La 48ème session du Festival international de Hammamet qui s'est déroulée du 9 juillet au 31 août a connu, comme tous les autres festivals d'été du pays, des hauts et des bas. Au cours d'une séance d'évaluation, Fethi Heddaoui, le directeur de la session a mis l'accent sur les différents moments forts et faibles d'une programmation qui s'est caractérisée par des nouveautés en l'occurrence le festival de l'enfant, une première dans le genre à Hammamet et la semaine de la femme créatrice. Il y a eu aussi des promesses non tenues comme le festival after ou encore le parcours artistique et culturel au sein du Centre abandonnées faute de moyens.
Malgré l'insuffisance des moyens techniques, financiers et sécuritaires, la 48ème session a essayé de combler ces lacunes par une programmation davantage tournée vers des spectacles de qualité artistique et culturelle mais dont l'affluence du public n'est pas toujours assurée. C'est ainsi que comme de tradition, le 4ème art a eu une grande place dans cette édition. Et d'ailleurs pour mieux marquer la vocation de Hammamet, c'est avec une pièce de théâtre « Facebook » de Raja Ben Ammar et Moncef Sayem qu'a été donné le coup d'envoi. Par la suite, toutes les pièces au menu, exceptée « Bourguiba, la dernière prison » de Raja Farhat, n'ont pas attiré de spectateurs.
Souvent réclamé, le théâtre reste toujours le parent pauvre parce qu'il ne suscite pas la curiosité d'un public plutôt intéressé par le one man show à l'instar de « Bourguiba... » ou encore « 100% tunisien » de Lotfi Abdelli. De nos jours, le rire et la dérision font fortune au détriment de l'écriture dramaturgique et de la scénographie. Le politiquement incorrect marche surtout avec la liberté de parole mais, au tournant, il y a toujours la censure qui guette et quand elle ne parvient pas de l'appareil de l'Etat, elle surgit de chez les fauteurs de trouble.
Le volet musical a connu, pour sa part, des bonnes et parfois des pas mûres. Les spectacles qui ont bien fonctionné sont ceux du chanteur grec Demis Roussos, de l'humoriste français Dieudonné. Ils ont rempli le théâtre de plein air dont la contenance est de 900 spectateurs. D'autres concerts auraient pu bénéficier d'un travail en amont au niveau de la communication et attirer de ce fait davantage de spectateurs, à l'instar de Sharrie Williams, Nicole Slake Jones, Doudou N'diaye Rose, Mattew Lee etc. Justement à propos de communication, c'est la grande défaillance de cette édition. Faute de budget, le festival n'a pu faire appel à des professionnels en la matière.
Le succès d'un festival se mesure-t-il au nombre de spectateurs. Malheureusement oui. Car de bons spectacles sans public ne servent à rien. On a pu le constater avec le chanteur engagé syrien Samih Kacem, dont la programmation a nui aussi bien au budget du festival qu'au chanteur lui-même qui se produisait face à des gradins vides. Mais, il n'est pas le seul exemple. D'autres soirées notamment celles programmées dans le cadre de la semaine de la femme créatrice n'ont pas connu l'affluence espérée.
« On va dire que le festival est réussi à 75% » a indiqué Fathi Heddaoui rappelant pour la circonstance qu'il est à but non lucratif. Il est à noter que le Centre Culturel International de Hammamet, qui prend en charge l'organisation de la manifestation, ne dispose pas d'un statut juridique qui lui permet une certaine autonomie de gestion. C'est avec une enveloppe budgétaire de 400 mille dinars accordée par le ministère de la culture et 100 mille dinars de l'Agence nationale du patrimoine que la 48ème édition a été financée. « Un changement est en cours » a annoncé Fathi Heddaoui.
Un changement qui ferait du CCI de Hammamet un établissement public non administratif avec un budget autonome. Cette nouvelle vocation permettrait d'améliorer les prestations et la libérerait des contraintes administratives. Ainsi, on aura recours plus facilement aux subventions et aux sponsors, ce qui n'est pas le cas actuellement. Un plan d'action est en train d'être établi dans ce sens mais sera-t-il concrétisé ? C'est toute la question.