Faire vivre le patrimoine tunisien à l'instar des sites Néapolis ou de Kerkouène, c'est l'une des pistes envisagées pour dynamiser le tourisme dans la région de Nabeul. « Mais comment rendre notre patrimoine historique et culturel plus accessible et plus vivant pour le plus grand nombre », souligne Mohamed Aya lors de l'ouverture du colloque « Valorisation du patrimoine de Nabeul et son intégration dans le circuit touristique », organisé dimanche dernier par l'Association Jeunes Leaders de Nabeul.
Le colloque s'est fixé pour objectif d'offrir aux différents intervenants une aire de réflexion sur les concepts et les moyens mis en œuvre pour revaloriser notre patrimoine et l'intégrer dans notre tourisme, et ce, afin de contribuer à la réussite du défi à relever par des régions touristiques du Cap Bon en tant que pôle touristique. Toutes les études prouvent que les touristes étrangers viennent attirés par l'image culturelle. Mais une fois sur les lieux, ils ne sont plus qu'une minorité à effectivement visiter des sites dits culturels. Et encore, seule une infime partie de notre patrimoine est ouverte au grand public. « Le développement de l'activité touristique constitue un excellent vecteur de découverte et de valorisation d'éléments patrimoniaux estime Mounir Fantar, chercheur à l'Institut national du Patrimoine de Tunis, spécialiste du monde punique. « La Tunisie dispose de bonnes richesses culturelles et historiques qui constituent des produits à commercialiser. Ce créneau attire de plus en plus de touristes. 2.500.000 qui visitent annuellement nos sites et nos musées, font entrer environ 13 millions de dinars par an. C'est dire, l'importance de ce produit dans la revalorisation de notre destination et la consolidation des flux touristiques dans notre pays. Or, poursuit-il, plusieurs sites archéologiques demeurent ignorés faute d'information et de manque de signalisation. C'est le cas de Néapolis qui est méconnu par les touristes et qui n'est pas intégré dans le circuit touristique. Or, pour attirer des touristes sur un site, il faut créer de l'intérêt, des infrastructures, et faire la promotion nécessaire. Il faudrait inculquer aux gens une certaine culture, sensibiliser la société civile et créer u n label qualité « produit tourisme culturel » qui serait une nouvelle piste pour introduire une meilleure qualité de services sur les sites culturels de la région et lors des manifestations envisagées, mais également pour sensibiliser les différents intervenants du secteur ». Dans ce contexte, l'enjeu est de favoriser la mise en œuvre de modalités de développement d'un tourisme culturel intelligent, respectueux des fondamentaux et spécificités de la ville, qui permettra de positionner Nabeul comme destination culturelle de première importance. Grâce à l'ampleur et à la qualité de son patrimoine, grâce aussi à sa vitalité culturelle, la ville en a largement le potentiel.
Selon, Afif Jerad, commissaire régional de l'artisanat, le tourisme s'est toujours appuyé sur le patrimoine et l'artisanat pour développer des produits dits « culturels ». Mais faut-il diagnostiquer quelle est la tendance du produit culturel ? Comment le patrimoine architectural est-il exploité ? Quels sont les nouveaux produits à créer ? Les circuits touristiques intégrant l'artisanat ont pour objectif majeur de renforcer les liens entre le secteur artisanal et le patrimoine touristique et urbanistique de Nabeul et le secteur touristique. Outre la réhabilitation du patrimoine culturel et civilisationnel de la ville et des quartiers artisanaux, outre l'augmentation des revenus des artisans et des différents intervenants et la création de postes d'emplois, la réussite de projets de revalorisation des circuits touristiques et l'intégration de l'artisanat à Nabeul ou à Hammamet , reste tributaire de la coopération et de la coordination entre les élus et les professionnels des secteurs du tourisme et de l'artisanat, et l'adoption d'une approche participative susceptible de mobiliser les ressources nécessaires.
La sensibilisation des jeunes au patrimoine de proximité
Fatma Ziadi responsable au musée de Nabeul a précisé qu'en matière de musées, le rayonnement reste tributaire, en grande partie, de la communication et plus généralement des plans médiatiques. La diffusion des informations doit se faire au bon moment dans des lieux choisis sur la base d'une bonne connaissance des publics. De plus, il faut s'attacher à aller au-delà de l'attractivité du musée pour atteindre le grand objectif de la fidélisation du public. D'autre part, pour la promotion du patrimoine archéologique et historique, il a été rappelé les rôles déterminants, à ne jamais minoriser, de ceux des agents de voyages, des accompagnateurs de voyages et surtout des guides agréés du tourisme. Ces rôles sont à favoriser non seulement par une formation idoine, mais aussi par des mesures financières et sociales incitatives et de soutien. Par ailleurs, un partenariat très étroit entre l'office national du tourisme tunisien et l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle est à encourager davantage. Ces deux organismes ont à développer la communication à l'étranger et la présentation du patrimoine culturel tunisien non seulement par les voies traditionnelles mais surtout par toutes les possibilités qu'offrent aujourd'hui les grandes foires et l'internet. L'école a un rôle à jouer. Le développement des classes patrimoine ou séjour découverte répond à un souci pédagogique, l'accueil et la formation des jeunes, leur sensibilisation au patrimoine de proximité. Bref, la valorisation d'un patrimoine est un phénomène complexe qui nécessite non seulement l'aménagement et la promotion touristique des lieux, qui sont des démarches propres à l'exposition, mais aussi et surtout la sensibilisation de la population et son implication dans la conservation et le maintien de ce patrimoine. Et là, l'universitaire et l'historien Yahya Ghoul a appelé à revaloriser les ouvrages sur le patrimoine et à les renouveler. Les recherches sont nécessaires afin de préserver ce patrimoine. D'ailleurs, les interventions d'Abdelhak Lessoued et Amna Garali sur l'histoire de Nabeul, ses us et coutumes témoignent de l'intérêt accordé au patrimoine culturel présenté à lui seul, comme un enjeu majeur d'attractivité touristique et de visibilité territoriale