D'aucuns affirment l'existence d'une certaine tension dans le traitement de la question relative à la religion chez quelques intellectuels de la gauche. En fait, cela n'est pas incompatible avec la dynamique intellectuelle qui requiert une gymnastique constante, une relecture et une actualisation de toutes les questions sociales qui sont en mouvement perpétuel. Cette équation est confortée davantage par notre réalité devenue très changeante ces jours-ci. Les aspects de la mobilité intellectuelle concernant la question religieuse chez nos intellectuels traduisent la multiplicité des points de vue dictés par les manifestations diverses de la religion elle-même qui, d'ailleurs, n'a jamais été unique à travers l'histoire, mais dont les versions se multiplient encore plus avec l'émergence fulgurante de l'Islam politique.
Négocier le patrimoine culturel
« Notre référence est le socialisme scientifique, nous déclare le sociologue Mouldi Gassouma, donc, nous restons attachés aux aspirations et à la victoire sociale des classes laborieuses et opprimées, nous défendons les principes généraux de la justice sociale et cela est étroitement lié à notre culture de gauche qui s'inscrit au-delà de la religion. Toutefois, nous accordons toute son importance à la question religieuse, il s'agit d'un élément qui fait partie intégrante de notre vie sociale et qu'on ne peut donc pas nier, nous la négocions dans le cadre de notre capacité à adapter notre patrimoine culturel avec notre réalité et la relecture de cette réalité en relation avec notre patrimoine intellectuelle et de nos références culturelles arabo-islamiques, ce qui veut dire que nous sommes bien ancrés dans notre réalité social et civilisationnel ». Cette position n'est pas, bien sûr, partagée par toutes les tendances de la gauche, d'autres ne voient pas dans la religion une nécessité sociale jugeant qu'il s'agit là d'une question strictement personnelle dont il ne faudrait pas débattre dans rênes sociales et médiatiques.
Les monnayeurs de la religion
Cette tendance est alimentée et largement justifiée par le pullulement des « écoles religieuse » dont les auteurs interprétant la religion comme bon leur semble lui faisant dire de qu'elle ne dit pas et interdisant et permettant les comportements à partir de leur vision trop étriquée. Ces pratiques sont à l'origine d'un fanatisme tout à fait étranger à notre histoire et à notre esprit tunisien ouvert et tolérant qui s'accommode de toutes les cultures des autres, elles instaurent un climat très tendu menacé d'explosion à tout moment. La religion qui n'a jamais provoqué de polémiques, dans notre pays, devient une matière à consommer au quotidien aussi bien dans les débats que dans les querelles politiques, cette importance accrue et les manœuvres dissimulées ne sont aucunement gratuites, elle sont, donc, fomentées par les Islamistes fanatiques.
Le socle des relations saines
En face, la gauche ne les laisse pas faire, elle brandit l'étendard de la tolérance au niveau social et dénonce l'instrumentalisation politique de la foi des Tunisiens. «Cette dernière ne devrait pas servir de base aux relations sociales, poursuit notre interlocuteur, ce sont seuls les principes généraux cosmiques des droits de l'homme qui incluent la défense et le droit de croyance qu'il faudrait observer pour traiter avec les communautés et les autres peuples, ces relations ne devraient en aucun cas se fonder sur une religion spécifique, c'est de cette manière que nous pouvons réussir une interaction positive entre les communautés, jamais la religion ne doit intervenir à ce niveau, d'autant plus que beaucoup de ceux qui font usage de l'Islam politique dirigent la religion vers la suppression des libertés et de la liberté de croyance et tentent d'imposer un style particulier de la religiosité et d'un Islam qui est associé à des cercles et des personnes extérieurs à notre pays, conclut le docteur Mouldi Gassouma ».