D'habitude, les films de Merzak Alouache recueillent bien plus que des satisfecit. Nous ne pensons pas que Le Repenti fasse date dans son répertoire à lui ni dans l'histoire du cinéma algérien. D'ailleurs, plus d'un parmi ceux qui ont vu le film pendant l'actuelle session des JCC s'interrogent encore sur le genre cinématographique dans lequel pourrait se ranger le dernier long-métrage de Alouache. Jeudi après midi, le public nombreux qui, à 16 h 30 sortait du Colisée, semblait très déçu ; à tout le moins il donnait l'impression d'être resté sur sa faim. Manifestement, Merzak Alouache ambitionnait de tourner un thriller politique. Le Repenti réussit en effet à susciter chez le spectateur plusieurs interrogations sur les desseins des personnages, sur leur identité, leurs secrets, leur passé, leur drames cachés etc. Mais cela met trop de temps pour s'éclaircir et la caméra s'appesantit sur des détails parfois trop secondaires par rapport à l'intrigue politico-policière qui se met en place. Cette lenteur gênante pouvait au moins s'accompagner de coups de théâtre ou d'émotions intenses susceptibles de temps à autre de relancer le suspense et de tenir le spectateur plus en haleine. Peut-être Le Repenti pèche-t-il par trop de linéarité.
Il est vrai que le jeu des acteurs frise parfois la perfection : le jeune terroriste est un prodige de duplicité quasi naturelle. Les parents de ce dernier sont d'une authenticité rarissime ; quant à Jamila, elle campe à merveille son rôle de femme ulcérée et meurtrie après la perte de sa fillette enlevée par les rebelles jihadistes. On sent parfaitement la crise de conscience qui s'installe dans son couple, et le poids du sentiment de culpabilité qui s'empare des deux conjoints lesquels avaient pactisé pour un temps avec le terrorisme islamiste. Néanmoins quelque chose manque à ces personnages, dans leurs gestes, dans leurs propos, dans leurs histoires respectives pour que l'on pénètre plus profondément dans leurs univers. A moins que Merzak Alouache n'ait cherché à traduire par cette sorte de platitude apparente des événements, la noirceur latente du projet de vengeance terroriste qui visait Jamila et son mari Lakhdar : pour le jeune « faux repenti », il fallait en effet endormir toute vigilance jusqu'à l'exécution du couple « traître ». Lakdhar et sa femme devaient payer pour s'être désolidarisés des rebelles. Le contexte algérien étant à la « concorde nationale », ces derniers choisissent de simuler la repentance pour continuer à régler leurs comptes avec les ennemis de leur cause. La leçon du film qui aurait pu s'intituler également « Les Dupes » serait la suivante : Il n'y a guère de pacte possible avec le terrorisme ; les crédules qui en signent un, le paient de leur vie ! Beau message, mais on ne peut pas en dire autant du support qui le transmet !