Pour présenter la dernière journée, on a parlé hier de goûts divers. Ceux du triomphe et ceux amers de la déception et du regret. Or le triomphe a dû se faire discret mais les regrets ont été plus vifs. L'ultime journée nous a aussi surpris par une absence de banalité affichée et même d'une découverte de fraîcheur inattendue.
Totalement déconcentrée, l'Espérance a choisi cette journée de fin de saison pour nous administrer, peut-être sa plus pale prestation. Par contre c'est le Stade Tunisien qui semble terminer de la meilleure façon une saison par ailleurs quelconque en infligeant au champion proclamé une de ses plus cuisantes défaites. Le C.A.Bizertin, amoindri dans son effectif, a joué à la Marsa comme résigné. L'Avenir en a profité pour partager les points avec lui. Ailleurs personne n'avait rien à perdre ni à gagner. Tous pensent déjà à la nouvelle saison et n'ont pas forcé pour terminer en beauté. C'est pourquoi la journée ne s'est distinguée que par un niveau des plus modestes dans l'ensemble. Néanmoins ceux qui à l'aller se sont vus freinés par des adversaires théoriquement moins forts ont eu ce dimanche l'occasion de se rattraper comme l'Etoile qui a disposé de la J.S.Kairouanaise ou le Club Africain qui a fini par battre El Gaouafel quoique sur le fil.
Mais peut-on passer sous silence la fin de parcours de l'O.Béja ? plus que ses résultats, c'est sa prestation technique depuis plusieurs semaines qui a le plus impressionné.
Cette saison mérite qu'elle soit analysée avec plus de détails. En attendant on peut la résumer en quelques lignes.
Si l'Espérance est pour la quatrième fois championne c'est surtout grâce à un réalisme à toute épreuve. Ses faux-pas qui n'ont pas été rares ne duraient chaque fois que quelques jours. Ce qui n'a pas été le cas d'autres clubs aussi considérés qu'elle dans la hiérarchie. Et si le C.S.Sfaxien s'est finalement repris pour sauver sa saison en s'appropriant de la troisième place, l'Etoile a trop souffert des controverses qui n'avaient rien à voir avec la technique. Soumise à des soubresauts constants, elle termine une saison peut-être la plus mauvaise de ces dernières années. Le Club Africain a sûrement le plus pâti des contradictions dont il a fait preuve. Contradictions entre objectif annoncé et résultat réel. A l'intérieur de ce club se trouve peut-être le paradoxe le plus éclatant que le football tunisien recèle. Un publie nombreux mais aucune aide de sa part pour le soutenir dans les moments de crise. Des dépenses anormalement consenties pour des investissements moins fructueux qu'on le pense. Des promesses sans rien faire pour les tenir.
Dans ce paysage où les habitués depuis des années aux premiers rôles ont fait plus ou moins défection, deux clubs méritent qu'on leur rende hommage : le C.A.Bizertin et l'A.S.Marsa, ils ont prouvé qu'on peut remettre en question une hiérarchie que l'histoire de ce dernier demi siècle a comme sacralisée. Il leur a manqué l'expérience que d'aucuns ont voulu appeler culture. Dans le cas de ces deux clubs, je préfère mettre la non réussite de ce qu'ils ont cherché durant toute la saison sur le compte d'un mental plus près de celui d'un outsider que d'un favori en puissance.
Il suffit se relire des déclarations, de se remémorer quelques menaces envers des institutions, des protestations gratuites de victimation pour conclure que certains responsables et même managers ont à la fin porté préjudice à leurs favoris plus que d'autres.
Un dernier constat : l'Espérance n'a pas gagné comme en boxe par un K.O comme elle le fit plusieurs fois. Cette année, elle a gagné aux points tout en exploitant le contexte, l'alliance objective quand elle s'est présentée à son avantage et jusqu'à une certaine psychologie en simulant tout à tour le doute dans ses potentialités pour démobiliser l'ardeur d'un adversaire. C'est dans ces cas qu'on peut parler de culture.