tard que jamais. La leçon servira, il faut l'espérer, pour l'avenir. En matière de formation en muséographie, comme dans d'autres secteurs du monde du Patrimoine, les besoins de la Tunisie sont immenses. Satisfaire ces besoins ne peut procéder que d'une bonne gouvernance qui aura pour objectif principal le développement durable basé sur l'anticipation, le ciblage et la coordination qui suppose, d'abord, la mobilisation de toutes les compétences tunisiennes.

Houcine Jaïdi*


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