Les manipulations et gesticulations de mauvais goût et provocantes pour enfin devenir insignifiantes tellement elles abondent dans l'ostracisme religieux (islamophobes et islamophiles). Après le film américain anti-islam, les caricatures déplorables publiées hier par l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo viennent exacerber davantage l'indignation des musulmans de par le monde. La France, premier partenaire économique de la Tunisie a vite fait de prendre les mesures préventives qu'elle a jugées nécessaires en fermant les établissements scolaires français et ce à partir d'hier et jusqu'au lundi prochain. Voici le texte de l'alerte : « Dans le contexte actuel, la communauté française est invitée à la vigilance, à éviter tout rassemblement et à se tenir éloignée des axes ou des bâtiments sensibles. L'ambassade a demandé aux autorités tunisiennes compétentes de renforcer la sécurité autour de ses implantations. Les écoles du réseau français et l'Institut français de Tunisie seront fermés du mercredi 19 septembre à midi jusqu'au lundi matin 24 septembre. L'ambassade et les services qui lui sont rattachés seront fermés le vendredi 21 septembre. »
Le Quai d'Orsay ira jusqu'à émettre ses recommandations sur 20 pays : l'Arabie Saoudite, le Yémen, le Qatar, le Maroc, le Liban, l'Irak, l'Egypte, les Emirats arabes unis, Bahreïn, l'Algérie, la Gambie, Oman, l'Iran, l'Inde, les Philippines, la Malaisie et l'Afghanistan.
Nous devons nous en prendre qu'à nous-mêmes d'autant plus que nous étions à même de prévenir de tels dégâts diplomatiques et leurs retombées négatives. Après les Etats-Unis, la France notre partenaire économique historique hausse le ton et prend des dispositions d'ordres sécuritaires qui ne peuvent que mettre à mal les relations bilatérales et notamment celles économiques. Le secteur du Tourisme, les IDE, le commerce extérieur...sont autant de secteurs concernés par les perspectives de la coopération économique tuniso-française. La coopération bilatérale a déjà perdu du terrain au lendemain de la Révolution et la Tunisie risque de se dépouiller à contre cœur de ses avantages compétitifs et plus particulièrement l'atout stabilité. Malgré la légère reprise du marché français sur la Tunisie, le niveau des entrées touristiques reste en deçà du seuil de référence enregistrée en 2010.
Et en dépit de la crise européenne et son impact direct sur la demande du marché européen en général et français en particulier, avec la nouvelle étiquette qui nous est collée trop hâtivement : « la Tunisie, pays islamiste » ne manquera pas de malmener les relations commerciales et à travers elles les intentions d'investissement en Tunisie. A noter qu'à la fin de l'année 2011, 1259 entreprises françaises (hors énergie) opéraient en Tunisie employant 113145 personnes.
Nos saccageurs ont-ils eu l'idée que la Tunisie était le site de prédilection pour les délocalisations « made in Europe » en général et « made in France » en particulier. D'ailleurs, le coup de « Bombardier Transport » n'a pas encore quitté les esprits. Rappelons que le groupe canadien a préféré dévié ses investissements de la Tunisie au Maroc et la Tunisie a perdu, de fait, un marché de 200 millions d'euros. D'ailleurs, les premiers composants d'avions Bombardier "made in Morocco" seront prêts courant 2013.
La raison doit prévaloir. Nous avons des acquis séculaires à préserver et des intérêts économiques à protéger. La situation économique actuelle dont souffre le pays ne donne plus droit à l'erreur. Et même si la menace salafiste en Tunisie fait de plus en plus parler d'elle, il va sans dire que notre pays qu'on taxe d'islamiste n'a pas à rougir de son authenticité. En effet, l'Europe elle-même n'a-t-elle pas engendré facisme, nazisme et franquisme. Quel pays au juste ne gîte pas ses salafistes. La France et les USA ont bien les leurs. Pour les Français, le Pen et consorts ont leur salafisme dans la ségrégation et l'exclusion des Beurs. Les Américains qui ont massacré et anéanti la race Aztèque ont leur salafisme de racisme. La liste est longue.