Au Bardo, le musée est transformé en ruche. Des travaux gigantesque ont été engagés depuis quelque temps, doublant les espaces et offrant au musée une nouvelle jeunesse. Une équipe de responsables, de chercheurs, d'architectes, d'historiens, tous passionnés par ce projet, arpentent les différents étages, et prennent plaisir à nous faire visiter ce musée-palais dans tous ses coins et recoins. Tout en ayant réussi la performance de maintenir le musée ouvert en grande partie. Dar El Ajaieb a longtemps été son nom, et continue de l'être dans l'imaginaire collectif. Mais aujourd'hui, le musée du Bardo, vénérable palais croulant sous le poids de l'Histoire, réceptacle somptueux des témoignages de notre passé et de notre civilisation, veut raconter autrement les choses. Et entrer de plain-pied dans la modernité de la muséographie. Il y a quelques années, l'occasion lui en était offerte. Une étude sur le développement du tourisme culturel obtenait le financement de la Banque mondiale pour la création, la réfection ou la réhabilitation de certains musées. On créa le musée de Djerba, on entreprit le réaménagement de celui de Sousse, et on offrit, à tout seigneur tout honneur, une réhabilitation totale au musée du Bardo. A ce lieu d'exception, il fallait un traitement exceptionnel. Le musée du Bardo est, avec celui de Carthage, un des hauts lieux de référence de la Tunisie et de son Histoire, à l'étranger. Il fallait donc lui offrir les moyens de ses ambitions. On multiplia la surface par deux, passant de 10.000 à 20.000 mètres carrés, accolant la nouvelle partie à l'ancienne, et créant des circulations entre les deux, à tous les niveaux. C'est à partir de cette nouvelle aile que se fera l'accès au musée, par un hall grandiose, aux proportions harmonieuses, et où sera exposée la superbe mosaïque de Sousse, d'exceptionnelles dimensions. Ce hall desservira les différents niveaux du musée par des escaliers ou des ascenseurs, et communiquera avec l'ancien palais dès l'abord. L'accueil se fera dans ce hall, ainsi que le départ des circuits, tous équipés d'un autoguidage généralisé. Le musée recevant plus d'un million de visiteurs, on a créé des circuits différenciés, qui, tous, sont axés sur des chefs-d'œuvre du patrimoine, et qui permettront ainsi d'éviter les engorgements. Au rez-de-chaussée, toujours, une librairie accueillera les visiteurs. Le sous-sol sera réservé aux expositions temporaires pour lesquelles trois thèmes ont d'ores et déjà été retenus, et sont en cours d'élaboration : - Une exposition sur les Vandales, qui se fera avec la collaboration de l'Allemagne - Une exposition sur les Aztèques, réalisée dans le cadre d'un échange d'expositions - Une exposition de sculptures romaines réalisée en collaboration avec le musée du Louvre, avec lequel Le Bardo a signé une convention. Les experts en statuaire romaine du musée français nous aideront à restaurer nos collections avant de les exposer. Ces spécialistes sont déjà à pied d'œuvre, et ont installé un atelier d'évaluation de l'état des sculptures Poursuivant notre visite du sous-sol, on trouve les ateliers, les réserves et les aires de détente. L'escalier monumental qui part du hall accède à une mezzanine où se déploient, reliées par une galerie, les deux salles les plus importantes de cette nouvelle aile du musée : la salle de Mahdia, et la salle phénico-punique. Pour celle-ci, on a choisi une forme en ellipse, symbolisant le bassin méditerranéen. Et l'on y exposera des découvertes jamais présentées au public, comme les figurines de Korba, ou le dragon ailé de près de deux mètres exhumé dans la même région. Dans la salle de Mahdia, éclairée d'une lumière zénithale, on rend hommage à cette ancienne capitale. La majeure partie des collections fatimides avait été offerte au musée par Si Hassen Hosni Abdelwahab. Le dernier niveau, quant à lui, est réservé à une vaste médiathèque, une lumineuse salle de lecture, et des espaces pédagogiques pour les enfants. Tous ces aménagements, dont nous ne nous vous avons pas tout dit pour vous réserver, le jour dit, le plaisir de la découverte, ont permis de consacrer le palais ancien aux seuls espaces d'exposition. Circuits d'éclairage, systèmes de sécurité, aménagements des vitrines, tout a été mis à niveau dans cette partie du musée. Les verrières des patios ont été reprises. Les départements numide et islamique ont été considérablement enrichis, puisque l'on compte près de 40% d'espaces d'exposition supplémentaires en ce qui les concerne. La salle de Sousse, enrichie d'une nouvelle mosaïque qui contribue à harmoniser l'équilibre des lieux, est ouverte sur une superbe terrasse. L'ancien belvédère est aménagé en café maure, et le patio aux orangers fera la liaison entre l'ancien et le nouveau musée. Partout, quand cela a été possible, on a ouvert des baies vitrées. Sachez, aussi, que l'Histoire a été mise en ordre, c'est-à-dire que l'on propose un parcours chronologique commençant, bien sûr, avec la préhistoire, ce qui n'était guère le cas. Que l'on a fait belle place à la mosaïque de Jupiter, qui vient de Sousse, dont on dit que c'est la plus importante du monde, et que l'on présente dans une position qui rappelle son volume originel. Sachez, aussi, que la bibliothèque s'attachera à présenter la mémoire du musée du Bardo. Et qu'une salle pédagogique d'interprétation des thèmes et des symboles a été prévue. Sachez, encore, qu'une très belle galerie, dans l'ancien palais, sera consacrée aux arts du feu, restituant toute l'antiquité punique et romaine, à travers les bronzes, les céramiques, le verre et les lampes de terre cuite. . Sachez, enfin, que comme dans tous les palais, il y aura une salle de trésors où seront exposées, entre autres joyaux, des pièces découvertes fortuitement lors de l'élargissement du canal de Bizerte. Les travaux avancent actuellement à un rythme soutenu. Et l'ouverture du musée est prévue pour le mois de juillet prochain.