Le poète, Ahmed Ben Mahmoud, est médecin. Il est à son deuxième recueil de poésie, le premier étant publié en 2010 et s'intitule « Feuilletis ». On aurait souvent du mal à comprendre ce lien qui existe entre médecine et poésie ; comment peut-on concilier entre ces deux activités, dont l'une est scientifique, l'autre est artistique ? La réponse est pourtant commune chez tous les médecins qui se sont hasardés dans les méandres de la création poétique, expérience presque souvent réussie ! C'est qu'il existe des points communs entre médecine et poésie, ne serait-ce que dans la volonté de lutter contre les maux, d'en explorer les origines, de les décrire et d'essayer de les adoucir. Ce ne sont que les outils qui diffèrent. Le médecin a ses techniques, le poète, lui, a les siennes. Ces deux pratiques font face à la complexité indéfinie de l'être humain, de sa vie, de ses sentiments, de ses
impulsions, de ses rêves, de ses heurts et malheurs. Les deux disciplines cherchent enfin à mieux connaître et comprendre les secrets de l'homme, ses rapports avec le monde, l'entourage et la nature.
S'il y a une chose que nous devons comprendre assez clairement, c'est bien ces « êtres » que nous sommes et ces « choses » qui nous entourent, d'où le titre « Êtres et Choses » de ce recueil, constitué d'un ensemble de courts morceaux riches en tonalité, en images et en mots rythmés qui traduisent d'intenses émotions et de tendres sentiments et qui séduisent aussi bien par leur simplicité que par leur profondeur.
Le recueil comporte 66 pages où l'on peut lire et savourer de beaux poèmes sans titres, comme s'ils constituent une seule entité, traitant d'un même thème et véhiculant une seule pensée : le voyage en quête de sens des « êtres et des choses ». Un voyage fait de rêves, d'évasions et d'illusions. S'il est un mot plusieurs fois répété tout au long de cette entreprise aventureuse à travers l'espace et le temps, c'est bien le mot « Liberté » qu'on retrouve au moins cinq fois dans ce recueil dont le premier vers commence par ce mot : « La liberté et sa couleur bleue... » Et le dernier vers se termine par le même mot : « Et nos yeux s'enflamment de liberté ». Le texte regorge également de termes relatifs à la nature : « lune », « soleil », « arbre », « hiver », « mer », « ruisseau », « rivière », « eau », « source », « horizon », « astre », « ciel », « étoiles », « rosée», « vagues » et d'autres éléments naturels sont rencontrés sur le chemin du poète tout au long de son voyage : « j'ai longtemps marché/ Sans comprendre les / Syllabes des chemins de sable/ j'ai longtemps rêvé de rives/ Illuminées et de lits de rivières/ Nimbées d'étoiles » Tout cela crée un univers romantique qui rime avec l'état d'âme du poète, parti à la recherche de son rêve pour assouvir son désir et étancher sa soif . Tout cet univers est décrit avec beaucoup de lyrisme, de ferveur, de pureté et de délicatesse. Hechemi KHALLADI ** « Êtres et Choses » de Ahmed Ben Mahmoud, Editions l'Harmattan, 2012