Le voyage culturel et patrimonial représentait 5 à 8 % de l'ensemble du tourisme tunisien. À mesure que les voyageurs se livrent à de nouvelles activités de niche, ce type de tourisme ne cesse de se diversifier. Il englobe le tourisme architectural, la visite des sites naturels, On compte également le tourisme religieux et le tourisme gastronomique, l'agrotourisme, les festivals et, sans doute l'activité la plus traditionnelle de toutes, à savoir, la visite de musées, des sites et de galeries d'art. La Tunisie dispose de plusieurs sites archéologiques romains mais aussi puniques, byzantins, andalous, turcs et arabes. Mais ces sites ne sont pas valorisés et c'est dans ce cadre que s'inscrit le séminaire sur le tourisme culturel et la valorisation du patrimoine archéologique organisé par la chambre de commerce et d'industrie du Cap Bon et la province italienne de Cagliari, l'agence de mise à valeur du patrimoine et de promotion culturelle, l'Association des recherches et des études géographiques et la faculté de lettres la Manouba.
Un catalyseur de développement
La mise en valeur du patrimoine riche et diversifié, sur le territoire national, pourrait servir de catalyseur à un développement durable du tourisme culturel en Tunisie, a estimé Moez Belhassen directeur de la chambre de commerce du Cap Bon. « La clientèle mondiale, explique-t-il, semble beaucoup plus demandeuse d'une forme particulière de tourisme qui est le tourisme culturel. Leurs déplacements, leurs visites visent en priorité, à rencontrer la population locale afin de communier avec sa culture et notre atelier vise à valoriser le patrimoine culturel par le tourisme alternatif qui peut générer un revenu extrêmement important pour le pays ». Il est vrai que la Tunisie a manifesté une grande volonté pour le déploiement d'une stratégie de valorisation et de protection de son patrimoine culturel à des fins touristiques. Plusieurs sites ont été inscrits par l'UNESCO sur la liste du patrimoine mondial. Mais comme le précise Habib Jelalia professeur à la Faculté de lettres de la Manouba, cette nouvelle stratégie est confrontée à des problèmes de protection, de restauration et de gestion de ce riche mobilier. « Plusieurs sites dit –il ont connu un grand travail de réhabilitation, de protection et de sauvegarde de la part des autorités publiques. Seulement les résultats escomptés n'étaient pas à la mesure des efforts déployés et loin des ambitions des pouvoirs publics. En effet, les entrées des visiteurs aux sites et aux musées n'ont augmenté que d'environ 5% par an entre 1990 et 2005. Le nombre des touristes des circuits culturels ne représente qu'environ 6% du total global des touristes. Malgré les efforts déployés par les autorités publiques pour protéger et sauvegarder le patrimoine archéologique, plusieurs sites sont dans une situation peu confortable. Des villes antiques jadis prospères, des sites étendus, des activités artisanales réputées, il n'en reste que des vestiges souvent mal protégés voire même altérés et complètement dénaturés. A Kerkouène par exemple on peut mentionner' la disparition complète de la muraille, du port et de tous les ateliers des activités artisanales. A Kélibia, il n'en reste au pied de la colline qu'une partie des demeures romaines décimées et une nécropole défigurée. A Nabeul, la forteresse et le port n'ont aujourd'hui aucune trace dans le tissu urbain. A Missua, le site n'est pas protégé, délaissé et aucune mesure n'a été prise pour sauvegarder au moins les rares vestiges qui s'y trouvent. Plusieurs autres ont été envahis par une urbanisation anarchique comme Néapolis, Puputt et Curibis. L'accessibilité à ces sites pose problème. Plusieurs restent enclavés et très mal desservis par la route comme El Haouaria, Carpis ou Missua.
Une responsabilité partagée
L'intendance veillant sur les sites archéologiques en Tunisie est partagée entre l'Agence de mise en valeur et de la protection du patrimoine et l'Institut du patrimoine qui se charge de tout ce qui est recherche et fouilles. Habib Ben Hassen, a expliqué que l'agence de mise en valeur et de la protection du patrimoine est présente dans toutes les actions de grande envergure, en allouant un budget conséquent et des compétences requises, notamment à travers les aménagements des différents parcs archéologiques. Par ailleurs, une enveloppe de dix millions de dinars a été réservée à des travaux de sauvegarde des Médinas, de réaménagement, d'extension ou d'ouverture de musées, sites et monuments à travers le pays. « Ainsi, explique- t-il, d'innombrables monuments ou sites ont été restaurés ou mis en valeur grâce aux financements de l'Agence. Une mise en valeur du patrimoine culturel qui pourra contribuer à booster le tourisme culturel. Pr Giovanni Sisti de l'Université de Cagliari a appelé quant à lui, à valoriser les sites archéologiques en montrant les différences et les similitudes avec les productions actuelles, en impliquant les artisans locaux et les visiteurs avec des démonstrations pratiques tout en leur donnant l'occasion de découvrir des aspects de l'influence romaine qui ne sont généralement pas montrés dans les sites archéologiques. Le tourisme culturel de ce type permettra également au secteur privé (tourisme - hébergement, restauration) de renforcer son offre et de générer une nouvelle opportunité économique pour le territoire. L'Union Européenne, comme l'a précisé Massimo Mina premier secrétaire de la délégation en Tunisie croit fortement que les échanges d'expérience et la coopération entre les acteurs locaux dans l'Union et dans les pays partenaires, comme la Tunisie peuvent aider à ce que chaque rive se développe générant ainsi des bénéfices tangibles pour sa population. « Nous croyons, affirme-t-il, qu'une offre touristique qui récupère le patrimoine culturel propre à la région peut aussi jouer un rôle important dans le développement socio-économique de ses habitants. Pour cela, il est important que tous les partenaires locaux, les opérateurs touristiques, les artisans et les entrepreneurs soient impliqués et travaillant au développement et à la mise en œuvre d'outils et de stratégies afin d'identifier un itinéraire touristique développé autour de ces sites mais surtout intégré au commerce et à l'offre touristique locale ». Enfin, comme l'a conclu Pr Sisti, il faudrait consolider cet acquis et créer un véritable réseau entre les professionnels des deux secteurs. Le chemin est encore long alors il faudrait travailler main dans la main pour booster le tourisme culturel.