« Free Accordions », tel est le nom du trio qui s'est produit le samedi 20 octobre dernier sur la scène de la 19ème édition de l'Octobre musical avec le concours de l'Ambassade de la République de Pologne et l'Acropolium de Carthage. Piotr Tomala, Martyna Chojnaka et Mikolaj Stolarski sont les trois jeunes accordéonistes au talent incommensurable qui ont assuré un concert aux tonalités diversifiées à travers un programme dense et riche. Une richesse aussi bien technique qu'émotionnelle dont l'issu est une soirée des plus exquises... De noir vêtus trois artistes ont pris place sur la scène. L'instrument de prédilection était l'accordéon. Sobre dans la pénombre de la salle, l'accordéon ou plutôt les trois accordéons ont percé le silence pour près de deux heures au rythme des arrangements et de plusieurs pièces destinées à cet instrument à vent. Le programme était « féerique ». Nul doute que la suite « Ma mère l'oye » de Maurice Ravel en est l'essence avec ses différents mouvements comme « Pavane de la belle au bois dormant », « Petit Poucet » ou encore « le jardin féerique » (nom suggestif pour la soirée), mais c'est également les divers morceaux signé par seize compositeurs dont Pawel Baranek, Janusz Wojtarowicz, Gioachino Rossinii et Frantz Liszt et bien d'autres qui ont transporté les convives. Entre les tempos vivaces et les nuances lentes, entre les rythmes entrainants et ceux qu'une gravité empreinte de mélancolie transperce l'âme, le concert était un transport éloquent dans le pays de la magie musicale. Sous les doigts des artistes, c'est un univers aux résonances élégantes qui s'est installé le temps d'un concert.
L'histoire racontée est un conte tantôt joyeux tantôt nostalgique. Le ravissement était de mise dont l'apothéose fut « La Pavane » de Gabriel Fauré. Pièce interprétée d'une manière intimiste et émouvante qui traduisait le brio du jeu et le la rigueur dans l'exécution des compositions.
Sur la scène, les artistes semblaient transportés par la musique, leur jeu frénétique, leurs mimiques faisaient entrevoir la passion et l'amour de la grande musique.
A travers les accordéons, les trois musiciens se sont mus en magiciens. Dans leurs bagages, ils ont ramené des contes faits de notes et de rythmes, de prouesses techniques et surtout d'émotion dans une revisite personnelle d'un répertoire atavique. Le souffle des accordéons s'est suspendu comme si une promesse de retrouvailles prochaines a été formulée en catimini pour le bonheur des mélomanes...