Les nuits du Ramadan de l'été 2011 ayant connu une réussite certaine, le comité du festival international de Sousse et le commissariat régional à la culture (organisateur du festival de la médina depuis 13 ans) se sont de nouveau associés et ont concocté ensemble le programme des "Nuits du Ramadan 2012". Cette manifestation a comporté 21 soirées et a eu pour cadre le théâtre de plein air Sidi Eddaher ainsi que le très beau musée archéologique de la perle du Sahel.
Les concerts musicaux se sont attribués la part du lion avec 18 veillées ramadanesques. Egalement, les estivants ont eu droit à trois rendez-vous avec le théâtre alors que les cinéphiles ont dû se contenter d'une soirée unique.
L'ouverture du festival fut confiée à Nawal Ghachem qui, en pleine forme et accompagnée d'un bon orchestre dirigé par Mahdi Mouelhi, a su contenter une assistance nombreuse par un récital riche et varié. C'était l'unique sortie de Nawal au cours de cet été.
Les" écrans du Ramadhan", organisés par le centre culturel de Sousse et le FIFEJ, se sont limités à la projection, au musée, du documentaire de Sonia Chamkhi "Militantes"qui n'a pas laissé les présents indifférents. La soirée a vu la présence de Bochra Belhadj Hmida, Saida Garrache et bien sûr la réalisatrice du film S.Chamkhi. Un débat relatif aux militantes tunisiennes s'en suivit .De notre côté , nous trouvons que ce documentaire manquait de profondeur.
Après le one -man-show de Lotfi Abdelli qui, encore une fois, a fait le plein à Sidi Eddaher, vint le tour du virtuose Turc, le violoniste Nadim Nalbantoglu qui, accompagné d'un groupe de musiciens de Sousse, a fait rêver l'assistance une heure et demie durant .D'ailleurs, au cours des dernières années ,Sousse a souvent programmé des artistes turcs de qualité surtout lors des "Nuits des solistes".
Le gala de Mohamed El Helou n'a pas connu l'affluence espérée .Pourtant, ce chanteur possède un répertoire riche et a participé à de nombreux génériques de feuilletons égyptiens, bien connus des Tunisiens, dont "Layali El Hilmyia". A ses débuts, il était le chanteur numéro un de la troupe "Oum Kalthoum" en compagnie de la cantatrice Suzanne Attia qui a abandonné la chanson depuis quelque temps. A Sousse, M. El Helou a été égal à lui-même et a parfaitement rempli son contrat.
Sa compatriote Amel Maher a attiré un public beaucoup plus nombreux. Cette jeune chanteuse, découverte par Ammar Echarii, a gratifié ses fans de quelques tubes de son répertoire personnel avant d'enchainer avec des œuvres de A. Hafedh, Warda et bien sûr, Oum Kalthoum qui est son idole.
Quatre soirées ont été réservées au malouf .Elles ont été confiées à la troupe de" malouf maghrébin "de Sousse, l'ensemble "Echabab"de Monastir, le groupe de "tarab arabe de Sfax"et la troupe "de malouf, de madayah et de chant arabe" de Tripoli. D'ailleurs, suite à ce premier volet, Sousse va avoir désormais un rendez-vous annuel avec ce patrimoine musical. La date du prochain épisode sera fixée ultérieurement.
Les fans du chant soufi ont eu leur part du gâteau. Tout d'abord, avec la troupe Jameleddine du Pakistan qui, malgré un rythme assez monotone, a retenu l'attention par des instruments de musique originaux, des costumes de couleur vive propres au sud du Pakistan et des spectres utilisés à bon escient. Cette soirée rentrait dans le cadre des échanges culturels.
Le méga-spectacle "Angham Ezzarda" de Abdelkerim El Basti est à classer dans le chapitre de la musique spirituelle modernisée et ce malgré sa diversité. Cette production qui mérite de représenter la Tunisie à l'étranger, a laissé de très bonnes impressions auprès du public. Il y a lieu de mettre en exergue la prestation de Noureddine El Béji, de la jeune étudiante Nahla Chaabani, de Chadli Bidali (gombri) et Khaled Snoussi (premier musicien tunisien à jouer à l'obois).
La soirée de musique engagée d'Ouled El Manajem fut suivie par une assistance restreinte.
Quant au vaudeville "Zanquet Ensaa", traduite par Youssef Bahri du "Clan des divorcées" de l'Albanais Alil Vardar, il n'a valu que par le métier de Saoussen Maalej, Nadia Boussetta et surtout Mohamed Eddahech.
En ce qui concerne la pièce "Kif Ma Yerjaa El Fartattou" d'Ikram Azzouz, seul Azzouz Chennaoui a tiré son épingle du jeu .C'est un travail qui nécessite une restructuration à plusieurs niveaux d'autant plus qu'il traite de la place de l'artiste dans la société après le 14 janvier 2011.
Bendir Man (Bayram Kilani) a réussi son passage à Sousse et a drainé une grande foule. Même chose pour le concert consacré aux chansons des années quatre-vingt avec Oxymore Band, Zaher Zorgati ,Inès Belayouni et Carotta desquels nous attendons une confirmation.
Les soirées d'El Abdellia ont rendu hommage à Warda , décédée le 17 mai dernier. Il en a été de même à Sousse avec un concert de deux bonnes heures concocté par Soufiène Khechine et sa troupe" Dandana" composée d'un bon nombre des meilleurs musiciens de la région. Cette reconnaissance posthume a vu la participation des deux jeunes Asma Ben Ahmed, à la voix limpide et cristalline, Hind Nasraoui (la soeur de Abir) qui a été très gênée par un problème de sono et la toujours brillante (et sûre d'elle) Alya Belaid.
Le théâtre Sidi Eddaher était plein à l'occasion du retour de Lotfi Bouchnaq à Sousse .Ce grand artiste aux dons multiples a fait montre d'une grande maitrise et d'une énorme capacité de dominer aussi bien la scène que les gradins. Ce soir -là ,il a largement mérité l'ovation qui lui a été adressée.
La Tunisie peut être fière d'avoir une artiste de la trempe de Dorsaf Hamdani . Accompagnée d'un orchestre de six musiciens dirigés par le violoniste Mohamed Lassouad , Dorsaf a choisi de présenter "Amirat Ettarab" à savoir Oum Kalthoum , Fairouz et Ismahane.
Notre artiste musicologue fut irréprochable durant tout son concert .Quel charisme ! Quelle voix! Quelle communication avec le public !
Nous arrivons enfin à l'ex -patron de la Rachidia qui n'est autre que Zied Gharsa. A Sousse, Zied a fait de son concert de deux heures quarante- cinq minutes un triomphe .Nous avons eu droit à tout .Outre ses propres chansons , Zied a interprété des chansons de Riahi , Jouini, Jamoussi et bien sûr, du malouf avant de terminer avec la Taalila qui a provoqué les youyous des nombreuses femmes présentes. Des clôtures de la sorte, on en redemande.
En somme, les "nuits du Ramadan 2012"de Sousse ont connu des moments forts .Certains spectacles, de qualité indiscutable, auraient certainement mérité avoir une meilleure affluence mais nous sommes persuadés que ce n'est que partie remise. Par ailleurs, nous attirons l'attention du ministère de la culture sur la nécessité d'entamer la construction du nouveau théâtre de plein air de Sousse (route Kalaa Sghira), les étapes administratives ayant été achevées depuis un bon moment. Sousse mérite bien cela