Des millions de Tunisiens, comme tous les musulmans à travers le monde, ont suivi durant le mois sacré du Ramadan, les différents programmes et émissions diffusés sur les chaines de télévision publiques et privées. Les veillées ramadanesques en famille, devant le petit écran, passent pour les rites les plus suivis chez nous qui réfèrent à ce mois saint son aspect festif et convivial, à part les pratiques religieuses qui sont observées tout au long de ce mois. L'on a remarqué que cette année plusieurs nouvelles chaines de télévision ont vu le jour, et ont mis à la disposition du téléspectateur tunisien un grand choix d'émissions ramadanesques, si bien qu'il ne savait plus à quel saint se vouer, sachant que la plupart des séries, des feuilletons et des sitcoms sont diffusés aux heures de grande écoute. Franchement, le téléspectateur avait du mal à porter son choix sur tel ou tel programme ou telle ou telle chaine, n'ayant que l'embarras du choix ! Il est vrai que le téléspectateur doit sélectionner quelques uns parmi cette boulimie de programmes, les autres sont reportés pour plus tard, quand ils seront rediffusés par ces chaines. C'est que certains programmes sont assez bons, d'autres le sont moins, d'autres encore sont médiocres. Cependant, un bilan, quoique sommaire et initial, pourrait être établi sur cette programmation ramadanesque, surtout celle concernant les émissions de divertissement. Le sit-com « Bent Waled » était loin de déclencher le rire, quoique les deux protagonistes aient fait de leur mieux dans l'art de la palabre et de la gesticulation en traitant des problèmes de tous les jours.
Quant au feuilleton « Maktoub », pas mal de téléspectateurs n'ont pas attendu longtemps pour formuler leur jugement. Dès les premiers épisodes , les critiques se font entendre de toutes parts, du moins chez les familles traditionnalistes et conservatrices qui voient en cette série qui met en scène des personnages d'une couche sociale aisée et aux mœurs un peu trop libertines et dont le niveau de vie ne représente en rien celui de la majorité écrasante des Tunisiens. D'où les critiques souvent violentes qui ont inondé les réseaux sociaux qui dénotent une certaine indignation dénonçant le manque de respect du producteur de cette série envers les citoyens tunisiens dont la majorité se sont sentis lésés dans leurs valeurs morales, vu la conduite parfois dévergondée des protagonistes et leurs comportements indécents, violents et déplacés qui ne reflètent pas toujours les goûts communs de toutes les familles tunisiennes.
« Dar Louzir » aurait été la sit-com la plus suivie et la mieux digérée par les téléspectateurs tunisiens où prévalait de l'humour à la tunisienne et qui s'inspire d'événements récents reliés à la Révolution, de par le personnage d'un ancien ministre déchu, ayant appartenu à l'ancien régime. Diffusé sur une chaine privée, ce feuilleton est l'un des plus importants succès de la grille du ramadan 2012, avec une audience estimée à 49,9%, dépassant celle de « Maktoub3 » qui n'était qu'à 44,2% d'après les statistiques fournies par Nessma TV et 3C Etudes. Quoique certains téléspectateurs émettent des réserves quant au thème choisi dans cette sitcom qui rappelle les mauvais souvenirs de l'ancien régime ! La série de la caméra cachée, du fameux « crocodile », diffusée à l'heure même de la rupture du jeûne, plongeait le téléspectateur dans un état de traumatisme et d'émotions déplaisantes qui viennent l'ébranler au moment où il devrait rompre son jeûne dans une ambiance de gaieté et de quiétude ; cette caméra cachée, loin de le divertir, elle le rendait plutôt crispé et tendu. La seule innovation dans cette série consistait à prendre au piège, entre autres, des hommes politiques, ce qui n'était pas permis auparavant ! Des émissions religieuses, toutes chaînes confondues, se sont multipliées. Certaines ont été présentées par des hommes religieux, membres du mouvement « Nahdha », et avaient tendance, de par leurs débats et les thèmes traités, à faire de la propagande politique et électorale avant terme au profit des partis d'obédience religieuse, comme si les Tunisiens étaient des mécréants qu'il fallait convertir à l'Islam. Il est vrai que ces émissions religieuses trouvaient bons entendeurs auprès des groupes salafistes et « wahabites » qui ne cessent de faire la pluie et le beau temps au sein même des mosquées sous l'œil passif des autorités !