Algérie, région des hauts plateaux. Alors que des groupes d'irréductibles islamistes continuent à semer la terreur, Rachid, un jeune jihadiste, quitte la montagne et regagne son village. Selon la loi de «pardon et de concorde nationale», il doit se rendre à la police et restituer son arme. Il bénéficie alors d'une amnistie et devient «repenti». Mais la loi ne peut effacer les crimes pour Rachid qui s'engage dans un voyage sans issue où s'enchevêtrent la violence, le secret et la manipulation. Un film dur et sans concession mais qui s'étale en longueur. Vingt ans après Bab el Oued City (réalisé en 93), Merzak Allouache revient à la thématique de l'islamisme mais d'un point de vue nouveau. Dans Le repenti, il nous tisse une histoire dure et rude sur ceux qui ont rendu les armes et qui ont bénéficié de la loi sur la concorde civile. A travers le personnage de Rachid, un jeune jihadiste qui voulait reprendre une vie dite «normale». Mais peut-on vraiment effacer le sang des innocents et oublier les nombreuses victimes des années noires? C'est la question que pose Allouache et à laquelle il répond dans Le repenti. Avec ce film, Merzak Allouache signe une rupture avec un style et un genre de cinéma qui lui ont valu un franc succès commercial, Chouchou entre autres, mais le voilà qui revient à ses amours, une caméra portée, une image nerveuse et des plans-séquences. En somme, les ingrédients nécessaires à un certain cinéma militant. Ces personnages n'ont pas d'histoire particulière, ils sont la synthèse de la fraction qu'a vécue l'Algérie : les terroristes d'un côté et les familles des victimes de l'autre. Et il intente un procès à tout ce monde, aux bourreaux bien entendu, mais aussi à tous ceux qui ont eu le malheur de croire qu'il y avait une once d'humanité chez ces gens-là. Bien qu'il annonce son point de vue dès l'ouverture du film et nous laisse croire qu'il nous entraîne dans un processus de rédemption du jihadiste avec une scène émouvante de retrouvailles entre lui et ses vieux parents, Allouache brouille les pistes et ne divulgue aucun des secrets de ses personnages. Le repenti qu'il présente avec un visage angélique d'un jeune qui s'est fait manipulé, les parents d'une fille kidnappée et puis tuée, restent des personnages fermés, aucune confidence, aucun dialogue porteur d'indices. Ce n'est qu'au bout d'une heure et vers la fin du film, que les personnages se révèlent sous leur grand jour, ils s'affrontent, se déchirent et se meurent. Pour raconter son histoire, Allouache étire son film, il nous met face à ces situations stériles qui n'ajoutent rien à la trame. Le rythme est lent et les moments de flottement sont nombreux. Allouache, avec le repenti, crie haut et fort qu'il n'y a aucun pardon pour les tueurs d'innocents, mais son histoire aurait pu se raconter en un temps plus court. Et malgré la force de la séquence finale, le film s'essouffle bien avant.