Hamadi Jebali est en train de subir une forte pression pour l'amener à décréter ce remaniement ministériel que tout le monde attend, de manière plutôt désabusée et que l'opposition réclame ouvertement sans pour autant avancer des propositions ni manifester des prédispositions à assumer quelques portefeuilles. On sait que la pomme de discorde se situe au niveau des ministères de souveraineté, véritable baromètre de l'activité gouvernementale. De surcroît, le métabolisme institutionnel dépend étroitement de ces ministères et, particulièrement, de la Justice, qu'on taxe de clientélisme, de l'Intérieur, qu'on accuse de purge contre les cadres les plus compétents et, bien entendu, des Affaires étrangères, dont on impute les désorientations temporo-spatiales, au népotisme. Ce n'est pas faute d'essayer d'accorder les violons au sein d'un gouvernement issu de la Troïka et, donc, du verrouillage électoral et du diktat d'Ennahdha. Le chef du gouvernement est, par ailleurs, mis sous pression par le Président de la République qui, lui, en premier, exige – oui, il exige – un remaniement ministériel dans les règles comme le dicte la règle de la gouvernance : c'est comme en football, on ne change pas forcément l'équipe, mais, on remplace quelques uns par d'autres dans certains postes. Bien entendu, les uns et les autres porteront la même tenue. Et, c'est justement, à propos de la tenue, de la casaque, que surgissent les grandes dissensions. Hamadi Jebali, selon certaines indiscrétions, ne serait pas contre l'injection d'un sang nouveau au niveau de certains portefeuilles et il n'exige pas forcément qu'ils émanent de la Troïka. Mais, est-il disposé à céder sur autre chose que des portefeuilles périphériques ? Car, là, le mot d'ordre du « chef spirituel » ne se discute pas : pas de concessions sur les portefeuilles de souveraineté. En d'autres termes, « nous y sommes, nous y restons ». Quant à la mésentente Jebali-Laârayedh, maquillons-la pour qu'elle demeure une mésentente cordiale.