Malgré l'extraordinaire enthousiasme du ministère de la Culture qui veut dynamiser culturellement nos régions durant l'été, le public a boudé ces festivals locaux et régionaux qui n'ont pas tiré leur épingle du jeu. Cet échec donnera, à penser, sans doute, aux organisateurs qui, en concoctant un maigre programme n'ont pu drainer une grande foule. Nullement attractive, l'affiche de ces festivals ne promettait guère de belles découvertes. Tout d'abord, trop de festivals nuisent beaucoup car on ne peut pas programmer 350 manifestations en un seul été en raison de l'absence de moyens, d'infrastructure et du public. Le ministère peine toujours à trouver le bon candidat pour diriger comme il se doit le festival et gérer une fois pour toute, la fourmilière de lacunes et problèmes. On nomme souvent des hommes qui n'ont aucune expérience souvent des fonctionnaires d'Etat peu aguerris à ces manifestations. Résultat : une foule de sessions qui ont frisé le fiasco et avec de lourdes dettes à assumer. La programmation a fait défaut. Nos festivals locaux n'ont pas vraiment sorti cette année le grand jeu en matière de spectacles. Ils n'ont en effet, pas vraiment offert un large choix aux spectateurs , surtout en ce qui concerne les variétés musicales ou théâtrales. Si le public a déploré cette insuffisance, il se trouve que les organisateurs faute de moyens, ne peuvent pas attirer de grandes pointures. Ce n'est un secret pour personne, les fonds publics disponibles pour la culture sont insuffisants pour alimenter la créativité des artistes et financer nos festivals. Il est donc essentiel de se tourner vers le privé et de faire preuve d'innovation pour préserver la pérennité de notre culture estivale.
Nabil Zaouali directeur du festival de Nabeul estime que le budget limite nos ambitions « Avec 20 mille dinars on ne peut pas aller loin. Les subventions habituelles émanant de la municipalité et de certains organismes étatiques ont brillé par leur absence. Le résultat , on ne peut pas programmer de grandes stars. La capacité même du théâtre ne leur permet pas. En plus les nouveautés sont rares et il a fallu un spectacle de Lotfi Abdelli pour éponger nos dettes ». Il est vrai que plusieurs festivals ont fonctionné dans l'indifférence générale puisque les soirées se sont tenues devant un faible public. Ce qui nous étonne encore plus est que les billets ne sont pas chers. Au festival de Sousse ou de Korba par exemple, les tickets sont entre 5 et 10 dinars seulement. Mais cela n'a rien changé à la donne. Plusieurs artistes tunisiens ont complètement raté leurs soirées. Noureddine Béji s'est retrouvé avec une dizaine de spectateurs à Sousse et à Nabeul. A qui incombe la faute ? Aux organisateurs qui n'ont pas fait la publicité nécessaire où aux artistes qui faute d'un bon répertoire n'ont plus de place dans ces manifestations. Sans vouloir jeter la pierre à quiconque, il a tout de même noté une carence au niveau de la publicité, laquelle s'est répercutée sur l'engouement populaire. A part Hammamet et Carthage, on n'a pas vu de spots publicitaires pour les festivals locaux. Ces festivals ne pourront plus continuer à fonctionner à perte et comme le dit Nabil Zaouali ils ont besoin de moyens, de grands théâtres et de grosses cylindrées. De grands noms consommés présents chaque année ou des stars locales avec peu de nouveautés ne vont certainement pas attirer la foule. Les Amina Fakhet ou les Sabeur Rebai ont toujours rempli les scènes du théâtre. Le moment est venu pour revoir la programmation de nos festivals qui ont tendance à devenir des espaces de show-biz commercial et à trahir la vocation culturelle qui leur a été conférée à l'origine. Nos festivals d'été se succèdent et se ressemblent et là il faudrait une spécificité pour chaque festival tout en pensant à une bonne programmation en avance car en un mois, on est contraint à un choix limité ».